Chapitre 26 Olivia

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La semaine se déroula tranquillement. Trop tranquillement.

Cole semblait avoir capté le message et depuis, il me laissait dans mon coin, sans me faire des remarques désobligeantes ou même des mauvais coups... mais cela ne saurait tarder, j'en étais certaine.

Il ne me semblait pas à être le genre de gars docile à se laisser impressionner par un chantage, même si le mien était quand même assez imposant. Je me méfiais de lui, sachant pertinemment qu'il attendrait un moment de faiblesse de ma part pour me rendre le coup multiplié par mille, je n'étais pas stupide à ce point.

Comme l'on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort, et pour ce qui était de Cole, il était tout simplement hors de question de me reposer sur mes lauriers pour lui donner l'occasion de me rendre la pareille.

Désormais, c'était vigilance vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Hors de question de baisser ma garde, sachant qu'il attendait le moment propice pour me tomber dessus, comme un prédateur ferait avec sa proie. Il était le chat et j'étais la petite souris.

Notre routine était simple : prendre la route ensemble, me déposer près de l'arrêt de bus le plus proche, nous ignorer pendant toute la journée au lycée et me reprendre à l'arrêt de bus lors du retour à la maison. Tout ça, dans le plus pesant des silences, mais je préférais ça à devoir être sur la défensive tout le temps, car ça, c'était vraiment agaçant ainsi que stressant.

Il ne me posait pas de questions, j'en faisais de même.

Mes rapports à Piper ou à Mr Coleman était clairs et précis : pas d'incidents au lycée, Jayden se tenait à carreau. Lorsqu'ils me demandaient comment il se comportait avec moi, je disais tout simplement que tant qu'il ne m'embêtait pas, nous n'avions pas à devenir les meilleurs amis du monde. Le silence, ça me convenait parfaitement.

Mais de temps en temps, je sentais le regard de Cole sur moi, comme s'il tramait quelque chose de tordu derrière ce minois sorti tout droit d'un magazine de mode. S'il n'était pas aussi con, peut-être bien que j'aurais pu faire partie de ces groupies qui s'extasiaient devant lui.

Non ! En y réfléchissant de plus près, ce n'était pas mon genre de m'extasier devant un mec, surtout un blaireau dans son genre.

Étant vendredi en fin d'après-midi, je me retrouvais dans la chambre noire de la salle de journalisme en train de révéler les clichés que j'avais pris mercredi au Grace Hall lorsque je m'y étais rendue avec Soji.

Pendant que moi je faisais les photos, lui interrogeait les sans-abris qui voulaient bien parler avec lui. Il semblait à l'aise, on voyait parfaitement qu'il s'agissait de son élément.

J'avais remarqué que la plupart des personnes squattant cet endroit avaient plus de la cinquantaine. Ayant écouté certaines des histoires que ces pauvres âmes avaient racontées à mon camarade, j'avais compris qu'il s'agissait de vétérans de guerre, parfois encore traumatisés par ce qu'ils avaient vécu, des femmes qui dépendaient de leurs maris et qui s'étaient retrouvées à la rue lorsque ces derniers étaient morts ou encore, des femmes battues qui n'avaient trouvé refuge nulle part ailleurs. Et d'autres maintes histoires que je n'avais pas eu le temps d'entendre.

Je n'arrivais vraiment pas à croire que le maire de Fairfield veuille les déloger alors que le Grace Hall ne servait vraiment plus à rien, ce n'était rien d'autre qu'un bâtiment historique. Autant l'utiliser et l'aménager pour que des personnes sans domicile puissent vivre sans avoir peur de se faire égorger dans la rue, non ?

— Olivia ! me héla Soji alors que j'accrochais un de mes clichés.

— Oui ?

— Il est 17h15. Le cours est terminé.

Si Jamais... (Tome 1) ©Where stories live. Discover now