Partie 22

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En une fraction de seconde, mon cerveau avait tué toutes les personnes que je connaissais.

Puis je me levais, incapable de me tenir correctement en place. J’eus subitement des maux de ventre, ce qui m’arrivait toujours quand j’avais peur.

Je pensais à Fatima, à Baïdy, à mes oncles, mes cousines, mes amis du quartier, tout un tas de personnes… Le coup de fil de ma mére sembla durer une éternité.

-que se passe t-il Aïssatou ? Demanda mon oncle qui était  paniqué alors que moi je me tenais douloureusement mon côté droit.

-c’est Tamsir, il vient d’avoir une crise d’asthme qui lui a été fatale. Il est mort. Allahou Akbar ! Dit ma mère le regard dans le vide

Je mis ma main sur ma bouche, sous le choc. Tamsir mort ? Comment cela pouvait-il être ?

-maman, rappelle. Qui t’a appelé ? Il a surement dû faire une erreur, ça ne peut pas être vrai, lui dis-je en lui prenant son téléphone.

C’était oncle Aly qui avait appelé.

C’était donc vrai !

A ce qu’il parait, il n’était pas parti au boulot depuis deux jours, se plaignant de maux à la poitrine puis ce jour là, juste au moment de déjeuner, on est allé le chercher, il a dit qu’il n’avait pas faim. Puis cinq minutes plus tard, il est sorti paniqué, ne retrouvant plus son inhalateur et se tenant la poitrine, il s’est accroché aux jambes d’oncle Aly lui disant que sa poitrine allait éclater et le temps que l’on réagisse, c’était fini, devant le repas. Comme ça ! Si brusquement !

On ne se réjouit jamais de la mort de quelqu’un même de notre pire ennemi et même si, j’aurai tout fait pour ne pas me marier avec lui, la mort de Tamsir me fit très mal et jamais je n’aurai imaginé cela. Il était jeune avec la vie devant lui. Il était l’unique garçon de badiéne Hawa et le soutien de sa famille aussi. Mais, quand Dieu décide, on ne sait jamais quels sont ses critères de choix….

Malgré le fait que j’avais toujours mal aux côtes et malgré mon état, j’ai tenu à y aller avec mon oncle, mon frère et maman.

La maison était déjà pleine à craquer de gens venus soutenir la famille. On trouva badiéne Hawa, assise sur une natte sous la véranda avec d’autres femmes de la famille. Elle pleurait, criait. Maman alla directement vers elle.

-Hawa, massa (courage). On ne sait que dire. Ça a été si brusque, si inattendu, si incompréhensible. Mais quand Dieu décide, on ne peut rien contre sa volonté.

Elle leva les yeux, s'essuya les larmes et me regarda puis regarda ma mère pour finir par se lever de la natte où elle était assise, faisant face à maman.

-quel Dieu Aïssatou ? QUEL DIEU ? Dis plutôt ta sorcière de fille. Depuis que mon fils est allé lui parler, il ne s’est plus levé de son lit. Sa deum bi kouko beug deih (tous les hommes qui aiment ta sorcière de fille finissent par mourir). C’est elle qui a tué mon fils, Rokhaya, tu es la responsable de la mort de mon fils.

YAKA| le poids de la superstitionWhere stories live. Discover now