Opération Coeur

Chapitre 7: Coupable

- Papa, maman, je suis rentré!

Seul le silence me répondit, la maison était vide. Je montai en haut et m'allongeai sur mon lit, la tête entre les mains. Ce n'était peut-être pas plus mal qu'il n'y est personne. Des flashs de ma journée m'assaillirent en même temps qu'un mal de crâne phénoménal. Les baisers de Belle. Le regard triste d'Isaac. Puis l'inquiétude de ma petite amie quand j'avais refusé de l'embrasser. Et Isaac, impassible. Et Isaac, surtout Isaac, toujours Isaac.

Notre soirée avait été comme un rêve. Un peu de douceur dans la douleur. On en avait parlé. Ou plutôt on avait effleuré le sujet, délicatement, comme une page de livre qu'on hésite à rouvrir. Je ne savais pas vraiment quoi penser de mon comportement. J'avais embrasser mon meilleur ami. Sans raison, sans pari, sans rien qui ne justifie ce geste.

Mais le pire était que j'avais désespérément envie de recommencer. Ces quelques jours qui étaient passés depuis la soirée n'avait fait qu'accroître mon désir. Je me détachai de Belle aussi.

Isaac m'avait aussi parlé de Merlin. Son frère l'inquiétait. Il ne cessait de réciter les tables de multiplications à toute vitesse, de parler sans arrêt de ses théorèmes mathématiques, de débiter le nombre pie avec une application et une rapidité qui lui donnait mal au crâne. Et d'écouter du Beethoven, non stop.

La sonnerie stridente de mon téléphone me vrilla les tympans et relança mon mal de crâne. Je décrochai.
- Adam? C'est Belle

Je me blâmais en silence, maudissant mon inconscience. Pourquoi n'avais je pas regarder le nom avant de répondre? Cet appel ne pouvait que aboutir à une dispute. Je ne voulais pas faire de mal à Belle mais elle recherchait une vérité, ma vérité, qui la ferait souffrir.

- Je suis désolée de t'appeler aussi tard, mais je suis pas bien Adam...

Sa voix semblait contenir toute la douleur du monde et quelques sanglots au bout du fil me brisèrent le cur. Même si je n'avais plus exactement le même comportement avec elle, que ça devenait compliqué, elle restait quelqu'un qui comptait beaucoup pour moi et la voir souffrir me donnait envie de pleurer. Surtout à cause de moi...

En fait je me sentais coupable. Coupable de ressentir ces choses là pour Isaac. Coupable de ne rien pouvoir faire pour ma famille. Coupable de faire souffrir Belle la plus belle âme que j'ai jamais rencontré. Et de faire aussi du mal à mon meilleur ami car nous voir toujours ensemble, Belle et moi, semblait le rendre malade. Son teint était plus pâle que jamais, les cernes s'agrandissaient sous ses yeux bruns qui semblaient éteints, son sourire se faisait las et le plus souvent, il affichait un air désesperé.

Les sanglots de Belle redoublèrent tandis que dans ma tête les mots tourbillonaient à toute vitesse sans que rien ne me vienne à l'esprit pour la réconforter...