Perchée sur une branche élevée de l'arbre, j'avais une vue plongeante sur le cerf déformé par les radiations qui mangeait sans savoir ce qui allait lui arriver. Il était calme et ne se doutait de rien, bien trop concentré sur son repas. Bien armée, je m'étirai doucement pour porter le coup fatal sans l'alarmer quand une flèche passa sous mes yeux et toucha la bête en plein cœur. Je grognai de mécontentement en sautant de mon perchoir. Je rejoignis l'animal pour abréger ses souffrances ; la première attaque ne l'avait pas tué. Je grognais de mécontentement en finissant le travail. Qui avait osé me piquer ma proie ? Je scrutai les buissons lorsqu'une forme beaucoup trop familière se montra. Je croisai mes bras sous ma poitrine en attendant des excuses.
« Qu'est ce que tu regardes ? questionna John Murphy avec un sourire en coin
-Toi. J'attends tes excuses pour avoir piquer MA proie. crachai-je rancunière.
-T'es trop lente, fallait bien que je fasse quelque chose sinon elle allait s'en aller ! se défendit-il.
-T'avais qu'à te trouver un autre animal tout seul au lieu de me suivre en attendant que je fasse tout le boulot pour me piquer la gloire !
-T'as qu'à dire que c'est toi qui l'a tué s'il n'y a que ça ! »
Je haussai un sourcil ; ce n'était pas dans ses habitudes de capituler aussi rapidement. Je ne m'en formalisai pas et affichai un sourire vainqueur. Je sifflai pour signaler à ceux de mon groupe que j'avais attrapé une proie et ils vinrent jusqu'à nous pour aider à la porter. Ils se mirent à trois pour réussir à la porter et on se dirigea vers le campement. Je restais en arrière car je n'aimais pas trop participer aux conversations et j'en profitais pour jouer avec mon arc. Je lançai une énième flèche en plein dans l'arbre en face de moi lorsque je sentis un regard dans mon dos. Je tournai la tête et aperçu John qui m'observait de là où il était. J'aurais très bien pu l'ignorer comme je le faisais avec tout le monde mais nos petites disputes me plaisaient alors je ne pu m'empêcher de lui lancer une pique.
« Tu essayes d'apprendre à tirer comme il faut en m'observant ? ricanai-je.
-C'est sûrement pas toi qui vas m'apprendre quelque chose, répondit-il du tac au tac.
-Alors pourquoi tu me regardes ? Tu admires ma beauté ?
-Exactement. »
J'ouvrai de grands yeux en entendant sa réponse sincère. Qu'est ce qu'il clochait chez lui ? Habituellement il m'aurait tout de suite répondu quelque chose de tranchant et là, rien. Cela me frustrai quelque peu et je fronçai les sourcils.
« C'est de l'ironie ?
-Absolument pas... Pourquoi il n'y a que à moi que tu lances des piques comme ça ?
-Bonne question, parce qu'il n'y à que toi qui m'énerve peut-être.
-Mais oui, sourit-il. Je te vois Moon quand tu me regardes de loin tu sais et puis j'en ai parlé à des potes qui disent que tu fais ça depuis longtemps...
-Et alors ? Toi aussi tu le fais tout le temps ! »
Énervée d'avoir été percée à jour je ramassai ma flèche et commençai à marcher plus vite pour arriver au camp avant les autres. Non mais qu'est ce qui lui prenait ? Je le regardais si j'en avait envie, en quoi ça pose un problème ? Je ruminai seule sur ma couchette lorsque quelqu'un vint troubler les draps de la tente pour m'avertir qu'on mangeait. Je m'assis au bord du feu après avoir pris ma part de viande (plus grosse que les autres pour l'avoir chassé) et je me forçai à ne pas regarder John alors que lui ne s'en privait pas. Je mangeais rapidement et m'en alla dans un coin isolé pour profiter du calme. Des bruissements me firent comprendre que quelqu'un m'avait suivie.
« Casse-toi, soupirai-je. »
Il m'ignora et s'assit à côté de moi.
« Arrête de faire comme si tu ne m'aimais pas, sourit John.
-Et toi arrête de te croire en plein rêve. »
Il tira sur mon t shirt pour me rapprocher de lui. Ses lèvres frôlaient les miennes et ses yeux étaient encrés dans les miens.
« Je sais que tu en as envie aussi... »
Je déglutis devant ce rapprochement soudain mais me repris vite et entrai dans son jeu.
« J'ai envie de plus que ça... »
Je posai mes mains sur son torse et remontai lentement. Ce fut à son tour de déglutir. Je retins un sourire et l'embrassa doucement pour qu'il se détende et lâche mon haut avant de le pousser pour qu'il tombe en arrière.
« Abruti, ris-je. »
