Chapitre 6. vendredi 1er janvier 2002.

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Ariane avait profité que Mac lui prête sa voiture pour amener le plus d'affaires possible. Aujourd’hui, Mac ne travaillait pas et lui avait promis de l'aider à déménager le plus gros des meubles qu'elle voulait garder. Il avait déposé Lily chez ses grands-parents au matin. 
Ariane était encore occupée à ranger ses affaires lorsque Mac rentra dans la maison. Quand elle descendit, elle ne le vit pas immédiatement. Il s'était assis dans le salon et il en profita pour l'observer. Elle se servit un grand verre d'eau et le bu d'un trait. Il n'était pas loin de midi et demi.
-         " Il est temps de faire à manger, se dit-elle.
Elle sortit les casseroles et les poêles nécessaires pour préparer à manger et se mit à cuisiner. Elle était de bonne humeur et commença à fredonner. L'heure tournait et elle s'inquiéta de ne pas voir Mac rentrer. Elle dressa la table et se dirigea vers le salon. Elle savait que Mac aimait se détendre en buvant un petit martini. Elle allait le verser quand elle sentit une présence derrière elle. Elle se retourna doucement et vit Mac dans le divan.
 
-          " Vous êtes là depuis longtemps ?
-          Assez pour vous entendre chanter.
-          Vous exagérez, vous auriez pu me  dire que vous étiez rentré, je commençais sérieusement à m'inquiéter de ne pas vous voir arriver.
-          C'est gentil, j'apprécie que vous vous inquiétiez pour moi.
-          Je ne plaisante pas, Mac."
 
Il se leva et s'approcha d'elle et prit son visage entre ses mains et l'embrassa tendrement sur le front en ajoutant avec un grand sourire:
 
-          " Vous êtes merveilleuse Ariane. A l'avenir je vous ferai savoir quand je serai là, c'est promis.
-          Merci. Je suppose que vous avez déjà bu votre martini ?bafouilla-t-elle un peu gênée 
-          Non, mais je n'en ai pas envie pour l'instant. J'ai bu un soda en arrivant et je commence à avoir faim.
-          Ça ne devrait plus être très long maintenant."
 
 Il avait agi instinctivement en prenant son visage et en posant un baiser sur le front d'Ariane. Il l'avait vu rougir. 

Elle avait bloqué sa respiration,  un peu paniquée de le sentir si près, lorsqu'il avait posé ses lèvres sur son front. Elle s'était sentie rougir devant cette marque de tendresse. 
 
Elle retourna en cuisine confuse et termina les préparatifs. Quelques minutes plus tard, ils passèrent à table. Ils déjeunèrent en tête à tête et discutèrent de sa présence définitive dans les lieux. Mac l'informa des quelques règles qu'il désirait mettre en vigueur comme celle  de ne pas amener de petit copain à la maison. Elle sourit, et lui fit comprendre qu'elle était tout à fait d’accord avec lui.
 
-          " Mais dites-moi Mac, le petit copain, c'est pour Lily ou pour moi ?"
 
Elle éclata de rire en voyant son visage.
 
-          " Vous me charriez là ?
-          Non, vous pensez ?
 
Il eut envie de sortir de table et de lui courir après, mais il se ravisa. C'était le jeu préféré d'Orlane et il savait comment il se finissait. Après avoir fait la vaisselle ensemble, ils se mirent en route vers l'appartement d'Ariane. 'Quand je pense qu'avec Orlane je n'ai jamais fait la vaisselle' se surprit-il à penser, ' c'est insensé, elle arrive à me faire faire des choses que ma propre épouse n'arrivait pas'. Elle ouvrit la porte et lui indiqua les affaires qu'il lui restait à prendre. Ils installèrent le sommier et le matelas sur la galerie de la voiture et mirent le reste des cartons dans le coffre et sur le siège arrière.
 
-          " Je pensais qu'il vous restait beaucoup plus d'affaires que cela ?
-          Non, je n’ai finalement pas besoin de beaucoup d’affaires et ma mère a décidé d’en garder une bonne partie. Tout ce que je pouvais transporter seule je l'ai fait.
-          Nous aurons donc tout le temps de vous installer cet après-midi."
 
Ils se mirent en route et déchargèrent les affaires. Ils se retrouvèrent dans la chambre d'Ariane où ils discutèrent de la meilleure façon de disposer les meubles. Ils finirent par tomber d'accord. La nuit commençait à descendre et la sonnerie du téléphone le leur rappela.
 
-          " Oui papa, tout se passe bien?
-          Oui fils, mais l'as-tu oubliée ?
-          Non, mais nous étions tellement occupés à installer Ariane que nous n'avons pas vu l'heure passer. Laisse nous le temps de prendre une douche et nous arrivons.
-          D'accord, mais ne tardez pas trop, ta mère va préparer le repas dans quelques minutes et tu sais qu'elle n'apprécie pas qu'on soit en retard.
-          Promis papa.
 
Il raccrocha et remonta quatre à quatre les escaliers afin d'expliquer à Ariane le but de l'appel. Il alla prendre sa douche, le temps qu'Ariane fasse son lit. Lorsqu'il sortit, elle lui emboîta le pas. Il avait mit un parfum qu’elle appréciait beaucoup et qui aurait pu lui faire tourner la tête. Dix minutes plus tard, elle sortit à son tour, et ils se mirent en route.
 Le repas s'était bien passé et pendant qu'Ariane aidait en cuisine, Mac discuta avec son père.
 
-          " Alors, comment ça va ? demanda Alphonse.
-          De quoi parles-tu ? Demanda Mac.
-          Tu le sais très bien, fils". Mac soupira
-          "Ariane ?! (…) Nous avons chahuté cet après-midi et (...)", il hésita, " c'était comme avec Orlane. Je n'avais pas ri comme ça depuis sa disparition et j'ai vraiment apprécié.
-          Il y a quelque chose qui t'embête quand même ?
-          J'ai l'impression de trahir Orlane et de voler à Lily le souvenir de sa mère.
-          Je comprends Mac, mais tu sais, tu es veuf depuis maintenant plus d'un an et Lily ne se souvient probablement pas de sa maman. Et puis tu sais, tu ne peux pas trahir un mort. Là où elle est, Orlane ne voit plus rien, n'entend plus rien ni ne ressent plus rien. Il me semble qu'avant de mourir, elle t'avait fait promettre de prendre soin de Lily et de la rendre heureuse ?
-          Oui c'est vrai
-          Ne penses-tu pas qu'en donnant à Lily une maman, tu la rendrais heureuse ?
-          Si, mais comment savoir si Ariane est vraiment celle qu'il nous faut ?
-          Ecoutes les demandes de ton cœur.
 
Doris et Ariane entrèrent dans le salon. Il était grand temps de rentrer, la petite montrait des signes de fatigue. Ils se levèrent et se mirent en route. Ils se couchèrent, exténués, mais heureux d'être réunis sous le même toit.
Les semaines passèrent sans trop se ressembler. Ils se rapprochaient à tel point que les personnes qui les voyaient les prenaient pour une vraie famille.
 Martine Shell s'était installée dans l'appartement de sa fille et la vie à proximité d'Ariane lui permettait de surmonter beaucoup plus facilement la perte de son mari. C'était il y a trois mois. Il avait été malade pendant quelques semaines, mais jamais elle n'aurait pensé qu'il partirait si vite. Leur maison familiale était devenue trop grande pour elle toute seule et la proposition de monsieur Morgan était venue à point nommé. Elle avait réussi à décider Ariane d'accepter. Ses arguments étaient de taille : elle ne pouvait pas rester seule ni vivre sous le même toit qu'Ariane, de plus, elle ne serait plus en retard à son travail et elle n'aurait plus besoin de faire la navette tous les week-ends pour venir chez elle, puisqu'elle serait juste à côté. Elle avait vendu quelques meubles et avait gardé le stricte nécessaire, Ariane lui laissant l'électroménager, elle n'avait pas besoin de garder grand-chose. Petit à petit, elle s'habituait à la solitude et avait décidé de reprendre des activités pour ne pas sombrer dans la dépression. Ariane venait régulièrement la voir avec la petite. Elle commençait à la considérer comme sa petite fille et désirait la gâter. Ses quelques heures de travail chaque semaine, lui permettaient de payer une partie du loyer pour soulager Ariane et avec le reste, elle achetait des jouets et pleins d'autres cadeaux pour Lily. De temps en temps, monsieur Morgan les accompagnait. Elle avait fait la connaissance des parents de Mac. Sa mère était spéciale mais dans l'ensemble, elle les trouvait sympathiques. 'Si seulement ils pouvaient se marier ces deux-là', se dit-elle,'la famille serait complète.'
 
Les beaux jours arrivaient avec le mois de mai et régulièrement Mac emmenait Lily et Ariane visiter des endroits qu'elles ne connaissaient pas. Lily allait avoir deux ans, elle marchait très bien et s'exprimait de mieux en mieux. Il était difficile de lui faire comprendre qui était sa mère, mais, malgré les photos, elle considérait Ariane comme sa maman et l’appelait ainsi. Cela ne gênait pas Ariane. Ses sentiments à son égard étaient ceux d'une mère bien qu'elle n'ait jamais eu à passer par là. Ce qui se passa cette nuit le lui prouva.
Ariane sursauta, réveillée par la quinte de toux de Lily. Elle semblait s'étrangler. D'un bon, sans prendre le temps de passer son peignoir, elle se dirigea vers la chambre de l'enfant. Elle la souleva et tapota doucement dans son dos, puis lui donna un peu d'eau. Lily reprit son souffle. A peine l'avait-elle recouchée, qu'elle toussa de nouveau. La quinte était si forte qu'elle eu des hauts le cœur, et elle finit par vomir. Mac était arrivé entre-temps.
 
-          " Qu'est-ce qui se passe ?
-          Elle a tellement toussé qu'elle en a vomi. Il faut la changer et changer son lit. Je vais couper le chauffage pour aérer la pièce. L'odeur est insupportable.
-          D'accord, je m'occupe de Lily."
 
Pendant qu'il changeait Lily dans la salle de bain, Ariane nettoya le lit et la chambre, puis refit le petit lit. Après une heure de nettoyage, l'odeur commença à s'estomper. Il était trois heures du matin. Mac entra dans la petite chambre avec Lily qui pleurait.
 
-          "Je n'arrive pas à la calmer.
-          Elle doit avoir encore quelque chose sur l'estomac. Je vais aller voir dans la pharmacie ce que je peux lui donner pour la soulager."
 
Elle se dirigea vers la salle de bain et trouva ce qu'elle était venue chercher.
 
-          " Tiens mon poussin, il faut croquer." 
 
Lily mangea sagement les granulés jaunes qu'Ariane lui avait présentés. Ils descendirent tous les trois dans le salon, le temps que le médicament fasse son effet. Assis dans le divan, ils ne s'aperçurent pas qu'ils sombraient doucement dans le sommeil, blottis les uns  contre les autres.

Recherche nounou désespérément (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant