The Duke city

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Coudes sur les genoux, assis sur la pelouse qui surplombait l'amphithéâtre d'Isleta, Dean observait de loin le ballet des techniciens. Demain soir, ils se produiraient sur cette scène et ce serait là, une première pour eux.

Albuquer que n'avait jamais fait partie de leur feuille de route, le Nouveau Mexique se limitant à chaque fois aux villes de Santa Fe ou de Roswell. Mais vu le succès de leur dernier album, Gabriel avait décidé de quelque peu changer la donne en visant plus de grandes agglomérations et villes du pays.

Dean avait accepté ce challenge à la condition de garder sur la tournée quelques petites villes de province.

Il avait besoin de se retrouver parfois juste devant un parterre de quelques centaines de personnes.C'était plus intime et surtout cela lui permettait de relativiser les choses.

C'était quelque chose que Gabriel appréciait chez le chanteur et une des raisons qui faisait que le groupe le suivait peu importe ses choix.

Il tenait à ce que ceux-ci le lui rappellent quand il oubliait d'où il venait, ou par quoi il était passé.

Ne jamais mettre dans l'ombre ses années de galère où il se produisait dans de petits cafés concerts ou sur des petites scènes underground.

Ce public-là fut son premier et lui était encore fidèle aujourd'hui. Il n'était pas rare qu'il reconnaisse dans la foule un de ces regards d'hier. Il ne manquait jamais alors de lui adresser ne fut-ce qu'un sourire ou un mot personnel, manière pour lui de le remercier d'être encore là après toutes ses années et ce malgré la gloire qui avait propulsé le groupe au sommet des charts.

Dean, même si il se perdait souvent, se raccrochait à ces visages. Ils étaient le miroir de ce qu'il fut.

Il soupira en baissant la tête, jouant avec l'herbe tendre entre ses doigts. Il regrettait parfois ce temps de l'innocence, ces fous-rires entre deux pannes de camion et ces représentations devant une dizaine d'ivrognes qui reprenait en chœur et en cacophonie surtout, le refrain de leurs ballades.

Il cultivait un doux rêve, celui d'un jour, à nouveau partir sur les routes dans ce mini-Van tout déglingué qui était le leur à l'époque. S'arrêter dans des petits villages et chanter sur les places publiques, dans des fêtes locales ou dans des bars lugubres.

Etre payé d'un repas ou d'un lit pour la nuit, retrouver l'essence même de ce qu'était sa musique,un contact humain, presque au corps à corps.


Une ombre entra dans son champ de vision, il releva la tête tout en faisant pare-solaire de sa main.

" Hello Dean".

" Hey Cass" en lui souriant.

" Je ne te dérange pas?"mains dans les poches arrière de son jean.

" Du tout" plissant les yeux.

" Nous allons faire un tour dans la Old Town, j'aimerais montrer à Krissy l'influence et l'apport du mélange des cultures anglo-saxonnes et hispaniques ainsi que celle des amérindiens sur l'architecture et l'histoire de la ville. Je me suis dit que tu serais éventuellement intéressé et que tu aimerais peut-être nous accompagner. Ash sera là"lança-t-il comme un dernier argument, craignant que son ton trop professoral ne l'ait rebuté.

Dean le regarda un long moment.Castiel semblait si troublé que ça le rendit touchant de maladresse. Il savait que là étaient les résultantes de la veille quand Gabriel avait distribué les clefs et qu'il avait choisi la chambre à côté de Krissy à deux portes de celle du chanteur qui en était resté coi.

Les affres de la gloireDonde viven las historias. Descúbrelo ahora