Chapitre 8.

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Louis.

-T'es sûr que tu veux faire ça Louis ?
-Je ne vais pas vivre toute ma vie chez tes parents, Niall. Je vois bien que je suis un boulet pour vous, franchement.
-Tu dis n'importe quoi. Mes parents t'adorent. T'es comme un frère pour moi, et comme un fils pour eux. Tu sais très bien que tu ne nous dérange pas.
-Ça reste à voir.
-Mais c'est tout vu ! Puis, d'ici peu je vais prendre un appart sur le campus de l'université. On peut le prendre ensemble !
-Ce n'est pas d'actualité pour l'instant, on verra plus tard...
-Sérieux, Louis.... Te force pas à aller chez lui parce qu'il te l'a proposé. C'est pas la seule solution. Enfin, j'veux dire, c'est mon pote et je l'adore hein, mais j'aimerai que tu restes ici...
-Ecoute, c'est toi qui m'a dit que je devais aller de l'avant, arrêter de penser à Lukas, et en plus je peux plus retourner chez ma mère, j'ai nulle part d'autre où aller. Si pour l'instant ça marche comme ça alors pourquoi pas !
-Mais tu le fais parce que tu te sens obligé de partir d'ici ! On t'a jamais foutu à la porte, Louis ! Je suis même sûr que ma mère va venir te chercher par les pieds pendant la nuit pour que tu reviennes ici.
-N'importe quoi. Puis, c'est pas comme si je déménageais à Manchester. J'reste à Londres, hein. On continuera à se voir tout le temps, tu vas encore devoir me supporter un long moment.
-J'arriverai pas à te faire changer d'avis, pas vrai ?
-Non.
-Oh allez, s'il te plaît. Je sais que c'est moi qui vous ai présenté pour que tu zappes l'autre con, mais j'pensais pas qu'au bout de même pas 3 mois t'allais aller habiter chez lui. Qu'est-ce qui te dit qu'il n'était pas bourré quand il t'a proposé ça ?
-Il m'en a reparlé le lendemain, et tous les autres jours jusqu'à ce que j'accepte.
-Et comme un con, tu fonces tête baissée.
-Mais j'ai pas d'autres choix Niall ! Comprends que je ne vais pas vivre à votre crochet jusqu'à la fin des temps !
-Non. Mais jusqu'à la fin de l'année, pourquoi pas !
-Arrête. Je ne te comprends pas. C'est toi qui voulais que je fasse bouger les choses. Et maintenant que je les fais bouger, tu me dis de pas le faire. T'es pas net.
-Mais je m'inquiète pour toi.... Je sais à quel point toute cette histoire t'a retourné et je ne veux pas te voir faire une connerie sous le coup de la colère ou je sais pas trop quoi. T'es impulsif, c'est pas nouveau.
-Ça va aller.
-Qu'est-ce t'en sais ?
-Et toi ? Qu'est-ce t'en sais si ça va mal aller ?
-Touché ?
-Coulé.
-Promets moi juste de faire attention Louis. Reviens ici dès que tu sens que ça commence à foirer entre vous.
-Mais pourquoi tu voudrais que ça foire entre nous ?
-Tu t'es mis en couple avec lui parce que tu voulais faire genre d'avoir oublié l'autre surfeur alors qu'aussi bien toi que moi savons que t'es loin de l'avoir oublié.
-Ta gueule Niall. Je suis passé à autre chose.
-Je sais pas si c'est vraiment une bonne chose. Ça fait que 3 mois que tu t'es fait virer par ta mère, et que Lukas t'a lourdé.
-3 mois c'est déjà bien assez.
-Si tu le dis.
-Je le dis.
-Alors c'est définitif ?
-Oui.
-Bon...
-Tu m'aides à finir de ranger mes affaires ? Il passe me chercher dans deux heures.
-Si je dis non, tu restes ?
-Non.
-Bon, ok....

Il soupire, résigné, et attrape quelques vêtements avant de les plier pour m'aider à faire ma valise.
3 mois que je vis chez Niall parce que ma mère m'a dégagé. 3 mois que le seul échange que j'ai eu avec Lukas, c'était par l'intermédiaire de Niall. Un truc à base de "Je ne veux pas être le secret honteux de Louis." que je contrais par des "Mais c'est pas le cas, je le jure, je suis désolé." que Niall lui transmettait, mais tranchés par des "C'est trop tard, qu'il trouve quelqu'un d'autre.". Pas glorieux.
Alors une semaine après ma rupture avec lui, mon ami a décidé d'organiser une fête -encore- pour me changer les idées, parce que je me laissais clairement bouffer.
Il y a invité massivement des gens que je connaissais foutre pas.
Et il m'a présenté à une vingtaine de gars, disant, je cite, que j'étais "un gay en pleine rupture qui avait besoin d'être réconforté". Ça lui a valu une claque derrière la tête.
Enfin, pas qu'une.
Et dans le lot, il y en a un qui est resté près de moi toute la soirée.
Je l'ai passée assis dans le canapé, un verre auquel je n'avais pas touché -pour vous dire à quel point j'étais au fond du gouffre- dans la main, attendant patiemment que ça se finisse.
Il avait tenté plusieurs approches que j'avais repoussées -plus ou moins gentiment, tout dépend du point de vue- mais il n'abandonnait jamais. C'en était pas lourd pour autant. J'ai même fini par trouver ça mignon.
Edward -de son petit nom- s'est arrangé pour réussir à me changer les idées en 4 heures alors que Niall essayait depuis 1 semaine. Et ça m'a intrigué, alors je me suis laissé approcher.
De fil en aiguille, j'ai appris qu'il était dans mon école, qu'il s'intéressait au foot, et qu'il jouait de la guitare.
Alors, après la fête, on a décidé de se revoir.
Il me faisait tout oublier, ou presque.
Alors j'suis tombé dans ses bras. Parce que je suis une guimauve et que jamais deux sans trois, comme on dit.
Il y a deux semaines, il m'a proposé de venir habiter chez lui. Enfin le temps que je trouve quelque chose à moi. Cette situation n'est pas censée durer longtemps puisqu'avec Niall on avait déjà proposé l'idée d'une coloc sur le campus. Mais pour l'instant, je n'en ai pas les moyens. Alors j'ai accepté.
Il a un an de plus, donc son appart, mais comme il a redoublé une classe, il est toujours dans mon école.
Il est évidemment au courant de toute la situation avec ma mère, et sait que j'habite chez Niall en ce moment.
C'était si soudain qu'au début ; j'ai hésité. Je ne voulais pas qu'il me propose ça par pitié pour ma situation. Mais vu le peu de solutions que j'avais, j'ai fini par accepter. Disons que c'est juste le temps que je rebondisse sur mes pieds pour mieux m'en sortir.
Niall n'a pas vraiment été pour. Dès le début il voulait que je reste chez lui jusqu'à l'université, même s'il pensait que c'était bien que je sois en couple avec Edward. Lui aussi il a trouvé ça soudain, sa proposition, et encore plus mon acceptation. Il a dit que j'étais dingue. Mais il me soutient. Enfin, il essaie, et c'est déjà beaucoup.
La sonnerie me sort de mes pensées, et je sursaute.

-Il est en avance, non ? Niall demande.
-D'une heure. J'annonce après avoir regardé ma montre.
-Il a l'air vachement pressé.
-Ouais.... Je dis, soudainement stressé.

Tremblant, j'attrape mes affaires et sors de la maison, aidé de mon ami. Après avoir tout mis dans le coffre, je pars dire au revoir au blond qui me serre comme si j'allais mourir demain.
Ça me fait monter les larmes aux yeux, mais je garde le sourire. Je l'aime vraiment beaucoup mon Nath.
Ce dernier s'avance vers Edward qui m'a emprisonné dans ses bras doucement.

-Bon, Ed, j'te confie ma perle. Tu lui fais du mal, j'te brise. Il menace.
-Niall, ne sois pas si dramatique.... Je ris.

Ils lèvent les yeux au ciel en même temps.

-Eh, t'as ma parole mon vieux, il est entre de bonnes mains. Edward promet en serrant la main du blond.

Sur ce, je prends une dernière fois mon ami dans les bras -j'avoue qu'il va me manquer- et je rentre dans la voiture. Avant de tourner au coin de la rue, je fais un dernier signe de main, et souffle.
Un nouveau départ, vers de meilleurs horizons.
Enfin, j'espère.
****
-T'es sûr que tu veux pas venir ce matin ?
-Non. J'ai un truc à faire. Mais je te rejoins ce midi, tu veux ?
-Oui.... Mais.... Un truc à faire ? C'est-à-dire ?
-En quoi ça te regarde ? Il rétorque sèchement.
-Oh non, juste comme ça. Je voulais juste savoir ce qui t'empêchait de venir en cours ce matin, c'est tout...
-Je t'ai dit que je te rejoignais à midi, ça ne te suffit pas ?
-Si si....

Deux semaines que j'habite avec Edward, et j'ai l'impression qu'il n'est pas aussi tendre qu'avant que j'emménage. Mais c'est sûrement moi qui me fais des idées parce qu'avant : on n'était pas autant collés. Alors je découvre ses nouvelles facettes, et il y en a que j'aime plus que d'autres...
Depuis que je vis avec, j'ai l'impression d'être avec un autre lui, et ce n'est pas si dérangeant. On a tous besoin de nouveautés dans la vie !
Puis, il est tout de même adorable.

-Louis ?
-Oui ?
-Je suis désolé, je ne voulais pas être rude....
-C'est rien Ed, vraiment ne t'en fais pas...
-T'es vraiment un ange...
-Non, tu l'es ! Je contre, taquin.

Il rit, et m'entraîne avec lui.
Je ne sais même pas comment on en est arrivés dans les bras l'un de l'autre à s'embrasser jusqu'à en manquer d'air.
C'est ça que j'aime aussi avec lui. On ne contrôle rien. On a pas à se soucier de ma mère qui pourrait débarquer à n'importe quel moment, et ça libère vraiment.
Pourtant, j'ai la douloureuse impression que ça n'est pas comme avec Lukas...
La passion n'est pas autant.... Partagée.
Enfin si. Ce que je veux dire, c'est qu'Edward mène toujours la danse, et ne me laisse pas de place. Pas que ça me dérange, j'ai fini par m'y habituer, mais c'est différent.

-Je devrais y aller, je vais finir par être en retard si je ne commence pas à me préparer maintenant.
-Hm, oui, t'as raison, tu devrais y aller avant que je te séquestre avec moi pour toujours. Il s'amuse.
-Ce n'est pas une séquestration si je suis consentant ! Bon, c'est l'heure d'une douche !
-Je peux venir ?
-Si tu veux.

Mais la sonnerie de l'appartement raisonne jusqu'à nous et je soupire.

-Quoique, sauvé par le gong, je suppose. Si t'étais venu j'aurais fini en retard de toutes façons. Je plaisante avant de l'embrasser une dernière fois.

Il lève les yeux au ciel et part ouvrir pendant que je pars prendre ma douche et me préparer.
Une dizaine de minutes plus tard, une fois que je suis tout beau, tout prêt à partir, je retourne dans le salon où je retrouve Edward avec un inconnu.
Enfin, sa tête me dit quelque chose, je crois que je l'ai déjà croisé au lycée.
Je m'avance vers Ed pour le prendre dans mes bras avant de partir mais il m'ignore royalement.
Bon. Ce n'est pas grave, il est occupé.
Aucun des deux ne me porte une quelconque attention. Si bien que je me demande si je ne me suis pas transformé en fantôme dans la douche.

-Mon cœur, j'y vais. J'annonce en souriant.
-Ouais ouais, ok, c'est ça, vas-t-en. Il dit sans m'accorder un regard. Et oublies pas tes clefs, je rentrerai tard.
-Mais je croyais que tu devais venir ce midi ?
-Je viendrais, mais je n'ai jamais dit que je resterai en cours le reste de la journée.
-Oh.... D'accord.... Je soupire, triste.

J'attrape mon sac, et mes clefs, et ne tente pas un nouveau geste vers mon amoureux. Le premier vent a été assez puissant.
Je quitte ensuite l'appartement.
J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose, mais impossible de savoir quoi.
Je souffle et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles avant de sortir du bâtiment.
Et en plus, il pleut. Vraiment un début de journée de merde.
Je visse ma capuche sur ma tête et avance vers l'arrêt de bus.  Lorsque j'y arrive, je remarque une affiche. "La ligne 6B ne passera pas ce-jour, à la suite d'un accident survenu la nuit dernière. Veuillez nous pardonner pour la gêne occasionnée."
Génial, en plus faut que j'aille au bahut sous la flotte, j'ai vraiment la poisse.
Sur la route, je shoote dans un cailloux comme un enfant de 6 ans.
Le chemin m'a paru long.
Trop long.
Beaucoup trop long.
J'y arrive, trempé jusqu'aux os, et tremblant comme une feuille à cause du vent.
Après un rapide coup d'œil à ma montre, je remarque que je n'ai pas le temps d'aller enfiler ma tenue de foot maintenant pour être sec, sinon je serais en retard en cours de littérature anglaise. Et cette professeure n'est pas du genre à accepter les retardataires.
En plus, c'est ma matière préférée. Hors de question que je manque un cours.
Alors, résigné, je pars à mon casier et prends les affaires dont j'ai besoin avant de me diriger vers ma salle.
Devant la salle, je vois Niall, les yeux rivés sur son téléphone.
Immédiatement, un sourire se dessine sur mon visage.
Enfin une bonne nouvelle !

-Hey Niall ! Je l'appelle en trottinant vers lui.

Il lève la tête vers moi et hausse un sourcil. Il ne retourne ni mon sourire, ni mon salut.
Au lieu de ça, lorsque la sonnerie résonne, alors que je n'étais qu'à quelques mètres de lui, il tourne les talons et rentre dans la salle sans m'accorder un autre regard.
Ça me stoppe, net. Je regarde l'endroit où il a disparu, incrédule.
Qu'est-ce qu'il a... ?
Je fronce les sourcils et rentre à mon tour dans la salle après avoir remis mes cheveux trempés un peu en place.
Je cherche le blond du regard et remarque qu'il n'est pas à sa place habituelle -à côté de la mienne- mais à l'exact opposé, à côté de Lewis, un gars de notre bande.
Au moment où je m'avance pour aller lui parler, la professeure fait irruption et instaure le calme dans la pièce. Je n'ai donc d'autre choix que d'aller m'asseoir à ma place.
Ce que je fais, avant de sortir mon portable sous la table pour envoyer un sms à Niall.

A Niall :
Hey Niall, qu'est-ce qu'il se passe ?

Envoyé.
Du coin de l'œil, je le vois regarder son téléphone, alors je sais qu'il l'a vu. Mais il range son portable sans me répondre. Je décide d'en renvoyer un.

A Niall :
Ça va ?

Même chose.

A Niall :
Je sais que tu vois mes messages, Niall.
Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait quelque chose qu'il fallait pas ?

Rebelote.

A Niall :
Il m'en faut plus que ça pour me décourager, Horan.
Merde mais réponds ! Dis-moi au moins ce que j'ai fait de mal !
Niall, fais pas le mort. T'es à trois chaises de moi, je te vois.

Je soupire et m'apprête à ranger mon téléphone car je pensais qu'il n'allait pas me répondre, jusqu'à ce que je reçoive quelque chose.

De Niall :
C'est rageant, pas vrai ? Ce n'est pas moi qui ai fait le mort, Louis, c'est toi. Depuis deux putains de semaines. Remets-toi en question, Tomlinson.

A Niall :
Quoi ? Mais de quoi tu parles ?!
Réponds-moi !
T'as pas le droit de me laisser là-dessus !
J'ai le droit à des explications au moins !

Mais rien à faire, il a rangé son téléphone. Et il ne me répondra visiblement plus.
Je soupire, et le cours passe à une lenteur que je ne pensais pas possible.
Je me sentais bizarrement vide et à l'étroit ici.
J'ai beau réfléchir à tout et n'importe quoi, je n'y comprends rien...
Lorsque la fin du cours sonne, je déguerpis comme une flèche en direction du vestiaire de sport.
J'enfile mes affaires de foot, sèches. Hallelujah. Ça fait du bien.
Lorsque je remonte dans les couloirs, j'y vois Niall, avec toute notre bande, qui tournent les talons lorsque je m'approche.
Réveillez moi, je suis en plein cauchemar ma parole.
J'ai hésité pendant un moment à sécher le cours suivant, mais j'étais obligé d'y aller.
Même chose qu'en littérature anglaise, je suis ignoré par tout le monde, et surtout par le blond.
Si ça s'arrange pas d'ici la fin de la journée, y'a moyen que j'aille me jeter sous les roues du bus scolaire devant le lycée.
A nouveau, l'heure est passée à une lenteur exagérée.
Et lorsque j'ai vu un nouveau sms en sortant de cours, mon cœur loupe un battement.
Je pensais que ça allait s'arranger, mais je me suis mis le doigt dans l'œil jusqu'au coude.

De Edward :
Je ne viens pas ce midi finalement, j'ai un empêchement. A ce soir.

A croire que les évènements se battent pour savoir lequel va me mettre K.O le premier.
Plus les heures avancent, plus ça s'empire.
C'est bien. J'en avais besoin, c'est vrai. Bordel.
C'en est trop, je prends cette décision stupide sur un coup de tête -et je m'en mordrai les doigts le jour de l'examen- mais je quitte le lycée pour rentrer chez Ed. Je resterai pas toute la journée ici si c'est pour continuer à me faire enfoncer.
Sur le chemin du retour, je me reprends la pluie, et arrive trempé.
Après une douche brûlante, je m'emmitoufle dans un plaid et me cale sur le canapé, le regard dans le vide en repensant à ce début de journée catastrophique.
Bordel mais qu'est-ce que je n'ai pas vu déraper ?!

Promets-le.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant