Chapitre 30.

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Harry.

ENFIN. Après tout le périple que j'ai dû subir pour trouver cette foutu orbe spatiale, je l'ai entre les mains! Il m'en a fallu du temps, de la motivation et du courage. J'y crois pas, j'ai fait tout ça pour ce petit truc? Ca tient dans une seule de mes mains et ça brille un peu lorsque la lune se reflète dessus. Heureusement que la NASA m'a prêté tout le matériel nécessaire à ce voyage sinon ça m'aurait pris beaucoup plus de temps!
Bon, maintenant je n'ai plus qu'à retourner leur rapporter cette connerie que j'suis allé cherché au péril de ma vie afin qu'ils me libèrent de mes engagements. J'ai rien demandé moi. C'est cet enfoiré de Tomlinson. Il est à la tête de la section de la NASA qui m'a embauché. Enfin, si on peut dire ça comme ça. Il m'a plutôt menacé, mais soit. Il est venu me chercher par la peau du cul car il a découvert, Dieu seul sait comment, que ma famille était impliquée dans l'existence de cette saloperie d'orbe.
Il me tarde de leur remettre ça, et de retourner à ma petite vie tranquille d'éditeur, dans un quartier huppé de New-York.
Lorsque j'avance vers mon moyen de transport, je sens l'orbe bouger dans ma main.
Je m'arrête et la regarde, perdu. C'est pas sensé être inanimé ce truc?
Elle ne s'arrête plus de vibrer, mon environnement commence à devenir flou, à s'effacer petit à petit. Soudain, la terre s'effrite sous mes pieds et j'ai l'horrible impression de tomber dans un puit sans fond. Je me replie sur moi-même pendant ma chute et resserre l'orbe dans mes bras.
L'atterrissage est violent, et quand j'ouvre les yeux, je suis dans mon lit.
Mon coeur se remet à battre à une vitesse folle.
Putain, ce n'était qu'un rêve. La chute me paraissait franchement réelle pourtant.
Ce que je serre dans mes bras n'est rien d'autre que mon coussin puisque je suis couché sur le ventre. Louis est roulé en boule contre moi, encore profondément endormi.
Bien que je me sois réveillé, je continue à entendre cette vibration qui commence vraiment à me rendre dingue.
En tendant mon bras pour arrêter le réveil -enfin, je suppose que c'est ça qui fait ce bruit-, ma main tombe sur mon téléphone. Et c'est là que je réalise que c'est lui qui vibre sur ma table de nuit. C'est bizarre, j'ai pas réglé d'alarme pour ce matin, si?
J'allais l'attraper pour regarder ce qu'il se passe, mais il s'arrête tout seul de faire du bruit.
Je souffle de soulagement alors que le marteau dans mon crâne ralenti peu à peu et passe un bras autour du corps de Louis pour le rapprocher de moi et embrasser son front.
Je m'apprêtais à repartir profondément dans le sommeil en serrant mon brun contre moi quand cet engin du diable se remet à faire un vacarme assourdissant.
Trop flemmard pour bouger, je pensais attendre qu'il se stoppe de lui-même à nouveau, mais lorsque Lou se met à gigoter à cause du bruit, je saute sur le portable et ai à peine le temps de voir le numéro de l'appelant que je décroche.

"-Allô?" Je chuchote avec une voie pâteuse et endormie.

J'espère sincèrement que la personne au bout du fil va vite comprendre que je veux seulement qu'il ou elle raccroche pour que je puisse retourner dormir. J'suis à deux doigts de sombrer avec le téléphone collé contre ma joue. J'ai absolument pas eu la foi de me redresser alors je suis toujours vautré sur le ventre, un bras sur Louis, le menton posé sur l'oreiller, et les yeux de nouveau fermés.

"-Monsieur Styles? Pardonnez moi de vous déranger si tôt." La voix grave s'excuse.

Un homme déjà.

"-Si tôt? Mais quelle heure il est?" Je pense à voix haute.
"-9 heures 20 monsieur..." Il soupire.

Oh merde, j'me suis endormi y'a à peine 3 heures?
Ca me donne encore plus envie de me rendormir.
Je grogne et réalise que je ne sais toujours pas qui m'appelle.

"-C'est rien. Et vous êtes?"
"-Le docteur Porter."

Putain.
Quoi?

"-Pardon?" Je demande, totalement dans les vappes, en espérant secrètement d'avoir mal entendu.
"-Je suis le docteur Porter, le médecin en charge de votre mère."

Étonnement, je suis beaucoup plus réveillé et m'assois à la vitesse de l'éclair au bord du lit pour me lever.
Je disparais alors dans la cuisine pour ne pas réveiller Louis en parlant, puis passe une main dans mes cheveux.

"-Je... En temps normal je n'appelle jamais aussi tôt, mais... Comment dire... C'est assez délicat à annoncer..." Il reprend, hésitant.

A cette déclaration, toutes les couleurs quittent subitement mon visage, et mes genoux se mettent à trembler.
Il a pas intérêt à m'annoncer ce que j'ai peur qu'il m'annonce.
Hors de questions.
Je prends appuie sur le plan de travail et en serre fort le bord.

"-Crachez le morceau, docteur. J'viens de me lever, j'suis pas assez réveillé pour jouer aux devinettes." Je râle.
"-Le... Le cas de votre mère a pris un nouveau tournant cette nuit. Un tournant imprévu. Il semblerait que son coeur soit déjà en voie de dégradation alors que nous n'avions pas prévu ça avant quelques mois. Nous soupçonnons la bactérie que nous avons détecté la dernière fois, lors de nos analyses, d'avoir aggravé le cas. Ou du moins, de l'avoir accéléré."
"-C'est-à-dire? Qu'est-ce que ça engendre?!" Je demande en essayant de garder mon calme.
"-Ca engendre que son coeur ait des ratés. De très gros ratés. Nous avons dû intervenir plusieurs fois cette nuit."

Mon coeur à moi a certainement dû avoir loupé quelques battements depuis le début de cette conversation.

"-Et donc?" Je souffle, hors d'haleine.

J'ai l'impression que je vais m'évanouir, que plus assez d'air ne traverse mes poumons.
A l'autre bout du fil, Porter baragouine des débuts de phrases qu'il ne finit jamais. Il n'arrive pas à trouver ses mots et balbutie comme un enfant de 3 ans.

"-Ecoutez," Il continue finalement. "Je ne vais pas tourner autour du pot."
"-C'est déjà ce que vous faites." Je le coupe en grognant.
"-Parce que ce que j'ai à vous dire n'est pas facile, j'essaie d'y aller le plus doucement possible, mais vous ne me facilitez pas la tâche."
"-Je ne suis pas un putain d'enfant du service pédiatrie, accouchez moi votre nouvelle avant que je finisse réellement en colère." Je m'emporte.

J'ai horreur qu'il tente de prendre des pincettes avec moi comme si je n'étais pas en mesure de comprendre et de supporter les choses. De plus, il s'agit de la santé de ma mère. Il ferait mieux de ne pas rester évasif s'il veut finir sa journée avec ses 36 dents à leurs places.
A l'autre bout du fil, je l'entends pousser un long et lourd soupir, comme si ça lui coûtait énormément de dire ce qu'il s'apprête à dire.

"-Il y a de très fortes probabilités que votre mère ne survive pas à cette journée." Il lâche finalement. "Je vous ai appelé pour que vous passiez à l'hôpital. Il se pourrait que ça soit la dernière fois que vous puissiez le faire, monsieur Styles. Je suis désolé."

Mon cerveau se déconnecte une seconde après qu'il ait finit sa phrase.
Il ment.
Il ne peut pas dire vrai, putain!
C'est impossible.
Mais il n'a aucun intérêt à mentir...
Je refuse que ce qu'il dise soit vrai.
Non.
NON.
D'une main tremblante je raccroche l'appel, sans prendre la peine de le prévenir ou de lui répondre.
En baissant les yeux sur ma main qui tient mon téléphone, pour m'assurer que je ne viens pas de rêver ce dernier appel, je réalise que je tremble comme jamais.
J'arrive même plus à penser de manière cohérente putain.
Je fais quoi?!
Je peux pas partir dans la seconde parce que je suis en pyjama, et en plus Louis dort toujours dans ma chambre.
Respire, Harry. Tu peux le faire.
Premièrement, je m'occupe de Louis. Il faut que je trouve une solution pour lui. Hors de questions qu'il vienne avec moi alors qu'il doit se reposer. Donc soit je demande à quelqu'un de venir ici, soit je lui propose de rester seul un instant.
Ensuite il faut que je demande à quelqu'un de m'accompagner.
Putain que j'aimerai que ça soit Lou qui soit à mes côtés. Mais je peux pas, il doit VRAIMENT se reposer. Pas questions que je sois égoïste.
Aussitôt, je pense à Niall.
Mon cerveau engourdi trouve le chemin jusqu'à son numéro et je l'appelle.

"-Allô?" Il dit au bout de quelques sonneries.
"-Salut, Niall. C'est Harry." Je dis avec un ton vide de toute émotion.
"-Oui, j'ai vu quand tu m'as appelé. Ca va? T'as l'air bizarre. Louis va bien?" Il s'inquiète.
"-Il va bien, oui. Ecoute, je te demanderai pas ça en temps normal, mais je.. Enfin..."
"-Qu'est-ce qu'il se passe Harry? Tu me fais peur..."
"-C'est ma mère." Je lâche. "Le docteur vient de m'appeler."

J'entends que sa respiration se coupe, il attend la suite avec appréhension.

"-Il se peut qu'elle ne tienne pas jusqu'à la fin de la journée. Je dois y aller mais je... Je veux pas y aller seul et... Enfin... Louis doit éviter de faire des efforts, je veux pas lui imposer ça... Mais du coup... Enfin... Je pensais que peut-être... Tu accepterais de me tenir compagnie aujourd'hui, à l'hôpital.." Je souffle anxieusement.

Intérieurement, je me maudis sérieusement de bégayer comme un gosse.

"-Oh putain... Je... J'ai un examen aujourd'hui Harry..." Il soupire, en jurant dans sa barbe. "Je... Fait chier... J'aimerai être là mais"
"-Non, c'est rien." Je le coupe sèchement.
"-Ne le prends pas comme ça, s'il te plaît! Je vais venir! Je vais faire ce que je peux pour venir, je te le promets! En attendant, appelle, je sais pas moi, un de tes collègue?"
"-Mais sans déconner, j'vais pas les faire chier en allant pleurer dans leurs jupons. J'aimerai garder le peu de dignité qu'il me reste."
"-Oui bah c'est ça ou sinon t'es seul donc tu ranges ta fierté quelque part au fin fond de ton cul et tu en appelles un!" Il s'emporte. "Ca m'énerve déjà assez de pas pouvoir venir tout de suite alors cesse de faire le con."

Je jure une insulte bien salée après avoir un peu éloigné le téléphone pour pas qu'il m'entende, et souffle rageusement.

"-Très bien." Je capitule.

J'ai qu'eux à appeler de toutes façons.

"-Parfait. Je vous rejoins dès que je sors de la salle. Promis."
"-Et pour Louis, je fais quoi?"
"-Pour Louis? Comment ça?"
"-Bah je veux pas le laisser seul..."
"-Arrange toi avec un autre de tes collègues?"
"-Mais j'vais pas les faire chier alors qu'ils bossent..."
"-Bah ils doivent bien avoir une pause déjeuner? Dis leur de venir manger chez toi avec Louis, au moins ils vérifieront qu'il va bien et il restera seul un peu moins longtemps."
"-J'ai pas d'autres choix..."
"-Effectivement."
"-Bon... Merci Niall..."
"-Toujours là pour toi." Il m'assure. "Bon, je vais devoir y aller. Promis je te rejoins vite. Tiens bon Harry, ça va bien se passer."

Et il ne me laisse pas le temps de lui répondre avant de raccrocher.
Je prends une seconde pour passer mes mains dans mes cheveux et j'appelle rapidement Liam pour lui demander s'il est disponible pour me rejoindre, aujourd'hui.
Et savoir s'il pouvait demander à Zayn de passer ce midi pour voir Louis.
Il m'informe que ce dernier a fait une garde cette nuit et que, par conséquent, il a sa journée de libre. Il me dit qu'il va demander au pakistanais de passer la journée avec Louis, et qu'il n'aura aucun mal à le faire accepter.
Liam, va se faire passer pour malade au travail et me rejoindre. Il a insisté pour ne pas me laisser seul, quand bien même je lui ai assuré que je ne voulais pas qu'il rate une journée pour moi.
Ca me rassure de savoir que Louis ne sera pas seul.
Ca fait vraiment du bien de savoir que je peux compter sur des personnes de confiance.
Après avoir salué Liam, je pose mon portable sur le plan de travail et rejoins ma chambre.
J'attrape des vêtements rapidement et pars me préparer dans la salle de bain, j'en ressors en un temps record.
Quand je retourne dans ma chambre, j'aperçois Louis qui serre mon coussin dans ses bras et ce tableau a le don de me faire fondre comme une glace sous la canicule.
Je m'approche et m'assois au bord du lit pour caresser la joue du brun.

"-Lou..." Je chuchote pour le sortir de son sommeil profond.
"-Hm..." Il marmonne.
"-Désolé, je voulais pas te réveiller mais j'ai pas le choix... Je dois y aller c'est important..."
"-Mais il est quelle heure?" Il souffle en ouvrant les yeux.
"-Dix heures moins cinq... Tu devrais te rendormir, il est tôt, on s'est couché y'a pas longtemps."
"-Alors recouche toi avec moi et dors aussi..." Il dit en tirant sur mon avant bras vers lui.

Je souris en coin et secoue la tête.

"-Je peux pas Lou... Je suis juste venu te prévenir que Zayn, un de mes collègues que t'as vu la dernière fois, va venir passer la journée avec toi, parce que je dois partir."

Cette dernière phrase a l'air de le tirer entièrement de son sommeil car sa prise se resserre sur mon avant-bras et il essaie de se redresser, en panique. Ce geste lui arrache un gémissement de douleur et il abandonne rapidement l'idée.

"-Doucement..." Je souffle.
"-Mais quoi?! Non! Non non, tu pars pas! T'as dit que tu m'abandonnerais pas!" Il s'affole.
"-Mais je t'abandonne pas! Je vais revenir!"
"-Tu vas où?!"
"-Je dois aller à l'hôpital..."
"-Quoi? Mais pourquoi?"

Je dois lui dire la vérité ou l'en protéger?
Non, il finira par l'apprendre si je lui mens, et il va m'en vouloir. Autant être franc.

"-Le docteur m'a appelé ce matin, ma mère ne va pas bien. Il a peur qu'elle ne tienne pas jusqu'à demain."

Putain, le redire une deuxième fois à voix haute, me fait doucement le réaliser. Bordel que ça fait mal.

"-Tu te fiches de moi?"
"-J'aurais préféré."
"-Je viens. Hors de questions que je reste là."
"-Non, toi tu te reposes. C'est pas négociable."
"-Mais non! Je suis pas un gamin qui a besoin d'être couvé! Je vais bien! Je veux la voir!"

Et ça, ça me fend le coeur, parce que je sais que c'est sincère.

"-Louis, s'il te plaît, ne rends pas ça encore plus difficile que ça ne l'est déjà."
"-Toi ne le rends pas plus difficile que ça ne l'est déjà!"
"-C'est pas ce que je fais!"
"-Alors laisse moi venir!"
"-Tu dois te reposer Louis, putain! T'es sorti hier!"
"-Je veux avoir une chance de la voir une dernière fois, Harry!"

J'ai l'impression que mon coeur se fissure lentement, et que le brun devant moi s'en sert de punching-ball.
Qu'il dise ça me fait prendre conscience qu'il se peut que je perde ma mère aujourd'hui. Et il est impossible que ça arrive.

"-Ne dis pas n'importe quoi, il n'y aura pas de dernière fois. Ca va bien se passer. Elle va passer au dessus comme elle l'a toujours fait. C'est pas la première fois qu'elle nous fait des frayeurs pareilles." Je dis, la voix tremblante.
"-Tentes de me redire ça avec un peu plus d'assurance, pour voir? Lequel de nous est-ce que t'essaies le plus de convaincre, hein? Toi ou moi?" Il répond avec insolence.

Et franchement, je prends une seconde pour réellement considérer sa question -qui de base était rhétorique-.

"-J'essaies de convaincre personne. Je constate." Je souffle finalement.

Promets-le.Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt