J'enjambe Arthur sur le sol PARTIE 1

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Après avoir traversé quelques quartiers d'Paris pour arriver d'vant mon immeuble, j'avais déjà la boule au ventre et cette putain d'bille au fond d'la gorge. J'avais tapé le code à la grande porte mais ça s'ouvrait pas. J'avais alors dû appeler à l'interphone. Pas question d'appeler Arth à l'appart, j'avais assez l'air pathétique comme ça...

– Allô?

– Oui, bonsoir monsieur Foudg, c'est votre voisin du dessus.

– Bonsoir? Je dirais plutôt bonne nuit, t'as vu l'heure mon garçon...?

– Oui... Vous pouvez m'ouvrir, j'ai pas mes clés.

– Tu es qui déjà?

– Votre voisin du d'ssus.

– Martin?

– Non... Il a déménagé y'a un moment m'ssieur... Vous savez, J'suis Corvus...

– Désolé ça ne me dit rien.

– Mais si... J'habite avec mon copain, j'suis celui qui avait shooté dans votre poubelle la semaine dernière...

– Mais oui! T'es le petit pédé qui fait que de jeter des bouteilles de bière par la fenêtre...

– J'ai fait ça?... Bon, on s'en fout, vous pouvez m'ouvrir s'vous plait?


Arrivé d'vant la porte de l'appartement j'avais pas mes clés, j'sonnais mais ça répondait pas. Arthur devait s'douter que c'était moi, et ça m'étonnait pas que c'petit con voulait pas m'ouvrir, même moi j'aimerais pas m'affronter...

Après avoir gueulé pendant quelques minutes, j'avais pensé à essayer d'ouvrir cette p'tain de porte. J'm'étais rappelé qu'Arthur la fermait jamais.

J'courai dans les pièce à la recherche d'Arth.

Il était pas dans l'salon.

Ni dans la cuisine.

Ni dans la salle de bain.

Arrivé dans l'couloir en r'sortant des wc, j'commençais à paniquer. Et s'il était parti? Et s'il m'aimait plus? Et s'il avait rejoint c'connard de Dracula? J'avais la respiration saccadée et mon sang battait fort dans mes tempes, mes mains tremblaient et mes jambes flageolaient. Ma tête me tournait au fur et à mesure que j'avançais vers la chambre. S'il n'est pas dans cette pièce, alors mes soupçons se confirmeraient: il était parti définitivement.

Qu'est-ce qui aurait été pire que le départ d'Arthur ? Qu'il n'aime pas StarTrek ? Qu'il demande un caniche ? Sa mort ? Qu'il soit hétéro ?!

Mais une fois debout sur le pas d'la porte, le scénario fut bien pire...

Arth était affalé au sol, les yeux clos et la bouche entre-ouverte, en bavant. Je m'souviens avoir eu un hoquet de stupeur et un mouvement de recul. J'étais pris par la peur et il m'avait fallu quelques minutes pour enfin réagir. J'm'étais précipité au sol pour écouter son pouls et m'assurer qu'il respirait encore. C'était l'cas. C'était l'cas et pourtant j'avais beau hurler son nom de toutes mes forces, il répondait pas. J'm'aggripais à lui en sentant les larmes noyer mes joues, et la peine briser mon cœur, une nouvelle fois.

J'avais déjà perdu Maman, j'pouvais pas perdre encore quelqu'un qu'j'aime. Si j'venais d'me promettre de vivre pour lui, c'est pas pour qu'il crève. Surtout pas après tout ça putain...

J'm'étais l'vé, l'impression qu'un feu d'artifice explosait en moi puis qu'les cendres brûlaient tout une fois r'tombées, les pleurs qui brûlaient les yeux, et c'putain d'vertige qui m'donnait l'impression de m'tenir au dessus du vide...

J'enjambais Arth sur le sol puis j'ouvrais la fenêtre. J'savais pas quoi faire, une telle responsabilité confiée a un gamin qu'est même pas capable de faire son lit l'matin c'était trop pour moi, il m'fallait d'l'aide.

- S'vous plait, y'a quelqu'un? qu'j'avais gueulé aux voisins.

- Qu'est-ce que tu veux petit?

- Faut faire quoi quand quelqu'un a l'air de crever?

- Appelle les pompiers, le samu, j'en sais rien mais fais pas chier a ct'heure-ci bordel de merde.

- Merci m'dame!

Les camions chantaient pour Arth en prévenant d'leur arrivée, avec leur voix d'sirène, quand on les entendait, on savait qu'la mort approchait. Avec leurs uniformes, les gens du samu avaient tambouriné sur la porte avant d'comprendre qu'elle était même pas fermée et d'entrer alors que c'est même pas chez eux. Mais après j'comprend, c'est leur boulot...

Être samu, pompier, policier ou même gendarme ça doit pas être facile tous les jours... Oui, tu peux mettre ta sirène pour pas te taper les bouchons et doubler les gens à la caisse du supermarché, mais t'as des vies entre tes mains, tu vois mourir des gens et pleurer d'autres, la mort qui sépare les familles. Y'a d'quoi faire des insomnies avec tout c'merdier. Pourtant y'a tellement d'gamins qui rêvent de faire ces métiers...





Lorsqu'on est enfant, nos rêves deviennent des cauchemars pour les grands.

CorvusDonde viven las historias. Descúbrelo ahora