Chapitre 4 : (Version corrigée)

238K 10.9K 1.4K
                                    

J'ouvris la porte et me retrouvai face à deux ados se gobant mutuellement la bouche, à moitié avachis sur le rebord du lavabo. Ma présence et celle d'une autre fille assise par terre dans un coin de la pièce en train de rouler son joint ne semblaient pas les déranger le moins du monde. Elle avait aussi une bouteille de whisky bien entamé qui dépassait de son sac ainsi que des yeux rouges et explosés, peut-être pensaient-ils qu'elle était trop partie pour se soucier d'eux. Quant à moi... j'étais la nouvelle et tout le monde se foutait probablement de mon opinion pour cette raison.

Bref, de toute façon, après ce que j'avais vu ce matin, plus rien ne m'étonnait. Je m'attendais presque à trouver un distributeur d'alcool quelque part dans les couloirs !

Mon regard glissa sur les murs des toilettes couverts de jolis poèmes. Un en particulier, assez original, attira mon attention :

Si tu viens là pour te laver les mains,

Sache que tu repartiras sans un rein.

Si tu viens là pour pisser,

Sache que tu risques de te faire séquestrer.

Si tu viens là pour planer,

Sache que t'es du bon côté.

Au moins, ça rime, c'est déjà ça, songeai-je en m'approchant du robinet tout en restant le plus loin possible des deux sangsues.

Note à moi-même : Ne jamais retourner ici, même en cas d'envie pressante urgente.

Je fis couler l'eau et me rinçai rapidement les mains avant de regarder plus attentivement mon reflet dans la glace. Ma lèvre supérieure était légèrement éclatée, mais cela se voyait à peine, et tant mieux.

Je n'avais pas envie de subir un interrogatoire par mes parents en rentrant et surtout pas envie qu'ils apprennent qu'un garçon m'avait frappée. Ni que je m'étais battue au lycée. J'inspirai profondément et expirai. La tension et l'angoisse que j'avais ressenties lors de cette confrontation s'atténuaient enfin, tout comme mes tremblements.

Une fois que je fus totalement calmée, et alors que je m'apprêtais à quitter cet endroit au plus vite, des sanglots m'arrêtèrent subitement.

– Vic ? appelai-je. Vic, c'est toi ?

Je frappai plusieurs fois à l'unique porte close.

Aucune réponse.

Seul le couple, que je venais de déranger, quitta les toilettes en marmonnant quelques paroles mécontentes. Mais je m'en moquais royalement.

– Ouvre-moi, insistai-je, tu ne vas pas passer ta journée enfermée ici, tu n'es pas constipée à ce que je sache !

Si ce n'était pas Vic, j'allais très certainement me taper la honte de ma vie... mais un léger rire provenant de l'intérieur me prouva que je ne m'étais pas trompée. Après quelques secondes, le déclic de la serrure se fit entendre et la porte s'ouvrit.

Une Vic complètement dévastée se trouvait devant moi. Les yeux bouffis par les larmes et le visage écarlate. Elle avait bel et bien pleuré, ce qui d'ailleurs m'étonnait beaucoup. Jamais je n'aurais pensé que cette fille puisse être aussi sensible.

J'avais beau ne pas la connaître, je fis la seule chose qui me paraissait nécessaire pour la réconforter et la serrai dans mes bras.

– Wade est un gamin, lui dis-je en lui frottant le dos. Ignore-le...

Elle renifla et s'écarta de moi.

– C'est gentil, Élodie, mais... il a raison.

Je la regardai sans comprendre.

GOOD GIRLS LOVE BAD BOYS  (ADDICTION - PUBLIÉ EN LIVRE EN MARS 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant