Chapitre 28 - Lauren

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De tout ce que j'avais pu imaginer après avoir vu les flics, je me dis que me retrouver dans une salle d'interrogatoire n'était clairement pas sur ma liste des possibilités. Je ne sais pas encore pourquoi je suis là, j'ai juste accepté de suivre ces hommes sans poser de questions, je n'étais pas en position de les interroger de toute façon. Je suis soulagée d'être majeure et de ne pas avoir affaire à mes parents, ni à mes frangins, je n'aimerais pas qu'ils me voient dans cette situation.

Quand je suis arrivée dans le couloir toute à l'heure, Shawn m'a parlé de mon passé, il m'a demandé depuis quand j'avais recommencé mes conneries, mais ce n'est pas le cas. Si je me fie à ses dires et que je laisse mon imagination faire ma réponse, la drogue est au centre de tout ça, et moi je suis la baisée. Je n'arrive pas à croire que mon pire cauchemar recommence, et ça m'énerve plus que ça ne me fait peur.

La porte s'ouvre, un homme en costard entre et s'assoit devant moi sur une chaise, seule une table nous sépare. Je regarde derrière lui, une vitre dans laquelle je me vois mais derrière laquelle d'autres m'observent.

« Je peux vous appeler Lauren ? » me demande l'homme poliment.

Je me contente d'acquiescer. J'ai appris à mes dépends qu'il fallait mieux être en accord avec les flics, surtout dans le cas où je me trouve – mais il y a des limites, évidemment.

« Ok Lauren, je suis l'agent Valderrama, j'aimerais vous montrer quelque chose. »

L'homme sort de sa poche un sachet en plastique, et le contenu me saute aux yeux.

« Nous n'avons pas eu le temps de l'envoyer au labo, pouvez vous me dire ce que c'est ? »

« Ce n'est pas moi. » précisais-je.

« Ça ne vous empêchera pas de me dire ce que c'est. »

Je penche la tête en fermant les yeux une courte seconde.

« Des amphétamines. »

L'homme réajuste sa cravate.

« Ce n'est pas très original pour une adolescente. » lâche le flic.

Quelle remarque peu originale pour sa part, sous prétexte que c'est une drogue très consommée par les jeunes.

« J'ai passé l'adolescence, et je vous l'ai dit : ce n'est pas à moi. »

«C'était dans votre chambre. »

« Donc, vous en tirez bêtement des conclusions ? »

« Compte tenu de vos antécédents, rien de plus logique. »

Je souffle en penchant la tête en arrière, saoulée. Quand mes parents m'ont rejeté quelques années plus tôt, j'ai dû me débrouiller seule. J'enchaînais les petits boulots, je n'arrivais pas à gérer la fatigue, la pression et la souffrance. Je devais payer un loyer, avec ça l'électricité, l'eau et j'en passe, et mettre de côté pour mes études, je n'avais presque pas de quoi manger. J'ai rencontré un garçon, Tyrone, et il m'a tiré vers le bas. Il m'a proposé une pilule quand j'étais au plus mal en me disant que ça m'aiderait. J'ai craqué, et j'avais réellement l'impression que Ty avait raison, les amphétamines m'aidaient. J'étais moins fatiguée et je pouvais travailler plus, avec les pilules j'avais moins besoin de manger et j'économisais, je me sentais plus en confiance, je me sentais simplement mieux. Je n'avais pas à payer les amphets, Tyrone me les offrait et en échange je restais à sa disposition s'il avait besoin de moi. C'était du chantage pur et simple, mais j'avais besoin de ces pilules.

Ty vendait et achetait, je consommais simplement. Pour sauver ses fesses il m'a balancé aux flics en me faisant passer pour la dealeuse. Je n'avais personne pour appuyer mes dires, mais mon avocat commis d'office m'a défendu parce qu'il croyait en moi, il m'a sauvé d'une vie que je ne méritais pas. Nous avons, avec de l'aide, réuni suffisamment de preuves et j'ai permis aux flics d'envoyer un dealer, à savoir Tyrone, derrière les barreaux. J'étais un usager, j'étais évidemment poursuivie et mise en garde à vue avant de passer devant le juge, mais je n'ai eu que des travaux d'intérêt général. Le dealer est arrivé au moment où j'étais mal, il m'a manipulé ; j'étais la victime mineure. J'ai eu énormément de chance et ait promis à mon avocat de ne jamais recommencer, j'ai tenu promesse.

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