Chapitre 4

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— Monsieur est-ce que je peux aller boire ?

— Dépêchez-vous !

Suite à l'approbation du prof, je sortis rapidement de la salle et courus m'enfermer dans les toilettes.

À peine avais-je fermé la porte que je vomis. La tête me tournait et je dus m'asseoir pour ne pas tourner de l'œil. Je tirai l'eau mais ne sortis pas pour autant.

Je relevai le bas de mon sweat-shirt et constatai qu'un nouveau bleu commençait à se former au niveau de mon estomac. Ce gars avait vraiment tiré fort ! Je repris ma respiration normale et je sentis le sommeil me porter, la tête appuyée contre la paroi.

— Marc ? Qu'est-ce que tu fous ?

La voix inquiète de Sylvain me parvint et je soupirai de frustration. Ne pouvait-il pas me laisser tranquille ?

J'ouvris la porte et je sus en voyant son regard qu'il s'apprêtait à me traîner à l'infirmerie. Je le stoppai d'un geste de la paume.

— Je vais bien.

— Tu te fiches de moi là ? Marc tu ressembles à un cadavre tellement tu es pâle !

— Je le prends comme un compliment.

Sylvain me fusilla du regard et saisit mon bras d'un geste brusque. Je grimaçai alors qu'il resserrait sa prise.

— Lâche-moi ! m'écriai-je.

— Dis-moi ce qui se passe !

— Mais rien enfin !

Sylvain me relâcha mais continue de me fusiller du regard. J'étais terriblement mal à l'aise, j'avais l'impression qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Finalement, il me lança :

— On devrait y retourner non ?

— On n'a pas trop le choix

Je regarda Sylvain sortir la tête haute du vestiaire. Je savais qu'il essayait de m'aider mais je ne pouvais pas me résoudre à accepter, ça ne ferait que compliquer les choses.

***

Les lettres dansaient devant mes yeux. Contrairement à d'habitude, je n'arrivais pas à comprendre ce texte, sa signification restait un mystère. J'étais fatigué et mon corps me faisait souffrir, c'était comme si j'étais tombé dans les escaliers.

J'entendis l'enseignante, Mme Dranverre, rassembler des feuilles, pourtant je ne levai pas la tête pour voir ce qu'elle faisait mais restais concentrer sur les questions de bas de page. J'essayais d'y répondre mais je n'y arrivais pas, son sens restait incompréhensible.

— Bien, je vais vous rendre le TE de vocabulaire que vous avez fait la semaine dernière. Je dois avouer que je suis très surprise par certains de vos résultats.

Le TE de...oh pas possible, j'avais complètement oublié cette histoire. Je savais d'avance que ma note ne serait pas à la hauteur, je n'avais pas révisé. Je ne savais même pas qu'il y avait un test ce jour-là.

Toujours penché sur mon livre, je réussis à glisser mon agenda dans mon sac. Je ne la noterais pas à l'intérieur, car Franc, à défaut d'être un alcoolique violent, vérifiait toujours l'agenda d'Alex et depuis peu, le mien.

Si j'avais le malheur d'avoir une mauvaise note, je ne donnais pas cher de ma peau. Une gifle suffisait à me remettre dans le droit chemin.

Mme Dranverre s'approcha de notre table. Le bruit de ses talons sonnait creux à mon oreille et j'appréhendais le moment où elle allait rendre nos copies.

— M.Marc, c'était une surprise. Vous qui d'habitude avez de très bonnes notes...

Elle ne s'attarda pas plus et passa à la table derrière nous. J'osai enfin jeter un coup à ma copier, et le désespoir m'envahit. J'écopais d'un 2/20. Oh merde, je ne pensais pas que c'était aussi bas.

Si Franc apprenait que j'ai eu un 2, j'étais un homme mort...

***

Je fus le dernier à sortir de la classe, même Mme Dranverre était partie lorsque je me rendis aux casiers. Je fourrai mes affaires à l'intérieur sans me soucier des problèmes que j'aurais demain pour les récupérer.

— Marc ?

J'entendis que l'on m'interpellait et je me retournai. Je constatai que ce n'était que Soraya qui se tenait là, les mains croisées devant et plus belle que jamais. Je fermai mon casier et lançai un bref :

— Bonne fin d'après-midi.

— Tu ne viens pas ?

— Venir où ?

— J'organise une fête pour mon arrivée ici, je l'ai annoncé à la fin du cours d'allemand.

Vraiment ? Je n'avais pas entendu, ou alors n'avais-je pas écouté ? Aucune idée, mais je ne pouvais m'y rendre. Je n'avais qu'une envie : dormir.

— Désolée, j'ai déjà quelque chose de prévu...

C'était totalement faux.

— ...peut-être une prochaine fois.

— Tu fais quelque chose demain ?

— Oui.

Deuxième mensonge en moins d'une minute. Pourquoi n'acceptais-je pas son offre ? Sûrement parce que je ne voulais pas m'imposer.

— C'est dommage, j'aurais bien aimé faire quelque chose avec toi, dit-elle d'un air triste.

— Désolé, peut-être la semaine prochaine !

Je la saluai de la main et sortis du bahut. Si je traînais trop, Franc allait se demander où j'étais passé et ça ne ferait qu'aggraver mon cas. Et comme c'était moi qui cuisinais, il valait mieux que je sois à l'heure.

DéséquilibreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant