CHAPITRE UN : LES PIEDS DANS LE COFFRE.

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—Pourquoi tu n'es pas chez toi ?!

Une main s'écrase sur ma bouche, me faisant émerger du sommeil en sursaut, avec l'impossibilité de crier. J'ouvre les yeux en grand et me retrouve nez à nez avec le militaire au teint mate. Si je croyais un jour avoir eu peur de mourir, ce n'était rien, mais alors rien, en comparaison de la terreur que je vis à l'instant T. Mon cœur me donne l'impression d'imploser au point que me torde le ventre.

De son autre main, il retient fermement les miennes, ne me laissant d'autre choix que de remuer les jambes pour tenter de m'extirper. La tentative du désespéré. J'ai à peine le temps de faire un mouvement que sa poigne sur mes poignets se resserre, me faisant grimacer de douleur.

Surtout ne pas crier. Ne pas montrer une expression. Ne pas parler. Quoi qu'il arrive, peu importe mon excuse, je suis en tord. Il est vingt-et-une heure passée, cela fait plus d'une heure que je devrais être à la maison. Je suis cuite, mais pas Hakim. Même sous la torture je ne le dénoncerai pas. Il continuera de chercher Lila et il la trouvera.

Comme pour me rappeler que je ne suis pas toute seule avec mes pensées, le militaire renforce encore sa poigne. Je gémis presque, me retenant à temps alors qu'il m'oblige en un geste à le regarder en face.

—Cesse de bouger où il pourrait nous entendre. Pourquoi est-ce que tu n'es pas chez toi ? réitère-t-il, le regard dur et la voix grave et basse.

D'abord intimidée par ses yeux noirs, je remarque ensuite les cernes qui les encadrent, le manque de concordance entre la sévérité de ses orbes et l'intonation de sa voix, l'absence d'arme à feu autour de son torse. Pourquoi est-ce que... ?

Il pourrait nous entendre ? Qui ça il ? Et pourquoi est-ce qu'il ne porte pas son arme sur lui comme tous les autres militaires ? Il en avait pourtant une toute à l'heure !

Ces types sont obligés d'avoir leurs armes sur eux dès l'instant où ils sont en service. Personne n'ignore ça. Dans l'incapacité de bouger, je laisse mes yeux faire une ronde rapide de tout détail pouvant servir à résoudre ce mystère.

—Qu'est-ce que tu cherches du regard comme ça, mon arme ? demande-t-il en haussant un sourcil, visiblement amusé par la situation.

Je ne devrais pas, mais je hoche la tête par réflexe, regrettant mon geste dans la seconde. Rassurée, je vois les traits de son visage s'adoucir alors qu'il soulage légèrement la pression sur mes poignets.

—Mon arme de service est posée contre le coffre, à tes pieds tu peux voir le canon qui dépasse.

Il marque une pause et se décale légèrement sur le côté afin de me laisser vérifier ses dires avant de se replacer face à moi, l'air plus sévère :

—Je vais retirer ma main pour te laisser parler. Sois brève et n'essaie même pas de tenter quoi que ce soit. J'en ai allumé d'autres pour moins que ça.

Je ne doute pas une seule seconde de sa sincérité, c'est devenu la norme pour l'armée que de tuer froidement des civils à la moindre opportunité. Quatorze milliards d'êtres humains sur terre, qu'est-ce qu'un de plus ou un de moins pour ces hommes formatés à l'hyper-violence et au sadisme ?

Appliquant le geste à la parole, le militaire retire sa main, m'offrant la possibilité de parler, me retenant toutefois toujours les mains. Perdue, j'hésite entre lui cracher au visage, tenter la fuite, ou lui braquer sa propre arme contre la poitrine.

Voyant que je n'ouvre pas la bouche, il perd patience et m'ordonne plus durement encore :

—Parle.

Violette!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant