Chapitre 4

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Anna était emmitouflée dans les couettes blanches de l'infirmerie. Elle tentait de se rappeler de cette fameuse tragédie. Louis Desroses était le jeune frère d'Arthur Desroses, son arrière arrière grand-père. Ils se ressemblaient fortement, mais leur caractère était à l'opposé. Suite à une importante dispute au sein de la demeure familiale, Louis quitta l'Ecosse pour retourner en France. Après, cela, Louis n'eut plus de contact avec Arthurs, dont celui-ci vit sa fuite comme un déshonneur. Personne ne connaissait le visage des enfants de Louis Desroses, outre ceux vivant en France. Il lui serait alors possible de prendre l'identité de la jeune fille sans que l'on puisse en principe douter qu'elle n'était qu'une future descendante de la lignée.

Le soleil laissait peu à peu place à la sobriété de la nuit et il était préférable qu'elle retrouve le Professeur Dumbledore avant la tombée de la nuit. Elle se releva, délaissant les couettes chaudes pour l'air frais d'un mois d'hivers. Elle refit, dans un mouvement ample, son lit avant de se diriger vers la sortie des lieux. Cependant, ses pieds vinrent sitôt se buter dans sa cape. Avait-elle rétrécie dans ce voyage temporel ou était-ce sa cape qui s'était agrandie ? Elle jeta un oeil à sa cape de sorcier, retrouvant bien les couleurs de Serpentard, sa maison d'origine, mais accompagnée d'un insigne qui lui était étranger, celui de préfet en chef. Ce n'était certainement pas sa cape, d'autant plus que maintenant qu'elle y repensait, pourquoi aurait-elle porté sa cape un jour d'août. Depuis le début, elle avait conscience qu'elle portait cette cape sur ses épaules et à aucun moment elle ne prit réflexion qu'elle n'avait pas sa cape au Ministère. À qui pouvait donc bien appartenir cette cape ? Elle ne connaissait personne ici. Elle voulut l'enlever avant de prendre conscience qu'elle portait une jupe et un débardeur, tenue bien trop indécente pour cette époque et Poudlard. Sitôt, elle remit en place la cape, s'assurant que l'on ne puisse voir une partielle de sa peau nue.

- « Vous voulez partir maintenant ? Êtes-vous sûre que vous vous sentez mieux ? » lui demanda l'infirmière, s'approchant vers elle d'un pas vif, pour s'assurer que tout allait bien.

- « Oui. Merci bien. » Répondit Anna, souriant à cette femme. « Oh, par hasard, auriez-vous connaissance du propriétaire de cette cape ? »

- « Je m'excuse, je suis encore nouvelle au sein de Poudlard. Je n'ai pas pu retenir le nom de tout le monde. Mais, c'était un jeune homme. grand et brun, une carrure assez imposante. Je pense qu'il était préfet en chef mais je ne serais vous dire son nom. »

- « Ce n'est pas grave, merci beaucoup. »

Anna quitta l'infirmerie pour se rendre au bureau du professeur Dumbledore. Il lui avait dit qu'il se trouvait à quelques pas de la classe de Métamorphose, la plus grande porte en chaîne de bois noircis. Dans les couloirs, nombreux élèves bavardaient, se promenaient, profitaient des quelques heures libres avant le diner. Certains l'observaient étrangement, peu habitués à ne pas reconnaître un visage d'un élève d'année supérieure, surtout lorsque l'élève en question porte une cape deux fois trop grande pour lui avec l'enseigne du badge de préfet-en-chef. Anna ne faisait guère attention à leurs regards, chuchotements, continuant son cheminement la tête se voulant haute mais les yeux fixant les pierres grises du sol.

Soudain, une voix vint l'interpeller, l'obligeant à stopper sa marche.

« Et toi ! La fille à la cape bien trop grande, arrête toi ! » Ordonna une voix bien trop mielleuse pour appartenir à un garçon.

Anna se retourna pour faire face à celle qui l'interpellait. Elle devait avoir son âge, grande, blonde aux yeux bleus et elle était habillée aux couleurs de Serpentard où s'y trônait le badge de simple préfet.

« Puis-je savoir qui tu es ? Et, pourquoi portes-tu la cape de notre préfet-en-chef ? » Interrogea la jeune fille, le regard noir, pointant du doigt l'insigne qui décorait cette cape bien trop grande pour Anna.

La fille n'avait pas l'air très aimable et Anna se sentie soudainement bien idiote, ne sachant quoi répondre de cet accoutrement.

"Justement, moi-même je me posais cette question. Donc, si tu pouvais m'aider à retrouver le propriétaire de cette cape, cela m'arrangerait".

La fille la regarda, cette fois-ci, de manière étrange. Une grimace crispée ne tarda pas à se dessiner sur son visage. 

- "Es-tu en train de te moquer de moi ? » Demanda celle-ci, se rapprochant un peu plus d'Anna. 

Anna ne savait quoi répondre, d'autant plus qu'elle n'avait aucunement cherché à se moquer d'elle.

Les traits de la jeune fille continuèrent à se durcire, encore plus que lorsqu'elle l'avait interpellée. Elle l'attrapa par le col, prête à lui prendre la cape par la force. Anna était stupéfaite d'un tel comportement, et avait bien du mal à croire qu'elle était dans le passé. 

- « Ton travail est de t'occuper du bon respect des règles de l'établissement et non de te préoccuper d'une telle futilité. » S'exclama une voix, forte et imposante, postée derrière le dos d'Anna.

La jeune préfète, qui avait dès lors lever les yeux vers son interlocuteur, eut l'air à la fois apeurée et charmée. Anna décida de prendre connaissance de cet intrus, pour tomber nez à nez avec un torse. Il ne lui fallut pas plus d'une dizaine de secondes pour, aussitôt, relever la tête et cette fois-ci rencontrer des yeux gris d'une telle intensité qu'ils pourraient, à coup sûr, faire fondre n'importe qui assez insensé pour ne pas défier le diable. Le jeune homme l'a dépassé pour sûre d'une bonne tête, le rendant imposant. Des cheveux de jais impeccablement coiffés, où seule une légère mèche venait habiller partiellement son front si pâle. Sa peau porcelaine était si parfaite comparée à la sienne qui, certes blanchâtre, se garnissait cependant de quelques tâches brunes sur le bout de son nez.

- « Vous comptiez vous rendre au bureau du Professeur Dumbledore, n'est-ce pas ? » Demanda le jeune homme à Anna, sur un ton de voix se voulant aimable, appréciable.

Elle hocha la tête, délaissant celle qui l'avait interpellée pour suivre le diable. La jeune fille fit une moue, retournant également à ses occupations. Anna marchait derrière lui, gardant la tête haute mais toujours le regard à ses pieds.

Le trajet était court mais le silence qui s'était imposé, entre les deux jeunes gens, donna l'impression à Anna que le temps se jouait d'elle, rendant la situation plus pesante et étrange qu'elle ne l'était déjà. Puis, la cape lui revint à l'esprit et elle fit le lien avec celui qui se tenait devant elle. C'était donc lui le propriétaire de la cape. En effet, il ressemblait à la description de l'infirmière. Anna ne put aller au-delà dans ses réflexions qu'ils finirent par arriver au pied de la grande porte de chêne noir, là où le professeur Dumbledore devait présumément l'attendre.

Le jeune homme, au pied de l'imposante porte, se retourna finalement vers Anna,  toujours ce même masque posté sur son visage. 

- « Lorsque vous aurez trouver des vêtements plus ..., hm, décents. Pourrez-vous me ramener ma cape ? »

- « Oui, bien entendu. » Répondit-elle assez gênée, voulant bien croire que son accoutrement était certainement peu convenable à cette époque, d'autant son rang. 

Il la remercia par un signe de tête, avant de la délaisser, retournant à ses occupations.

Anna le trouvait très séduisant, et dire le contraire serait mentir. Même lui était au courant de sa beauté, ne craignant pas de s'en servir pour tromper les gens et s'en servir à ses fins. Mais ça, personne ne s'en doutait. D'autant plus en raison de son rôle qui faisait sûrement de lui une icône de l'excellence. 

Cependant, Anna se douta que quelque chose était étrange dans le comportement de ce préfet-en-chef. Il était impossible d'être aussi parfait et ses traits ne lui paraissaient pas toujours naturels. En tout cas, elle n'avait jamais rencontré un tel spécimen à son époque. Mais bon, elle était  dans le passé et elle se doutait bien que le monde était bien différent. 

Finalement, elle délaissa ses pensées pour d'autres. Le professeur devait sûrement l'attendre. 

La Liaison Dangereuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant