◊ Chapitre 5 ◊

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Ma nuit fut tourmentée.  Ma tête passa en boucle les paroles de Syrus comme une vieille cassette. J'étais tiraillé entre ses propos signalant complots, manipulations et corruptions et tout ce qu'on m'avait inculqué durant toutes ces années. Ça ne pouvait pas être possible, non, ce qu'il nous avait déblatéré ne pouvait s'avérer exact, je ne voulais pas le croire.

Pourquoi le gouvernement ferait-il de telles choses ? Pourquoi notre Fondateur serait-il le démon brodant les fils de cette machination ? Pourquoi tout ceci existerait même ? Nos dirigeants n'avaient qu'un seul but : le bien de sa population et cela en évitant à tout prix le retour des crises qui rongèrent notre monde. Oui, du cataclysme qui menaça de détruire tout ce que nous connaissons il n'y a de ça quelques centaines d'années.

Les maladies, les guerres, la famine, tous ces éléments qui avaient fini par dévaster notre planète avaient disparu grâce à la famille Underwood. La grande Épidémie nous avait plongés dans un chaos, un terrorisme qui faisait froid dans le dos. Cette bactérie mortelle avait réduit les efforts de l'antique civilisation à néant. Dans cet Ancien Monde, les hommes se battaient afin de guérir une société à l'agonie. La surpopulation n'était pas le problème, non, car une partie du peuple avait subi une forte baisse démographique. Mais, le climat se remettait à peine de ses blessures antérieures et les tensions sur les ressources précieuses se faisaient ressentir. La venue de cette Infection virale, se déclarant du jour au lendemain, créa au sein de ce monde ce qui était appelé : L'Annihilation. Nous avions failli nous envoler, envoler vers un oubli ne laissant que poussière et misère. La famille fondatrice nous avait sauvés...

Toutefois, d'un autre côté, ce qu'il exprimait n'était pas faux. Mais, surtout, le mensonge étant prohibé, il transgresserait l'ordre en nous rapportant des calomnies. Toutes ces lois, toutes ces règles qui régissaient ce monde nous contrôlaient. Nous n'étions pas libres de notre futur, tout était déjà écrit. Notre destin était un livre ouvert où chacun pouvait connaitre la fin. De la naissance à notre mort, rien n'avait pas été omis par le gouvernement. Nous devions rentrer dans leurs cases, nous laisser diriger sans rien dire. Autrement dit, les suivre aveuglement. Empruntant sa théorie, ce n'était pas dénué de sens. Mais, ce Syrus oubliait que ceci était pour notre bien, pour une vie meilleure parfaitement modelée à notre image.

Ces deux aspects étaient si opposés l'un de l'autre qu'il m'était difficile de trouver un juste-milieu. Je ne pouvais pas me résoudre à adopter raisonnablement ce qu'il nous avait annoncé. C'était soit l'un, soit l'autre. Je n'avais pas le choix, il fallait que je prenne une décision et pas des moindres. Suivre les propos déroutants d'une personne qui au fond, je ne connaissais pas, ou ne pas me poser davantage de questions et me rendre compte que ce n'étaient que mensonges, balivernes, racontés par un homme dans l'esprit n'était pas sain.

Rien ne m'empêchait d'aller le signaler à la grande Division, au Conseil, au Fondateur... Un infecté ne pouvait se promener dans les rues comme ceci. N'était-ce pas la plus sage solution, celle qui m'ôtait cette tourmente une bonne fois pour toutes ?

Mon être était tiraillé entre ces deux singuliers choix. Je n'avais plus que ça en tête, j'étais obsédé par ces forces, ces différents chemins à l'allure dangereuse. Il m'était impossible de le croire et d'agir comme si de rien était. C'était joué à pile ou face. Jouer à un jeu qui venait avec son lot de conséquences, un jeu qui allait nous changer à jamais.

Tiiiiiiiiiiiiiiiiiiink !

Mon réveil carillonnait déjà depuis une bonne dizaine de minutes. Les événements d'hier m'avaient tant secoué que je n'avais pas réussi à trouver le sommeil. Des cernes immenses se dessinaient en dessous de mes paupières, tel un zombie, je me dirigeai vers ma salle de bain afin de prendre une douche.

- Les Éveillés - I. La PromotionWhere stories live. Discover now