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Et il me tourne le dos en direction d'un bâtiment gris où un gros F était peint en noir. Je sens l'agacement poindre dans mon esprit.  Pour qui se prend-il ce misérable vampire?! Il me faut élever la voix pour me faire respecter et rappeler mon rang élevé par rapport au sien, si minable.
- Par les Dieux du ciel et les démons de l'enfer ! Je te préviens, Christopher Hawst, si tu fais cela moult malédictions te seront jetées et t'enchaîneront au volcan de l'enfer!

Il s'arrête net, soupire, se retourne vers moi, et attend. Je le regarde en haussant les sourcils, j'ouvre mon sac et prends mon plan de la journée. Alors...je suis en 203. Je commence par « étude ». Quelle est cette étrangeté encore ? Chris lit par-dessus mon épaule, lève les yeux au ciel et m'accompagne en « salle polyvalente », qui est une « grande salle où les élèves étudient pendant 1h, parfois 2 » m'explique-t-il. Très bien. Encore une futilité humaine qui ne fait que perdre du temps. Par les Dieux, les humains ont une courte existence et ils parviennent tout de même à ne pas profiter de leur vie et à la gâcher en faisant ce qu'ils n'aiment. Qu'elle est risible, la vermine.
La salle est silencieuse, et il me fait signe d'entrer. Je toque à la porte est une jeune femme m'ouvre. Elle est brune, avec des yeux bruns. Toute simple. Bah, une vulgaire humaine.

-Je m'appelle Karine Asheim et je suis nouvelle ici, je suis apparement sensée être en étude. Laissez-moi entrer, dis-je sans l'embarrasser de formule de politesse.

-Déjà, on dit « bonjour » mademoiselle Karine, ensuite, un petit sourire ne fait pas de mal.
Elle me sourit hypocritement, la paysanne! 
-Après, continue-t-elle sans faire attention à mon regard assassin, vous pouvez entrer et aller vous assoir.

Pour commencer , on ne va pas m'enseigner les règles de  politesses merci ! Déjà que je ne les pratique jamais... Je lui fais un sourire tout aussi faux que le sien, la bouscule et entre dans la salle, Chris derrière moi. Celle-ci est bondée d'élèves. Et il ne reste qu'une seule place, à côté d'un garçon aux cheveux bleu nuit. Ce détail fait « tilt ! » dans ma tête et mon regard se fait soupçonneux. Les élèves n'ont pas levé leur tête de leurs cahiers. Je m'avance dans la salle en m'exclamant, attirant cette fois ci, l'attention de tous les élèves.
-Bonjour tout le monde ! Par les dieux, quelle journée radieuse, non ? Les rayons du soleil sont comme une pluie d'étoiles qui viennent chatouilller ma peau ! La Providence est avec moi aujourd'hui, n'est-il pas?
Et je m'étire, attirant les regards de tous les mâles en chaleur sur moi. J'entends des sifflements dans la salle. Voilà qui est fait. Je souris à la dame, qui semble en avoir rien à faire et vais m'assoir à la table du garçon aux cheveux sombre (en mettant bien en valeur ma silhouette gracile bien entendu. Je tiens absolument à marquer toute personne présente ici). Chris est toujours à mes basques en train de traîner des pieds. Dès que je suis assise, je regarde Chris en souriant de toutes mes dents, satisfaite.
-Bon, j'y vais là, je suis vraiment en retard ! Dit-il, excédé. T'es franchement chiante, Karine !
- Tu pourrais le répéter autant de fois que tu le veux, ça ne changerai rien, tu le sais très bien ! Et, bon sang! Quel vulgaire langage je n'en puis plus! Bon, maintenant, va-t'en ! J'en ai fini de toi!
-Même pas un ptit merci ? S'indigne-t-il. Non,je me fais des idées ! La grande Karine Asheim, faire des politesses ? Impossible !
-Vas te faire manger par les crocodiles des douves, Chris.
-Y'a pas de douves ni de de crocodiles ici, rétorque-t-il.
Et il s'en va en sifflotant. Je me tourne vers mon voisin. Je me fige. Je n'ai pas halluciné. C'est le garçon de mon rêve ! Dans toute sa splendeur. Je suis tellement interloquée que je le regarde, stupéfaite, comme un poulet qui découvre qu'il va servir de dîner. Il me regarde à son tour et sourit légèrement. Par les dieux du ciel et les démons des enfers! Qu'ils me damnent tous ensemble en se tenant gaiement la main! Ses yeux gris parsemés de paillettes d'or me font tourner la tête. Je me reprends et déploie mon Charisme vampirique. Il recule devant la puissance de mon aura dont il n'en a même pas conscience.
Que je vous dise deux trois choses sur le Charisme. D'un, il n'est accessible qu'aux plus puissants. De deux, il enlève toute trace de méfiance envers ledit vampire. De trois, il fait en sorte que la proie est attirée inexorablement vers le vampire et éprouve un attachement et un amour sans borgne à son bourreau en seulement quelques instants.
Je lui souris (du genre sourire de tombeuse avec des dents droites trop parfaites que seul un ange peut posséder), et il me sourit à son tour avant de se replonger dans ses livres, tentant sans doute de m'inciter à faire de même.Quelle immondice. Moi ? Travailler ? Laissez-moi rire ! Je passe le quart d'heure suivant à regarder mon voisin, passionnée. Il est vraiment très beau et a la stature d'un grand roi ! Au bout d'un moment, ma patience s'effiloche, je déchire une feuille de l'un de mes cahiers et écris dessus :
« Bien le bonjour! Ta beauté dépasse l'indécence, tu le sais ? » et je la lui passe. Il hausse un sourcil, le prend, le lit, puis griffonne un truc dessus. « Hey ! Merci, c'est sympa, t'es mignonne aussi ! ». Mignonne? Je ne suis pas mignonne! Je suis offusquée. On dit de moi que je suis belle, magnifique, femme fatale, sexy, tout sauf mignonne! C'est une niaiserie finie! Je fais tout de même fi de cela avec effort et lui lance un sourire séducteur, et je le sens flancher un peu. Qui pourrait résister à mon charme naturel? Et mon Charisme...
40 minutes plus tard, la cloche sonne. Tous les élèves se lèvent, y compris mon beau voisin. Par les démons de l'enfer, que m'ont réservé les Dieux pour la suite de cette interminable journée? Je sors mon agenda. Français en salle c7. Je prends note. Je sors du bâtiment et cherche du regard un grand C. Ah, ça y est, je le vois ! Quelle horreur, elles sont vraiment détestables les couleurs de ce lycée. Tout à coup quelqu'un me bouscule et je fais tomber mon sac. Qui tombe lourdement sur le pied d'un élève à côté de moi. Elève qui hurle de douleur aussitôt.
-HAAAAAA ! Espèce d'enf**rée !
-Eh, miséreux, je rétorque, tu me parles autrement ! Tu me dois le respect tout de même!
-Aïeuuuuh retire moi tout de suite ce truce sal*ope !
Quelle horreur. Sa voix est grinçante comme celles des sorcières et fluette comme celles d'adolescents qui n'ont pas terminé leur croissance.
-Dis donc, Adrian, intervient une voix. On parle pas comme ça aux filles. Surtout aux jolies nouvelles comme elle.
Je me tourne vers le garçon qui a lancé cette phrase (très flatteuse, certes, mais qui ne dit que la vérité). Waw, c'est mon inconnu aux cheveux couleur nuit ! J'éclate de rire sous les yeux médusés des deux garçons. Désolée, mais le spectacle du puceau qui se tortille de douleur comme un ver de terre avec (encore) le sac sur le pied, je suis navrée, mais c'est vraiment trop hilarant. Je reprends mon sac, soulageant le pauvre Adrian et me tourne vers mon « sauveur ». Ma journée devient de plus en plus intéressante et prometteuse! Peut-être ne suis-je pas maudite au final!

AliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant