Cнαpιтre 24 : Leѕ αмαɴтѕ ѕιleɴcιeυх ✔

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Mes regards unis aux siens par la tendresse et le plaisir, il n'est point d'ornements plus précieux que les chaînes de l'amour.

Françoise de Graffigny

Félicia 

J'aurais dû refuser ses plates excuses. Ce sont les mots qui se répètent dans ma tête quand je sors du bureau du Directeur, sans attendre un Stephen qui me hèle, collé à mes basques. 

Au lieu de me diriger vers le gymnase, je décide de prendre le couloir qui mène vers les escaliers, après avoir jeté un coup d'œil à ma montre, qui m'indique que le cours de sport aurait dû prendre sa fin il y a de cela cinq bonnes minutes.

Stephen ne me lâche pas d'une semelle, et ce même quand j'entreprends de monter les marches des escaliers.

Je me retourne vers lui, et réplique :

— Laisse-moi.

— Je veux juste parler. Il s'explique.

Je m'apprête à refuser, mais je vois dans ses yeux qu'il est sincère, je vois dans ses yeux que derrière ce jeune homme bien bâti, se trouve encore un jeune garçon. Alors je hoche doucement la tête.

— Après, tu veux ? je propose en tentant de paraître plus gentille.

— D'accord. Tu pourrais déjeuner avec nous, ma bande et moi, aujourd'hui, si tu veux.

Mais est ce que tout le monde fait partie d'une bande ici dans ce lycée ? Je ne savais pas que c'était le cas de tous les lycées, sachant que le lycée Einstein est en quelque sorte le premier que j'intègre de toute ma vie. A L.A j'avais des professeurs particuliers.

Pendant un instant, j'en veux à mes parents d'avoir voulu me préserver en me payant des cours à domicile, ils n'ont pas pensé que je risquais d'intégrer un lycée, un établissement dont je ne connais rien de tout, ils n'ont pas pensé que je pourrais me sentir exclue de cette foule d'adolescents normaux ?

Mais qu'est-ce que je dis ? Comment ont-ils pu envisager tout ça ? Le meurtre, mon déménagement, et bien d'autres choses... Ils prévoyaient de me couver, et ce, aussi longtemps qu'ils le pouvaient, ils avaient tort, maintenant, sans eux, je me sens perdue. Je suis venue à Paris, suivant les dernières volontés de ma mère, mais que faire après ? Je n'en ai aucune idée. C'était pas mon boulot à moi de réfléchir, je ne faisais que suivre, j'ai toujours été passive, d'autres me définiront comme étant un enfant gâté, c'est peut-être vrai, peut-être pas, je ne sais moi-même pas comment me définir, sinon comme étant une personne dépendante de ses parents.

— Je ne sais pas, je verrai. Je grommelle en évitant de croiser son regard, bon, je dois filer, j'ai cours de maths après EPS, j'explique au brun qui fronce les sourcils.

Il finit par hocher la tête, et je pivote ensuite, puis entreprends de monter les marches.

Les mots de Stephen se répètent dans ma tête, « Et cette bande de populaire avec qui tu traînes ? », il a raison. Qu'est-ce que je fais avec eux ? Et la question la plus importante est : « Comment vais-je faire pour me défaire de leur compagnie ? », sans problème, sans que ça parvienne aux oreilles des autres élèves. Je monte les marches d'un pas rapide, avec un peu de chance, je serai à la classe avant la bande du trio populaire.

— Evite de froncer les sourcils, tu auras des rides plus tard. Lance une voix quand je mets les pieds au deuxième étage.

Je tourne la tête, surprise. Mon regard se pose sur la jeune fille aux lunettes assise sur la première marche des escaliers menant au troisième étage.

Ride up BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant