Écrit par Cennis
Chapitre Huit
Elle ne s'ouvrait pas.
Il la regardait depuis sans doute plusieurs heures, avec la volonté de voir l'enveloppe s'ouvrir brusquement. Elle était toujours sur le bureau, là où il l'avait laissée quelques jours plus tôt, avec l'espoir qu'elle disparaisse d'une manière ou d'une autre. Évidemment, ce n'était pas arrivé. Ses pièces de collection et les livres qu'il n'avait pas encore lus disparaissaient quotidiennement -et si Gray pensait vraiment qu'il ne s'était pas fait démasqué, alors sa qualification en tant que psychologue devait vraiment être remise en question- mais cette foutue lettre était toujours là, le narguant par son indifférence.
Ciel soupira longuement, et une douleur familière le lança à l'arrière de son cache-œil, quelque chose qui pointait toujours le bout de son nez lorsqu'il stressait.
Bon, peut-être que la lettre n'était pas la source de ses soucis. Peut-être était-ce seulement plus simple de l'utiliser comme bouc émissaire au lieu de repenser à Alois et ses idées utopiques de l'autre jour.
Qu'on le maudisse s'il se mettait à écouter ce que disait le psychopathe blond maintenant.
... Et pourtant, il commençait à repenser à cette conversation, encore une fois.
Ciel finit par accepter le fait que la lettre n'allait pas s'ouvrir d'elle-même. Elle aurait dû, parce qu'il le voulait, mais rien n'allait vraiment en sa faveur aujourd'hui. Soupirant pour la énième fois, il se leva de son lit et se laissa tomber sur sa chaise de bureau.
Il avait déjà rangé sa chambre, ou du moins réarrangé le désordre, deux fois. Tout ce qui se trouvait sur le bureau sauf la lettre avait été déplacé, encore et encore. Tous ses livres étaient rangés en ordre alphabétique, et ses dizaines de tenues identiques proprement pliées.
Balayant la chambre du regard, il réalisa avec peine qu'il n'y avait rien d'autre à faire si ce n'est lire la lettre.
«Ciel» était la seule chose écrite sur l'enveloppe, de son élégante écriture, encore aujourd'hui, douloureusement familière. Certains endroits étaient légèrement décolorés, et il sut d'une manière ou d'une autre qu'elle avait collé de petits autocollants avant de changer d'avis. Il se demanda si elle avait eu autant de mal que lui avec cette lettre.
Il ouvrit avec un manque de délicatesse l'enveloppe.
Cher Ciel,
Tante Ann m'a dit qu'elle te donnerait ma lettre. J'espère que ce soit le cas, elle est si étourdie depuis qu'elle s'est fiancée avec Arthur. D'ailleurs, je vais être demoiselle d'honneur ! J'aurai une magnifique robe, une nouvelle paire de chaussures, une belle coiffure, tout ce qu'il faut. Le mariage sera l'été prochain, ce qui est une bonne chose bien que je doive admettre être un peu déçue. Cela veut dire que l'on va devoir attendre une année entière ! Ils devraient se marier en hiver ! Qu'y a-t-il de plus romantique que la neige ?
Aimes-tu toujours la neige, Ciel ? Je me demande. Nous avions pour habitude de jouer dans la neige, même si tu étais toujours mesquin et que tu mettais de la glace dans ma robe. Du moins jusqu'à ce que ta poitrine s'emballe. Je pense à toi à chaque fois qu'il neige. Je me demande si tu arrives à respirer normalement. Tu perdais toujours ton inhalateur. Heureusement que tantine en avait toujours un en plus pour toi.
Je pense aussi à toi lorsqu'il ne neige pas. J'ai un tiroir entier rempli de lettres que j'ai écrites, mais que je n'ai jamais donné à tantine. Je les lisais après les avoir écrites et je les trouvais sans intérêt. Des blabla inintéressants sur ma journée, sur mes amies dont le nom t'échappe et ne t'intéresse pas, sur des choses que j'aurais déjà oublié une fois que tu les aurait lu. Ces lettres semblaient juste être une perte de temps. Peut-être qu'un jour je te les montrerai, lorsque tu rentreras.
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Inertia Creeps
Fanfiction/!\ Traduction /!\ Si tout le monde sauf vous pense que vous êtes fou, qui a tort ? Ciel Phantomhive, patient D18, n'est pas fou. Sebastian Michaelis, nouvel aide-soignant à l'Asile St. Victoria, est de cet avis. Sebastian x Ciel, UA.