Qu'en est-il d'elle ?

Chapitre 2

Je repars encore plus incertain que lorsque que je suis arrivé chez Max. Je suis comme assommé, presque KO. J'ouvre la portière de ma voiture et balance le dossier sur la banquette arrière. Je ne sais plus du tout quoi faire. Je ne préfère pas penser aux révélations que Max m'a faites. Ma colère se focalise sur cette idiote de Kat. Faire suivre Max et Angélica toutes ces années, c'est tout de même insensé, non ? J'en crève de découvrir tout ce que contient ce dossier et bizarrement, je suis mort de trouille. Je pensais la connaître. Moi, plus que les autres, je croyais tout savoir d'elle. Et maintenant, je m'interroge sur tout ce qu'elle m'a caché, sur tout ce dont elle m'a menti. Et pourtant, au fond de moi, je sais qu'elle n'est pas que cette garce sans cœur que Max voit. Pour le moment, cette certitude est bien masquée par la colère et l'incompréhension. Comme un pantin, je repars chez moi.

Les jours se succèdent. Tous semblables et pourtant si différents. La seule constante, c'est l'insomnie qui me mine tous les jours un peu plus. Les patients sont toujours plus insupportables, enfin les rares qui continuent à venir en consultation chez moi.

Je suis dans la cuisine commune à chercher des chocolats à grignoter lorsque tous mes collègues entrent. TOUS. Ça sent le conseil de discipline, pourtant je n'ai rien fait de mal ! Bref, ils sont unanimes. Je dois prendre des vacances. Des vacances ? Pour quoi faire ? J'aurais encore plus le temps de penser à elle. De me demander si cet enfant était le mien... Enfin, après tout, pourquoi pas ? J'aurais enfin le temps de pratiquer à ma nouvelle passion : le whisky. Je n'aurais plus besoin de me restreindre. Je vais pouvoir m'y adonner sans restriction !

Avant de rentrer chez moi, je m'arrête au supermarché pour faire le plein. Des bouteilles, des chips et une pizza toute prête qui me semble parfaitement immonde. Pour ce soir, ce sera bien assez ! Sans même retirer ma veste, je saisis un verre, le remplis de glace au distributeur de mon frigo, et je le complète avec du whisky. J'avale ce premier verre en une gorgée. Le froid m'anesthésie la gorge. L'alcool me réveille. Vite une autre ! Encore et encore. Toujours debout dans ma cuisine, j'ai l'esprit en ébullition, j'éventre le paquet de chips et en avale de grosses poignées. Tout se bouscule dans ma tête : les actes d'Angélica... les paroles de Max et pire encore, son silence depuis ces révélations. Je ne sais plus quoi penser. Est-ce que Max m'a dit la vérité lorsqu'il a évoqué la grossesse avortée d'Angélica ? Il n'y a qu'elle qui possède toutes les réponses. Malheureusement, je ne sais pas où elle se trouve. Tous ces doutes me prennent la tête. De rage, je balance la bouteille presque vide contre le mur. Elle éclate en mille morceaux au sol. Les débris sont à l'image de mon cœur : éparpillés. Assis par terre, avec mes mains, je pousse chaque morceau de verre pour en faire un tas bien net. Bon Dieu, je suis épuisé... et j'ai soif. Il me faut un autre verre. Je le cherche, mais je ne trouve pas. Ce n'est pas grave, je boirai direct au goulot.

Quel idiot ! Je viens de l'exploser contre le mur. Je ris de ma bêtise ! Bientôt, cette crise de rire se transforme vite en larmes. Je suis là, assis sur le sol dur et froid, le dos contre l'îlot central de ma cuisine à chialer comme un gamin. Je me passe plusieurs fois les mains sur le visage. Lorsque je regarde celles-ci, elles sont rouges. Qu'est-ce que c'est encore ce bordel ? Je me roule sur le ventre, prends appui sur mes genoux, pose mes mains bien à plat au sol et tente de me relever ainsi. Putain, ça fait un mal de chien !

Enfin, je suis debout. Je me tiens au plan de travail d'une main. Je tente d'attraper une nouvelle bouteille, mais lorsque je la saisis, elle tombe aussitôt au sol. En plus, elle était pleine. Merde, je ne fais décidément que des conneries ce soir ! Tant qu'à faire des conneries, autant aller jusqu'au bout. Je me dirige vers la porte. Je l'ouvre puis sans la refermer, je commence à descendre les escaliers. Doucement au début puis de plus en plus vite. Maintenant que j'ai décidé de découvrir ce qui se cache dans le dossier que m'a donné Kat, c'est de plus en plus urgent. Je suis presque en bas lorsqu'un frisson me saisit l'échine.