6h57 [TERMINÉE]

Chapitre 10

Nous avons une nouvelle fois atterri dans sa petite enseigne, là où quelques travailleurs étaient.

À peine Leach avait mis les pieds à l'intérieur qu'une personne accourut vers lui, paniquée.

- Du coup on a envoyé la...

Il s'arrêta nettement en m'apercevant, jusqu'à ce que le patron lui ordonne de continuer.

- marchandise, et on a reçu l'argent. Mais on a une autre demande, et on n'a pas ce qu'il faut.

Je ne comprenais rien à leur charabia, même si je tentais d'y ressortir quelque chose de convenable.

- Mais t'envoies quelques personnes pour... Enfin tu sais, se censura-t-il en faisant de gros yeux à son collègue.

- T'es sûr ? Ils sont très prudents en ce moment...

- Ouais mais t'es obligé... Dépêche-toi, s'énerva-t-il.

L'autre partit en pressant sa marche, et Leach posa son bras autour de ma taille puis se remit à marcher.

- C'est dur d'être chef !

Je plissai les yeux et hochai la tête même si intérieurement, j'étais énervée qu'il ne me dise toujours rien.

- Bon tu m'dis ?! parlai-je fort, agacée.

- J'ai changé d'avis. J'ai plus envie.

- C'est une blague ?! Ramène-moi chez moi alors !

- Non, répondit-il simplement. Je t'y emmène pour 6h57, te souviens-tu ?

Il avait à nouveau ce regard sombre et dur qui m'effrayait comme au début. Alors, je ne protestai pas pour ne pas le mettre davantage en colère... S'il l'était réellement.

- Viens bébé.

Comment osait-il m'appeler ainsi ? Nous n'étions pas en couple, et ça m'irritait plutôt qu'autre chose. Mais je le suivis de mon plein gré, et il m'emmena derrière le bâtiment, menant à une fôret.

- Je ne veux juste pas t'en parler parce que ça ferait de moi quelqu'un de mauvais à tes yeux.

Il me disait cela comme si je le percevais comme une personne sainte... Il était déjà mauvais à mes yeux, et c'est pas pour autant que mon foutu cœur se décidait à lui mettre des stops.

Je n'avais pas remarqué plus tôt mais il s'était arrêté pour me faire face, et posa sa main sur ma joue afin de la caresser délicatement.

- T'es mignonne, me souffla-t-il.

Je ne savais quoi dire, je n'étais pas vraiment douée dans ce genre de moment intime.

Il continua sa marche, s'enfonçant dans la forêt que je reconnus directement. Nous n'étions pas très loin de sa cabane, et par la même occasion, nous étions à quinze minutes en voiture de chez moi.

- Pourquoi as-tu tué cet homme, l'autre fois ? demandai-je une fois devant chez lui.

- Tu te rappelles de ça ? Ta mémoire est bonne, s'amusa-t-il.

L'évènement s'était passé il y a à peine dix jours, et il s'étonnait de cela ? D'autant plus que c'était une chose qui me marquera à coup sûr à vie.

- C'est un meurtre que j'ai vu. Il est donc normal que je m'en rappelle...

- Oh oui... Je l'ai tué, certes, mais c'était de la légitime défense.

Si cet homme était autrefois furieux, ça n'était pas pour rien. Et d'ailleurs, où était le corps ? Enterré ?

On retourna dans le lieu de ses affaires quand la sonnette retentit subitement. Leach me prit donc brusquement pour m'emmener rapidement je-ne-sais-où.

Plus on courait, plus l'alerte vibrait dans mon corps. Une troupe descendit, armes en main, et Leach en prit une dans cet endroit.

Mon coeur accéléra d'un coup puisque ça signifiait qu'il y aurait des morts, et qu'il était encore une fois prêt à tuer de sang froid. Ce n'était donc pas exceptionnel l'autre jour... C'était un tueur qui en avait l'habitude.

Je tombai de haut.

- Reste là, chuchota-t-il.

Il me laissa seule, et plusieurs coups de flingues après, le silence reprit place, et Leach revint me voir.

Il sortit son téléphone de sa poche, et tapa frénétiquement sur le clavier avant de le plaquer contre son oreille.

- Bah voilà, t'as ce qu'il faut maintenant.