Chapitre 25 - Lauren

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L'art dans le musée et la simplicité d’une bonne glace, cette journée semble convenir à Camila. Après un long moment de pleurs elle a su reprendre en main ses émotions et laisser ainsi une partie de sa peine sur ce banc. J'ai décidé de lui offrir une glace et son sourire n'a cessé de grandir tout au long de la journée. Lui faire plaisir est mon but premier, elle le mérite. Je ne sais pas ce que je ferais si son sourire enfin retrouvé disparaissait à nouveau. Je veux qu'il garde la place d'honneur sur ses lèvres.

Camila, allongée dans l’herbe à mes côtés rit à chaque forme étrange de nuage. Je ne peux que la suivre, son rire est entraînant. Mais ses doigts qui caressent les miens contrastent avec le rire, c'est plus doux, plus sensuel et j'ai un mal fou à me concentrer sur autre chose. Elle cesse finalement de fixer le ciel pour se glisser contre moi, un sourire constant accroché aux lèvres. Elle enroule son bras autour de ma taille et niche son visage contre mon cou, le caressant du bout de son nez. Je ne me suis jamais sentie plus paisible qu'en présence de Camila, je suis heureuse de redécouvrir cette sensation grâce à elle.

Cependant, je me souviens de mon départ prévu une semaine plus tard, mon départ pour Miami où je vais retrouver ma famille. J’ai hâte de retrouver la chaleur du soleil, j’ai hâte de serrer ma sœur dans mes bras et de rire avec mon frère mais je suis effrayée à l'idée de quitter Camila pendant deux semaines et encore plus effrayée à l'idée de lui avouer mon départ. J'ai retrouvé une Camila paisible et souriante aujourd'hui, lui annoncer cette nouvelle viendrait à lui faire du mal. Je sais que je suis autant importante pour elle qu'elle l'est pour moi, je ne veux pas que ça la brise.

« Lauren, ton cœur bat vite, essaie de te détendre. » murmure Camila.

Pendant quelques secondes j’avais oublié que Camila pouvait sentir mon cœur battre sans même me toucher. J'aimerais pouvoir suivre son conseil, mais je n'y arrive pas. Doucement, ma petite brune vient déposer un baiser sous mon oreille, me faisant perdre le cours de mes pensées. Je me promets de lui dire dans la journée.

**********

« Camila. » appelais-je.

« Je suis dans ma chambre. »

Accompagnée de mes béquilles, je me rends dans la chambre de ma petite brune. Je l'observe à ma guise, elle est assise devant son bureau, elle dessine. La dernière fois que je l'ai vu dans cette position, elle a refusé de me montrer ses dessins, j'aimerais que ce soit différent aujourd'hui.

« Est-ce que tu me laisserai regarder ? » demandais-je.

Camila tourne la tête vers moi et, avec un sourire, accepte. Elle me fait signe de la rejoindre, je ne me fais pas prier, et tandis qu'elle reprend calmement son dessin, je m'appuis sur mes béquilles afin de regarder par dessus son épaule. Je savais qu’elle avait du talent, tous ces mangas qu’elle a illustré le prouvent, mais je ne pensais pas que ses dessins pouvaient être aussi beaux, et je ne pensais pas qu'un dessin pouvait montrer tant de choses, c'est incroyable, Camila a un don.

« C’est magnifique. » lui assurais-je.

Elle bascule la tête à l'arrière pour me regarder et me lance un sourire reconnaissant. Elle n'a pas confiance en elle, mais en moi si, et chaque mot que je prononce peut lui faire du bien, ou au contraire, la détruire. Ça m'effraie, ça m'effraie parce que si je suis dans cette chambre à cet instant c’est parce que je dois lui dire que mon départ approche à grands pas, et j’ai peur de lui faire du mal.
Camila dépose son crayon et se lève, elle vient déposer ses mains juste au dessus de ma poitrine, et son visage vient s'enfouir contre mon cou.

« Lauren, qu'est ce que tu as ? » me demande-t-elle d'une voix douce.

« Il faut que je te dise quelque chose. »

Son cœur se met à battre vite, trop vite. L'inquiétude la gagne et m’enveloppe aussi. Je ne sais pas comment formuler mon annonce alors que je pourrais faire simple, mais cette peur dans le cœur de Camila me bloque, parce que je la ressens aussi. Ce lien est aussi beau que terrible.

« C’est juste que je ne veux pas te faire de mal. » chuchotais-je.

Camila lève la tête vers moi et m'offre un regard qui m'étonne. Je sais qu'elle a du mal avec la situation, je sais qu'elle est inquiète, je le sens, et pourtant son visage ne montre aucune expression liée à cette inquiétude. Je ne la pensais pas capable de camoufler ses émotions de cette façon, cette jeune femme m'étonnes, elle fait des progrès de jour en jour.

« Dis moi. » cherche à savoir Camila.

Je prends une inspiration et, dans l'espoir de me donner un peu de courage, je garde mes yeux ancrés sur le sol. Je sais que ce n’est pas la meilleure des solutions et que je devrais lui faire face, mais j’ai du mal, trop de mal.

« Je vais partir à Miami pendant les vacances. » avouais-je.

J'ose lever les yeux, Camila ne me regarde pas, elle semble perdue. Elle avale douloureusement sa salive, tout comme moi, car j'ai peur de la situation. J’ai peur qu'elle s'effondre, qu’elle se renferme, qu'elle me rejette parce que j’ai rompu cette promesse de ne jamais lui faire de mal. Je suis effrayée qu'elle plonge à nouveau dans les abysses, la savoir mal, détruite à cause de moi me tuerait.

Mais Camila n'a pas la réaction que j'attendais, elle est de marbre, ses yeux n'expriment rien et je ne ressens rien. Je sens ma peur me tirailler de l’intérieur et m'assécher la gorge, mais la douleur que je m’apprêtais à ressentir n'est pas là, comme si Camila était vide, comme si elle avait coupé les ponts entre nous en une petite seconde. Pour la première fois j'ai l'impression que notre lien vient de se briser.

Lentement, elle s'éloigne de mon corps, ses mains ne me touchent plus, elle n'ose pas me regarder. Camila s'assoit sur le lit, ses gestes sont lents et imprécis. Elle est sous le choc, j'en ai conscience, mais mon dieu, j’aurais rêvé qu'elle s'énerve si ça avait pu éviter cette situation. En la voyant si désarmée je me sens coupable. Je n'avais que cette solution, je ne pouvais plus lui mentir, elle aurait fini par l’apprendre, mais mon dieu pourquoi je ne ressens rien ? C'est comme si elle bloquait l’accès à son cœur, comme si elle ne voulait plus m'y faire entrer, et ce rejet de sa part, même si j’en suis responsable, me fait mal.

Je ferme un instant les yeux, je ne peux pas laisser ça se produire, je ne peux pas laisser Camila m'éloigner d'elle. Je m'avance un peu, toujours appuyée sur mes béquilles, et tente d'attirer son attention :

« Camila, s’il te plaît, parle moi. »

Elle ne le fait pas, mais quand je vois ses paupières papillonner, comme si elle reprenait ses esprits au son de ma voix, je sens quelque chose me brûler la poitrine, quelque chose de fort, brutal qui me force à m'asseoir dur la chaise de son bureau pour reprendre une respiration jusque là presque impossible. C'est comme si Camila avait été mise en veille quelques secondes avant de se réveiller de me jeter toutes ses peurs et sa douleur. Ca fait mal, terriblement mal, mais d'un autre côté je suis rassurée, car perdre cette magie qui nous uni m'aurait détruite.

Ses beaux yeux plein de larmes, son regard effrayé et sa lèvre qui tremble me rappellent à nouveau la jeune femme fragile que j'entendais pleurer à travers cette porte, et ça me brise le cœur. Je m’en veux terriblement de lui faire subir ça, j’aurais donné n’importe quoi pour lui épargner cette douleur. Lentement, Camila lève les yeux dans ma direction.

« Tu vas revenir, pas vrai ? »

Sa voix dénuée de toute confiance me frappe en plein cœur et pendant un instant je suis incapable de répondre. Mon souffle se coupe brutalement, et ce manque de réponse semble briser un peu plus mon amie. Elle ouvre la bouche pour parler mais n’en est pas capable, c’est un sanglot qui s'échappe de ses lèvres, et quand elle se lève brusquement, je réagis enfin. Je me redresse – ne tenant que sur une jambe –, attrape son poignet et l'attire contre moi. Mais elle se débat.

« Je te déteste, je te déteste tu m'as menti … tu m'as menti Lauren, tu m'avais promis … tu … »

Je la serre fort contre moi mais elle continue de m’attaquer, autant par ses paroles que par ses coups. Elle a plus de force qu’il n'y paraît.

« Camila, arrête, je t’en prie, laisse moi te répondre. » tentais-je.

Elle essaie de me pousser, de mettre de la distance entre nous, mais je ne la lâche toujours pas.

« Camila, je vais revenir, bien sûr que je vais revenir, je ne vais jamais m'éloigner de toi, je ne peux pas vivre sans toi tu entends ? Je ne peux pas vivre sans toi Camz. »

Ses sanglots brisent mon cœur, mais le soudent en même temps, parce que je la sens me serrer enfin contre elle, je sens qu'elle s'accroche à moi et qu'elle me fait confiance, que ce lien que je pensais en train de se briser se répare doucement. Je la serre dans mes bras et embrasse ses cheveux, respirant son odeur délicieuse, et je caresse sa nuque du bout des doigts. Camila enfouie son visage contre mon cou, et je sens ses larmes y couler.

Lentement, nos respirations se calment et nos battements de cœur ralentissent pour, l'un contre l'autre, battre à nouveau à l'unisson

Ma petite note :

très court, très mauvais, très en retard, mais je me devais de faire un p'tit quelque chose

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