Chapitre Dix-sept

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Écrit par Cennis

Chapitre Dix-sept

Des araignées. Elles étaient sur lui. Tant de pattes, aussi légères qu'une plume, grouillant sur ses bras, son torse, ses jambes et – quelle horreur - il pouvait presque sentir les petits poils sur leurs trop nombreuses pattes, se propageant sur lui comme si elles étaient celles qui étaient furieuses.

Dégoût. Des pattes d'araignées de dégoût fourmillant sur sa chair, lui donnait l'envie de gratter, gratter et arracher sa peau afin de mettre fin à cette répulsive démangeaison sous sa peau. Il se mit à faire exactement cela, à mettre ses manches en arrière pour gratter ses bras, tenter de faire disparaître les démangeaisons qui y étaient apparues. Il gratta jusqu'à ce que ses bras soient rouges, laissant d'infinies traînées blanches là où ses ongles s'étaient trop enfoncés, mais le dégoût restait collé à lui tel une deuxième peau.

Une étrange compulsion parcourut Sebastian et il se tira hors de son lit. Il ne se préoccupa pas du boucan qu'il faisait malgré l'heure tardive, perturbant sans aucun doute ses voisins nocturnes alors qu'il agrippa les côtés de sa commode pour la pousser, la traînant sur le parquet afin qu'elle reste au milieu des deux portes adjacentes. Elles étaient toutes les deux à moitié bloquées désormais et les araignées qui grouillaient sur sa peau se calmèrent un peu, les démangeaisons devenant un peu plus supportables.

Au moins, Grell et William ne pourraient pas entrer dans sa chambre, pas cette nuit.

Sebastian fut soudainement frappé par le poids de l'épuisement. Il tituba vers son lit, se laissant tomber dessus sans une trace de l'habituelle grâce naturelle qu'il possédait.

Je ne peux pas.

Il entendait encore les hurlements. Durant toute sa vie, il n'avait jamais entendu un tel son. Cela avait à peine été humain. Il lui était difficile de croire qu'un humain soit capable d'émettre pareil son d'agonie. Ce son avait empli la pièce d'une manière physique qui n'aurait pas dû être possible, aussi présent que Sebastian lui-même. C'était comme l'heure de pointe dans les transports publics; les gens écrasés contre le dos, le torse, les côtés, jusqu'à ce que toutes les inspirations ne soient plus que celle profonde et beaucoup trop proche de quelqu'un d'autre, de parfaits étrangers se tenant encore plus près de vous que n'importe quel membre de votre famille. Les hurlements avaient été si... présents, comme un étranger dans le train, effleurant ses épaules. C'était presque comme si cela l'avait suivi jusque dans sa chambre, l'écho du cri retentissant encore dans le crâne de Sebastian alors qu'il était allongé dans le calme insupportable de sa chambre.

Ils ne peuvent pas s'attendre à ce que je...

Il pouvait encore sentir cette odeur. Il n'avait pas voulu y penser, ce qui avait bien pu constituer une telle odeur, mais un simple coup d'œil aux résidents de la pièce n'avait pas laissé beaucoup de place à l'imagination. Cet endroit aurait aussi bien pu être une porcherie, les malheureux patients laissés pour compte dans leurs petits enclos pour baigner dans leurs propre sécrétion. Du vomi, des excréments, du sang – ça avait séché sur leurs vêtements, collé à leurs cheveux, s'était encastré au sol. Les voir suffisait à donner envie à Sebastian d'aller dans la salle de bain commune du personnel, qui n'était pas certifiée sans traces. De se tenir sous le jet d'eau chaude et nettoyer la crasse qui avait semblé migrer vers lui, comme si elle savait qu'il était propre et qu'elle souhaitait le salir.

Je ne...

Les patients expérimentaux et leurs traitements radicaux, conçus par les hauts gradés de l'asile avaient été expliqués à Sebastian dans les moindres détails par Claude et Docteur. Pour chaque terme technique qu'ils avaient utilisé pour expliquer les « traitements », Sebastian n'avait entendu qu'une chose; torture. Ils ne tentaient pas de sa cacher derrière des justifications médicales et psychologiques, pas d'insistances pour dire que ce qui était fait servait à aider ces pauvres créatures, pas même une tentative d'être aussi subtil qu'avec les patients en haut. C'était de la torture pure et simple.

Inertia CreepsWhere stories live. Discover now