Chapitre 5 : La menace des corbeaux

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Une fois sur la route, nous n'avions plus besoin de se cacher. On marcha sur un sentier de gravier jaunis par la chaleur du soleil et taché par les voitures qui passaient par là . Des grandes herbes sèches bordaient la route, la chaleur était insupportable. Nous marchions depuis le matin, je ne sais quelle heure il était mais en voyant la sueur qui coulaient sur le visage de Isaac, sa langue qui claquait dans son palais et ses jambes qui avançaient douloureusement, je lui dis :
" On devrait un peu s'arrêter, on marche depuis longtemps. "
Avec un profond soupir de fatigue, Isaac acquiesça en me regardant du coin de l'œil, s'assit sur la route et sortit sa gourde d'eau. Nous étions encore en train de boire et de se reposer sur la route, que le bruit d'un moteur fit vibrer la route, Isaac se leva, mit sa main au dessus de son front pour voir de quoi il s'agissait, plissa les yeux et sursauta. Il me prit la main et me tira dans les hautes herbes. On s'allongea violemment dans les hautes herbes et un fourgon arriva à toute allure sur la route et une caisse en bois tomba du fourgon, un homme cria de s'arrêter. Un homme en costume militaire sauta à l'arrière du fourgon suivit d'un de ses frères d'armes.
" Qui sont ces gens?" Demandais-je inquiète
" C'est des SS" me répondit-il en murmurant.
Devant mon air paniqué, il rajouta " Marie, ils ne te verront pas".
Les deux hommes remontèrent la caisse avec eux et ils partirent.
Pendant deux minutes, nous restions allongés dans les hautes herbes. Quand le danger s'éloigna, Isaac se leva, me regarda et me dit : " On va continuer tout droit, on peut pas prendre la même route, il peut y en avoir d'autres, c'est trop dangereux".
Ainsi, on prit la route, plutôt le sentier oublié, juste en face de nous. Isaac n'était plus souriant comme hier, il avait les sourcils froncés, la chaleur ne l'agaçait plus c'était plutôt cette rencontre, si on peut parler de rencontre, qui le mit dans cet état. Et nous marcha toute la journée sans un mots, sans un regards, le bruit de ses pas écrasant les vieilles branches, fit écho dans la plaine fanée.
Quand le soleil commença à se coucher, Isaac prit enfin la parole et dit " Nous allons passer la nuit près de ce grand chêne, je vais chercher du bois pour faire un feu. Toi reste là » , je hocha la tête, ni plus ni moins.
Une fois assise au pied du grand chêne, je regarda au dessus de ma tête pour admirer les formes des nuages et voir les oiseaux changeant de branches à la quête de fruits ou de chenilles.
Isaac revint quelques instants plus tard, les bras remplit de branches et les disposa en forme de tante. Son visage avait changé, il n'était plus contrarié. Devant mon regard examinateur, il me sourit et me demanda :
" Tu vas bien ?"
Je lui répondis calmement " Oui oui et... et toi?"
Il me sourit une nouvelle fois et soupira " Oui juste un peu épuisé".
Je hocha la tête et l'aida à disposer les branches.
Le temps s'était rafraîchit.
Je fouilla dans mon sac et remarqua que je n'avais pas touché à mon pain. Il n'était pas encore dur. Je ne sais pas quelle miracle, ça c'était produit, mais mon pain s'était assez bien conservé malgré des débuts de moisissure sur le quignon.
Isaac sortit de son vieux sac un paquet d'allumettes.
" Depuis quand tu as ça dans ton sac ?" Lui demandais-je.
" Tu sais, avant de te rencontrer je dormais moi aussi dans les bois et fallait bien trouver de quoi se réchauffer" me dit-il pendant qu'il frotta une allumette sur le cote abrasif de la boite.
Il prit dans sa main gauche une poignée de feuilles sèches, posa le tout, délicatement, au milieu des branches pour le feu, et jeta l'allumette sur les feuilles. On resta là, sans bouger, en attendant que le feu consume le bois.
Le soir apparut et le feu était devenu un brasier. Le temps était froid, la chaleur du soleil avait laissé place à la froideur de la lune.
Je coupa mon pain en deux et donna la moitié à Isaac. Je n'avais pas faim.
Il dégusta le pain, proche du feu, quant à moi, je pris mon carnet et écrit :

Marie, pardonne moi (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant