XVII.

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Mon frère et son compagnon étaient revenus de leurs noces. Ritsuki était plus heureux que jamais et avait pu retrouver sa fille qu'il aimait tant. J'avais assisté à leurs retrouvailles et cela avait été émouvant. Et si l’Alpha suprême semblait masquer ses émotions, il était ravi de revoir Ririna. Un geste tendre mais discret suffît à m’en convaincre. Ils étaient les parents dont elle avait besoin mais cette petite allait me manquait malgré tout.

- Merci infiniment pour avoir veillé sur Ririna !
- N-Ne me remercie pas, Ritsuki…

Aerin s’approcha de moi tout en portant sa fille d'un bras.

- Tu as ma reconnaissance, Abell. Si nous pouvons faire quelque chose pour toi, n’hésite pas à venir nous voir. Nous serions ravis de pouvoir t'aider.

Aerin n’était plus ce prince sombre et sans cœur. En réalité, il ne l’avait jamais été mais il avait plus d’une fois montrer une image de immature et violente. À présent, il était beaucoup plus réfléchi et humble. Ses remerciements étaient sincères et j’avais été ravi d’être mère pendant quelques jours. Finalement, je m’étais attaché à cette petite et j’étais presque triste de la remettre à mon frère. Mais je savais ce que je voulais. En tant que Bêta, je pouvais décider de ma position dans un couple. Si je tombais amoureux d'un Oméga, alors devrais prendre les initiatives. Mais si nous allions plus loin avec Bel, alors c’était son rôle. Je n'avais pas peur de tomber enceint et de porter un enfant. À présent, je le savais et c’était ce que je voulais.

- Merci de prendre soin de Ritsuki et Ririna, Aerin.

L’Alpha ne me répondit pas de vive voix dans l’immédiat. Il se contenta de fermer les yeux et de sourire avant d'hocher la tête pour me remercier de mes mots. Et si j’avais lié un certain lien avec Ririna, je n’avais pas revu Bel depuis des jours. Il avait été vexé par et en y réfléchissant, c’était maladroit de ma part. Il faisait toujours le premier pas vers moi, mais à nouveau, j'en avais fait un en arrière. Et il dut croire que je ne lui faisais pas confiance.

Mais j’étais perdu à cause de mes sentiments. C’était nouveau pour moi et ne savais comment regarder Bel dans les yeux sans paraître ridicule.
J’ignorais comment lui parler mais c’était à mon tour de lui montrer un signe en échange de tous ses efforts. Bel était différent des Alphas que je pouvais croiser à la Taverne de Mins. Il était humble, respectueux et discret. Il ne m’avait jamais forcé à quoique ce soit et je me rendais compte de la chance que j’avais de l’avoir à mes cotés. Je devais lui avouer mon amour.

Mais il devait me détester. Ritsuki remarqua alors mon trouble et me demanda comment j’allais. Évidemment, je mentis en inventant une excuse qui ne passa pas auprès d'Aerin. Mais ce dernier ne la souleva pas par respect. Je ne voulais pas les mêler à notre histoire. Nous étions deux adultes et capables de discuter pour arranger les choses. Mais je l’avais blessé.

Que je sois Bêta le perturba. Je n’étais pas comme tous ses partenaires, un Oméga. J’étais différent. Et tous les deux ne savions pas nous y prendre. Bel avait de l'expérience et beaucoup de relation mais ma nature l’avais pris au dépourvu. Quant à moi, j’étais timide et en retrait. Je n’aimais pas me mélanger aux autres mais nos différences nous complétaient. Bel attendait quelque chose de ma part mais notre manque de communication nous empêcha de dialoguer correctement.

- Je vais y aller, leur dis-je.

Puis, je les saluais en repartant. Je fis la route sur mon cheval jusqu’à chez moi. Le retour me permit de faire le vide et de penser à autre chose.
J’étais bien entouré par la nature. J'avais toujours vécu ici et m’étais habitué aux animaux de la forêt. Mais je repensais quand même à la proposition de Bel. Cet endroit m’était cher mais je ne pouvais pas nier que ces mots m’avaient fait de l'effet.

- Hein ?

Devant chez moi, j’aperçus une fine silhouette. Je n’avais que très peu de visiteurs et cela n’allait pas plus loin que Bel et Ritsuki. Alors avec méfiance, je descendis de ma monture et m’approchais en prenant soin de me mettre sur la pointe des pieds pour rester le plus discret possible. Dans mon dos, je tenais un poignard que je portais toujours sur moi et avançais doucement vers l’intrus, prêt à l’attaquer.

Puis, un craquement provenant du sol trahit ma présence et la silhouette daigna se retourner pour rencontrer mon regard. Quand cette personne tenta tout mouvement, je réussis à la plaquer contre la porte d’entrée avant de réaliser qu'il s'agisse de Maryline.

- M-Maryline ?

Elle trembla en voyant la lame tout près de sa gorge mais très vite, je rangeai cet objet dans son étui pour la rassurer.

- Pardon mais tu m’as fait peur, Maryline.

Mais j’étais content que les choses se terminent bien. Je ne connaissais pas vraiment cette jeune fille mais elle était pleine de mystère et de naïveté. Elle était également sincère dans l'amour qu’elle me portait, mais ne pouvait y répondre.

Pour me faire pardonner, je l’invitais à le suivre à l’intérieur et la laissa s'installer chez moi. Elle regarda la salle et du constater l’état  très déplorable des lieux. Si Arthur était mon oncle, je ne désirais pas me servir de cet argent à des fins personnelles. J’étais Pauvre mais vivais malgré tout grâce à mon revenu chez Mins.

- Pourquoi es-tu ici ? Comment sais-tu que je vis dans cette forêt ?

Elle semblait sur le point de pleurer. Je préférais éviter de poser plus de questions sur le sujet et vins m’assoir à côté d’elle. Je lui offrais à boire et à manger en attendant qu'elle parle d’elle-même.

- Abell, est-ce que tu aimes B-Bel ?
- Hein ?

Il n'y avait il pas d'autres sujets à aborder que toujours Bel ? Sérieusement, il était suffisamment présent dans mon esprit pour en rajoute. Marilyne tint la tasse dans ses mains juste pour observer son visage et ses yeux humides. Quelques larmes coulaient sur ses joues et l'une d'entre elles tomba dans son thé.

- C’est pour ça que tu me rejettes ?

Marilyne n'avait pas abandonner son amour pour moi et attendait une preuve de ma part. Elle tenait à l’Alpha, ça crevait les yeux. C’était peut-être l'occasion d’en apprendre plus sur son sujet. Bel ne me disait que ce qu'il avait envie de me dire. Il y avait un mystère autour de ce personnage, notamment cette histoire de famille dont il ne parlait jamais. Bel portait un lourd fardeau sur les épaules mais il ne voulait pas m’y mêler. Cette Oméga était un peu cette sœur qu'il n’avait jamais connu. Tous les deux tenaient à l’autre sans s’aimer d’amour malgré leur lien d’âme-sœur si évident.

- En réalité, je ne connais rien de Bel et ça me chagrine. Pourtant, il est le premier à me comprendre sur ma nature, et j’aurais aimé l’épauler dans ses moments de doutes.

Le voilà à me confier à une parfaite inconnue mais je vivais seul et n’avais personne avec qui parler alors la présence de Maryline me rassura un peu.

- J-Je pense que les Bêtas ont le droit au bonheur, affirma-t-elle en relevant ses yeux.

Nos regards se croisèrent et je vis en elle une détermination inébranlable. Maryline croyait en les Bêtas.

- Tu as le droit d’aimer, Abell.
Ah, elle avait raison.

LE BÊTA ET L'ALPHA DESTINÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant