EPILOGUE

1.4K 184 359
                                    

           

Le reste de la soirée se produit dans une sorte de brouillard.

Mes parents sont là. Emus, perturbés, et je sens la honte dans leur regard.

Je sens qu'ils réalisent enfin qu'ils n'ont jamais été là pour Thalia et moi. Que nous sommes leurs enfants, mais qu'ils n'y prennent pas garde. Qu'ils s'en foutent, strictement.

Lorsqu'à l'hôpital, mes parents découvrent Thalia, les larmes dans leurs yeux me rendent plus heureux que joyeux. Je sais que tout va changer, et ça me fait plaisir, peut être qu'enfin Thalia et moi serons autre chose qu'une erreur aux yeux de ceux qui nous servent de parents.

Peut-être qu'on sera moins seuls le soir, que l'on aura moins de liberté.

Avril ne m'a pas quittée de la soirée. J'ai l'impression qu'en ce lundi 18 mai j'ai vécu trois vies en même temps.

Les rebondissements m'ont épuisé, et lorsque je me retrouve sur la chaise dans la chambre d'hôpital de Thalia j'ai du mal à croire que c'est enfin terminé.

Avril a fini par partir, me laissant seul avec Thalia.

Mes parents ont fini par partir attendre dans la salle d'attente aussi, ils ont compris à mon regard lourd de reproches qu'ils n'avaient plus rien à dire. Que moi, pendant plus d'une semaine j'ai cherché Thalia corps et âmes. Tandis qu'eux ont continué de travailler, faisant simplement pression sur les flics pour qu'ils trouvent Thalia.

Il est trois heures du matin quand je comprends que la chaise sur laquelle je suis assis ne va pas m'aider à dormir.

Je retire mes chaussures, et puis me dirige vers le lit d'hôpital de Thalia.

Comme il y a des années, mais cette fois-ci la situation est renversée, c'est moi qui rejoins Thalia dans son lit.

Je la décale sur la gauche, et me glisse à sa droite.

Je soupire, m'installe confortablement, et puis observe le visage de Thalia.

Elle semble paisible. Alors que son visage est légèrement égratigné, et trop pâle pour que ce soit naturel.

Les médecins ont dit qu'elle n'a pas été nourrie pendant plusieurs jours, et très peu servie en eau. Son corps est épuisé, et ne possédait pas assez de défenses immunitaires pour la maintenir en bonne santé.

Son corps est aussi tombé en hypothermie, et elle a beaucoup trop maigri pour avoir suffisamment de ressources. D'après les médecins, Thalia n'allait pas survivre au-delà de quatre/cinq jours de plus.

Elle a perdu sa lumière. Ce soleil qui faisait qu'elle était elle. Elle a toujours représenté cette lueur lumineuse pour tout le monde.

Et même si cette fois, elle a tout perdu, pour moi elle est encore mille fois plus lumineuse que moi.

Moi qui aie toujours représenté cette tristesse, cette froideur, ce noir terne. Alors que pourtant, nous avons les mêmes cheveux dorés au soleil. Les mêmes yeux ambrés à la lumière, les mêmes tâches de rousseurs sous les yeux.

Mais moi, je ne souris jamais. Thalia, cela n'arrive jamais qu'elle ne sourit pas.

Je cherche sa main dans le noir.

Je saisi la droite, et puis serre ses doigts glacés entre les miens.

Puis je ferme les yeux, et m'endors, rassuré de sentir la respiration de ma jumelle à son poignet.

***

-          Tu as senti le fil bleu ?

Cette voix faible, chuchotée près de moi me fait papillonner des paupières.

La Dernière NoteWhere stories live. Discover now