Diadème de cendres

Chapitre 53: Keryna.

Lorsque je revenais à l'Arbre principal, j'avais le moral au plus bas. Je ne pensais plus qu'à Demyan. Au moins, lui ne risquait rien. Il fallait juste que personne ne remarque qu'il allait trafiquer les alarmes. 

A dix-neuf heures, tous les Scintillants et Elfes qui participeraient au combat se réunirent pour partager un repas. Nous étions en plein air, si on considérait que le plein air existait dans la grotte elfique, installés sur l'herbe verdoyante. Tout le monde tentait de paraître décontracté en cet instant, mais personne ne pouvait s'y tromper, nous avions tous enfilé des masques. Je voyais Yla et Pol discuter avec Hox et j'eu du mal à respirer en les voyant. Combien de ceux présents ici allaient périr? J'avais beau repousser cette question du mieux que je pouvais, elle réapparaissait sans cesse. Mes parents s'approchèrent ensuite de moi. Ils s'assirent à côté et je me forçai à sourire.

— Ca va ma belle? me demanda Pol de son habituel ton bourru. 

— J'ai peur, avouai-je. Peur de vous perdre.

Une larme coula sur la joue d'Yla.

— Je voulais vous remercier, je ne l'ai jamais assez fait. Vous remercier de m'avoir élevé avec amour, comme votre propre fille, et de m'avoir inculquer toutes ces valeurs qui sont maintenant les miennes.

— C'est tout à fait normal, me dit Yla. Tu es notre fille, ma chérie. Puis je n'étais qu'une servante à l'époque, c'était un grand honneur pour moi de t'avoir, et je suis si fière de ce que tu es devenue. 

Elle me prit la main et je la serrai à m'en faire mal. Puis je pris celle de Pol ensuite et nous restions un bon moment ainsi. 

— Je n'ai jamais été très démonstratif, continua Pol. Mais tu sais à quel point je t'aime aussi, ma fille adorée.

Je me mis à sourire et une fois de plus, les larmes coulèrent sur mes joues. Il était rare que je pleure, je pouvais compter sur mes doigts le nombre de fois ou c'était arrivé, mais en ce jour j'avais besoin d'évacuer mon stress. Et comme je ne pouvais pas me battre car Yla m'ordonnait de me reposer, je n'arrivais pas à empêcher mes émotions de prendre le dessus. Et cela n'arrangeait en rien mon angoisse.

Après le repas, nous procédions au rituel. A tous les évènements importants, les Scintillants se faisaient des marques sur la peau, pour que nos déesses nous donne force et courage. Nous prenions alors une sorte de peinture, de la poudre de fleures luminescente mélangée à de l'eau. Puis nous l'appliquions sur notre peau, faisant toutes sortes de symboles. 

J'avais un cercle barré d'une croix sur la joue gauche, signe qui voulait dire guerrière, en ancien Ivraskien. Puis deux barres s'étalaient le long de ma joue droite, symbole du courage. Je souris de satisfaction en voyant mon reflet devant le miroir que me tendit Yla.

Après cela, chacun tenta de se reposer comme il le pouvait en attendant l'heure. Je savais pourtant que personne n'arriverait à trouver le sommeil. Nous allions tenter de bousculer notre destin dans moins de quatre heures. Notre vie dépendait du résultat. Soit retrouver nos pouvoirs, soit périr sous les coups de l'ennemi.