Giorno

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Juste pour l'embêter c'est une bonne raison, non ? Quoiqu'il en soit je faisais fi de ses conseils et partais diner en ville. Prendre l'air me faisais un bien fou. J'aperçus une petite pizzeria tout à fait accueillante. Elle était installée dans un bâtiment traditionnel et des effluves alléchantes en provenait. Je pris donc une table et attendis le serveur. Je m'attendais à attendre un long moment avant d'être servie, mais ma pizza arriva aussi appétissante que les effluves le présageaient. Les Italiens ont le don d'être très accueillants et généreux, mais au niveau de la nourriture ils le sont presque trop. Je ne pouvais pas finir mon assiette, je n'avais jamais autant mangé !

Soudain, un homme trébucha sur mon sac à main, bousculant ma table. Mon verre de vin se renversa sur ma robe et ma pizza glissa doucement vers mon decollté où elle s'écrasa lamentablement. Je ne pouvais que regarder avec effarement la succession trop rapide des actions. Je crois que mon cerveau était en pause, réellement. C'est qu'après plusieurs minutes, à contempler, hébétée, les dégâts, que je me levais précipitamment. Je secouais ma robe comme une idiote, sans penser aux conséquences, et la pizza s'écrasa à nouveau... mais sur mes pieds. Mes si jolies chaussures neuves... de vraies chaussures d'Italie... achetée il y a quelques jours... elle venait tout juste de sortir de leur boite... leur toute première balade... Je fixais obstinément mes pieds, sans rien entendre du monde extérieur. Quand soudain quelqu'un me secoua. Je repris immédiatement contact avec le monde réel. Un peu trop brutalement peut être puisque j'inspirais bruyamment, effrayant ceux qui s'inquiétaient de ma santé, autant mentale que physique.

Un homme se mit devant moi et commença a déblatérer en italien sans que j'en comprenne un mot, pourtant je n'étais pas si nulle dans cette langue... je progrèssais vite même. Voyant que je le regardais avec des yeux de merlan frit, il s'arrêta, baissant la voix au fur et à mesure qu'il s'apercevait de mon expression... étonnante.

- Elle est française, entendis-je dans mon dos.

Mon interlocuteur, si on peut appeler cela comme ça, échangea un instant avec la serveuse puis revint à moi.

- Vous allez bien ? Je suis désolé de cet incident, dit-il en un français parfait. Étés-vous cardiaque ?

J'ouvris alors de plus grands yeux, si cela était encore possible.

- Non, articulais-je. Ne vous inquiétez pas, ce n'ai rien, j'ai juste été surprise, ajoutais-je machinalement.

- Je m'appelle Giorno. Venez avec moi, je vais vous conduire à une fontaine proche où vous pourrez vous rincer. Cela sera plus pratique que dans les toilettes de la pizzeria.

- Oui, d'accord, dis-je en le suivant.

Je me mis à marcher derrière cet homme, qui, je me rendais peu à peu compte avait un style très particulier, mais là comme ça je n'arrivais pas à trouver.

Au bout de quelques minutes de marche, et ayant réussis à reprendre peu à peu mes esprits, je me rendis compte que la fontaine n'avait pas l'air si proche que cela. Nous passions dans d'étroites ruelles sans vraiment de charme... c'était même très sombre. Soudain, l'homme se retourna et me plaqua contre le mur. Je voulus crier, mais il appuya fortement sa main sur ma bouche. Affolée je ne savais que faire. Ma raison me disais de lui envoyer un coup de pied bien placé et de fuir à toutes jambes, et une autre partie de moi suppliait Antoine d'arriver. Ne me demander pas pourquoi, je n'en sais absolument rien.

- Où est l'amulette ?! s'écria mon agresseur.

Là c'est vraiment pire que de se recevoir une pizza sur sa toute nouvelle paire de chaussures. Ne pas savoir ce que l'on vous veut, et encore moins ce que l'on vous réclame.

L'homme enleva sa main de ma bouche pour que je réponde, mais resta près à la remettre au cas ou j'aurais voulu crier.

- Je ne comprends pas du tout ce que vous. voulez ! Des amulettes il doit y en avoir au marché !  Je peux vous donner de l'argent si c'est ce que vous voulez. Vous pourrez vous en acheter autant que vous voulez ! répondis-je précipitamment.

L'homme me regarda suspicieusement. Il recula son poing.

Oh mon Dieu ! Il va me battre ! Je sentais mon coeur près d'exploser, j'avais tellement peur !

Mais une main secourable l'arrêta. Enfin je ne savais pas encore si elle était secourable ou non, cela pouvait très bien être le chef du gars !

Mais non, ce ne devait pas être cela puisque le méchant se retrouva à terre en deux en trois mouvements. Impressionnée je mis un moment avant de pouvoir décrocher mon regard du corps au sol. Et quand je relevais les yeux, je croisais le sourire parfait d'un italien pur souche. Quelle idiote j'avais été d'avoir pu penser une seule seconde que mon agresseur pouvait être italien. Mon sauveur se mit à parle italien, mais cette fois-ci, et étonnamment je compris ce qu'il disait et je réussis à articuler quelques mots pour l'avertir que je parlais très mal sa langue. Il sourit à nouveau et se répéta en français : 

- Comment allez-vous ?

-Bien... bien, ça va merci.

-Ce n'est pas du sang, j'espère ! s'exclama-t-il en désignant mon décolté. Cet homme ne vous a pas frappée ?!

Je rougis en apercevant les restes de sauce tomate.

- Non, ne vous inquiétez pas, vous êtes arrivé à temps.

Il eut un soupir de soulagement avant de reprendre :

- Venez, je vous ramène chez vous. Au fait, je m'appelle Giorno.

J'eu un mouvement de recul en entendant le prénom et le jeune homme du prendre cela pour de la peur d'avancer.

- Je peux vous appeler un taxi si vous préférez, proposa-t-il gentiment. Mais en general ils ne vont pas dans ces ruelles.

- Je peux marcher, merci.

Giorno me ramena près de la pizzeria, là où tout avait commencé. J'eu un frisson en repensant à la scène dans la rue sombre, et sans aucun doute malfamée, où j'aurais pu perdre la vie.

- Voulez-vous que je vous emmène autre part ? Il faut que vous alliez faire une déclaration à la police demain matin. Là vous n'êtes pas en état.

Je fus surprise de sa proposition, mais peut être n'avait-il pas envie de m'accompagner jusqu'au commissariat. De toutes les façons le malfrat avait dû s'évaporer dans la nature à l'heure qu'il était...

- Alix ! entendis-je.

Je me retournais brusquement, surprise et un peu effrayée pour voir Antoine se précipiter vers moi. Il s'arrêta net en apercevant Giorno et en remarquant mon état. Il salua le jeune homme d'un signe de tête sec et ne regarda même pas si celui-ci lui répondait.

- Que t'est-il arrivé ? s'inquiéta-t-il. Viens, on rentre.

Il me prit la main d'office et s'avança vers sa voiture. Refusant qu'il m'emmène aussi simplement sans que je puisse remercier Giorno, je me degageais et me dirigeais vers mon sauveur.

- Merci pour tout, et j'espère pouvoir vous revoir, dis-je rapidement car j'apercevaais Antoine qui revenait me chercher.

Je fis un dernier signe au jeune homme et montais rapidement dans la voiture.

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