Averse.

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Nous marchons, traversant indifféremment le déluge.

Le joyeux bleu du ciel a entièrement été consumé par la monotonie d'une armée de nuages gris, inspirant une menace mâtinée de mélancolie.

L'épaisse brume laisse s'écrouler de petites gouttelettes translucides et innocentes, frappant le sol de manière douce et brusque à la fois, assimilables à de doux coups de fouet.

L'eau coule, goutte, ruisselle selon ses envies et nous humecte rapidement. 

Des perles d'eau viennent se déposer une à une sur nos visages, nos chevelures, nos vêtements, semblables à la douce rosée de l'aube. 

Mais c'est une rosée bien plus véhémente que nous subissons durant le crépuscule.

Les gouttes d'eau déferlantes redoublent d'efforts et de rage. Elles se déchaînent de façon plus frénétique encore, toujours effleurant nos peaux avec plus de ferveur. Des torrents tombent du paradis.

Nous demeurons là, contemplant et subissant les colères d'Ouranos.

Nous attendons que l'eau nous gagne, en espérant qu'elle lave nos saletés les plus tenaces,

qu'elle efface nos souvenirs les plus douloureux,

et qu'elle expie nos péchés les plus honteux.

Les larmes des dieux arpentent nos corps, comme si elles voulaient les découvrir, en faire les leurs. Avec les égouttures s'en vont la culpabilité et les angoisses.

Nos âmes étant épurées et nos fautes pardonnées, la tempête est passée.

MisanthropeWhere stories live. Discover now