Chapitre 5: Quand un ange dort

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J'avais besoin de me calmer un peu avant de me rendre chez Isaac. Dans l'état où j'étais, ça n'aurait servi qu'à l'inquiéter. Je décidai - une idée stupide et fatigante , mais bon je ne me surprend pas - de rallonger le chemin pour me rendre chez lui. D'un bon kilomètre alors qu'il n'habitait qu'à une centaine de mètres de chez moi – je me désespère. Mais courir n'étais pas une si mauvaise idée. Je courais régulièrement et j'étais plutôt bon. Les écouteurs dans les oreilles, Believer à plein tube, je commençais à chanter. Où plutôt à hurler dans la – presque – nuit comme pour exorciser mes démons dévastateurs.

Pain...

Douleur, c'était exactement ça que je ressentais depuis plusieurs jours. Douleur physique, autant que morale, les conséquences de milles et une raisons. Chanter le mot à plein poumon me soulagea.

Je passai devant un ruisseau. Le bleu froid de l'eau me fit penser aux yeux de ma soeur. J'arretai de chanter quand j'entendis un craquement. Je m'avançai discrètement. La scène qui s'étalait devant mes yeux me laissant sans voix. Un renard avait saisi une de ses congénères et s'évertuait à la.... à lui... Enfin voilà quoi – ne mentez pas vous m'avez compris et un sourire niais s'étale sur votre visage tandis que vous pensez bêtement: Quelle pudeur innocente a ce gamin. Ce tableau me rappella étrangement celui que Eve m'avait décrit. Je reculai de quelques pas, les laissant à leurs ébats amoureux et je me remis à courir tout en continuant à chanter.

Pain...

Ma voix se brisa. Autant par le manque de souffle que par le tableau déstastreux que me renvoyait ma famille. Je m'arrétai quelques secondes, les mains sur les genoux, le souffle court, quelques gouttes de transpiration perlant le long de ma tempe. Je relevai les yeux, j'étais arrivé chez Isaac. Je passai par le petit portillon vert et me glissa silencieusement jusqu'à l'arbre en face de sa chambre. Les plus longues branches atteignaient le balcon qui surplombe sa fenêtre. Je n'avais qu'à me laisser glisser.

Je tapai trois coups contre la fenêtre. Les rideaux étaient fermés, Isaac devait sans doute être encore soit plongés dans ses pensées géniales soit en bas à jouer avec son frère à mettre du Beethoven en chiffres. Ces deux là me donnaient parfois mal à la tête.

La fenêtre étant entrouverte, je décidai de me passer de l'autorisation et entrer quand même. La chambre était plongé dans le noir mais j'y étais venu si souvent que cela ne changeait rien. Alors quand je me cognais l'orteil dans quelque chose, je me retins à grande peine de pousser un hurlement.

En tatant un peu, je compris que ce truc était humain. Un peu surpris j'éclairai de la lumière faible de mon portable. L'humain s'averat être Isaac endormi sur son livre, en plein milieu de sa chambre. Sa tête était entourée par une corolle de boucles noires, ses yeux noirs étaient clos, formant un croissant d'ébène sur l'albâtre de sa peau. Ses lèvres étaient légèrement entrouvertes. On aurait dit un ange.

Je rougis soudainement en me rendant compte qu'il était presque nu, portant juste un boxer qui masquait sa nudité. Ma réaction me surpris: j'avais déjà vu plusieurs fois Isaac nu, pourquoi réagissai-je aussi violemment ?

Qu'est ce qui pouvait bien m'arriver ?

Malgré moi, je continuai à contempler mon ami. Son torse pâle, son cou innocent, ses clavicules finement dessinées, ses épaules minces, et, juste au dessus, un grain de beauté posé sur sa veine battante, pulsant comme un petit coeur noir. Je posai une main hésitante sur ce grain, traçant délicatement ses contours. Puis voyant qu'il ne réagissait pas, je m'enhardi à embraser ce petit coeur noir.

Isaac poussa un gémissement. Je m'écartai, pris de panique. Qu'est ce que j'avais encore foutu ? J'avais profité d'un ange endormi qui se trouvait aussi être mon meilleur ami. Merde.

- Adam ?

Opération CoeurWhere stories live. Discover now