Chapitre 1

416 20 15
                                    

– Je vous présente Michael Jackson.

Cet homme présenté par mon patron était assis sur le bureau, bras croisés et sourire faux aux lèvres. Je le lui rendis, aussi peu sincère soit-il.

– Bon, bah, je vous laisse faire connaissance.

Il quitta les lieux, me laissant seule avec mon nouveau collègue. J'accrochai mon long manteau marron sur le porte-manteau, ainsi que ma sacoche en cuir marron, avant de soupirer un bon coup en me retournant, pour jeter mon regard sur lui.

– Maria Magdona, me présentai-je, en tendant ma main.

– Michael Jackson, répondit-il en retour, impassible. Mais tu le sais déjà. Enfin bref.

J'hochai la tête. Il n'avait pas l'air très sociable, à premier abord.

– Bon, dans l'milieu, on m'appelle "l'inspecteur Mike", mais je suppose que c'est ridicule, plaisanta le brun aux cheveux bouclés, en s'efforçant de rire.

Je savais distinguer une fausse émotion d'une vraie, mes anciens cours de micro-expressions ne pouvaient me tromper. J'en eus la preuve quand son faux sourire s'effaça bien vite, pour rajouter plus sérieusement :

– J'plaisante, personne ne m'appelle comme ça. Et encore heureux. Si "Michael Jackson" est trop long pour toi, appelle-moi simplement MJ, m'expliqua-t-il fermement.

J'acquiesçai non sans lever les yeux en l'air et hausser les sourcils, avant de me poser sur une chaise.

– Bon, voici les dossiers, annonça-t-il en ouvrant un tiroir de son bureau. Le criminel le plus récent date d'il y a deux jours. Il est pour l'instant enfermé en attendant sa condamnation.

Il me tendit des feuilles qui répertoriaient son histoire.

– Il s'appelle John Pakav, il a tué sa femme et son enfant, en pleine nuit. Puis, il a tenté de se suicider, mais les voisins qui ont entendu les cris avaient appelé la police à temps.

Je consultai les fiches, et lis qu'enfant, il vivait dans un appartement de quarante mètres carrés partagé avec sa mère et ses deux frères. Il ne voyait jamais son père qui avait divorcé.

– On pourra avoir trois séances avec lui, avant d'aller au tribunal.

– Très bien, on fera comme ça.

Il me sourit, cette fois-ci réellement, pour changer. J'en fis de même, avant de me relever de la chaise.

On descendit les marches, côte à côte, jusqu'à la cafétéria où des policiers, des gendarmes, lieutenants, et agents étaient installés, buvant leur café ou leur repas.

– Tu souhaites quelque chose ? me demanda-t-il après avoir serré la poigne d'un des policiers présents.

– Hum, si t'insistes tant, je dirais, un sandwich.

Il hocha la tête puis se dirigea vers la restauration pour en prendre deux, ainsi que des bananes et des bouteilles d'eau.

– Tu travaillais où avant ? me demanda-t-il en se posant face à moi.

– À New-York, mais mon patron m'a localisée ici, expliquai-je en ouvrant l'emballage.

Il acquiesça et but une gorgée de sa bouteille d'eau, à l'écoute.

– J'espère que je serai utile, souris-je, gênée.

– Parait-il que tu es une bonne criminologue, répliqua-t-il en haussant les épaules. Alors ça devrait aller.

Je ris nerveusement, ne sachant quoi dire d'autre pour éterniser la conversation. Mais à présent, on mangea silencieusement, sans se regarder ni se parler.

– Hum, du coup, les dates sont déjà prévues pour l'entretien avec le criminel ? tentai-je de trouver un sujet de conversation.

Il arrêta un instant son action qu'était de manger pour relever les yeux vers moi, pensifs.

– Non, on les aura lundi matin, je crois.

La discussion avait pris fin avec l'arrivée d'un agent, qui s'installa à droite de Michael. Il avait des cheveux bruns en pagaille, et des yeux marrons clairs.

– Alors Mike, comment ça va aujourd'hui ?

– Super, enfin je crois, répondit MJ en croquant dans son sandwich.

Il reçut un coup de poing amical sur son épaule, et la table était à présent remplie de monde aux conversations différentes.

Je me levai sans que personne ne le remarque, pour m'enfermer dans mon bureau, enfin notre bureau, et travailler sur des dossiers.

Plusieurs minutes plus tard, je fus rejointe par Michael qui avait encore le sourire aux lèvres.

– Bah alors, t'es partie sans prévenir... ?

– Je ne connaissais personne, j'ai simplement voulu vous laisser entre amis, dis-je neutre, en fixant les feuilles que je tenais.

Je remontai mes lunettes noires qui avaient glissé sur mon nez, avant de tourner la feuille.

Pour sûr, Cet homme avait tué sa famille proche dû à son passé troublant...

– T'inquiète, t'apprendras à les connaître, ils sont tous sympas, m'affirma-t-il en s'asseyant sur le bureau, le regard dans le vide.

– Cool.

Si je réussis à lui poser les bonnes questions, je pourrai peut-être lui épargner la peine de mort.

– Hououh, tu m'écoutes quand j'te parle ?

– Hum...? Je relevai la tête vers lui qui me fixait, les sourcils froncés.

– On est vendredi, on ne travaille pas cet après-midi, donc tu peux y aller, gloussa-t-il.

– Oh, euh, je finis ma lecture, je pars dans cinq minutes, affirmai-je, concentré.

MJ se leva du bureau pour enfiler son manteau, et prendre ses clés de voiture.

– Comme tu veux, haussa-t-il les épaules, tu fermeras le bureau.

Affalée sur le canapé, je regardais un bon film depuis déjà une heure. Il était dix-neuf heures, et je devais me préparer un petit repas pour combler mon ventre.

Je mis des frites surgelées dans le four, mais je remarquai qu'il me manquait de la mayonnaise, chose inconcevable. Je ne pouvais pas déguster des frites sans sauce !

Alors, je mis mon manteau pour aller au supermarché du coin. À l'intérieur, j'en profitai pour prendre en plus une bouteille de coca-cola.

– 5,99 dollars s'il vous plait.

Je sortis un billet de ma poche, et le vendeur rendit ma monnaie. En sortant, je me précipitais vers chez moi quand j'entendis un coup de fusil, suivi d'une voix grave prononçant :

– Où est ce connard de Leach ! Si je te retrouve, je te tue !

Alors, automatiquement, sans comprendre, j'accourus le plus rapidement possible, mais deux mains me tira dans la petite ruelle perpendiculaire.

Je fis face à un homme que je ne pus apercevoir dû à la nuit, et il me fit signe de me taire, avant de chuchoter :

– Venez.

Je ne pouvais faire autrement que suivre cet inconnu, même si cela aurait pu me coûter la vie. J'étais perdue dans les deux cas, pour une simple sauce...

On atterrit dans une petite cabane, où il m'y enferma à l'intérieur. Il alluma la lumière, et je distinguai alors sa peau blanche ou ses yeux verts perçants, ainsi que des bouclettes noires qui tombaient sur ses épaules.

– Pourquoi m'avez-vous emmenée ici ? paniquai-je.

– Je vous ai sauvé la vie, répondit-il simplement en se dirigeant vers sa cuisine.

– Me sauver la vie ? répétai-je, dans l'incompréhension.

– Bien sûr, sans moi, vous seriez déjà morte, un fou furieux avait un flingue.

– Et qui êtes-vous ?

– Je suis Leach.

6h57 [TERMINÉE]Where stories live. Discover now