Chapitre 3

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La lueur du matin traverse les rideaux gris de ma chambre

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La lueur du matin traverse les rideaux gris de ma chambre. Lentement, j'étire les bras, puis les jambes avant de me frotter les paupières. Je me redresse contre la tête du lit et plonge le regard sur la ville qui commence à s'éveiller au gré du soleil. Jamais je n'ai été aussi matinale que dans ce quartier. Mon appart, situé au troisième étage, laisse entrer la lumière naturelle et le noie dans sa chaleur. J'adore profiter de cette clarté.

Avec les bourses que j'ai réussi à décrocher durant mes études, j'ai pu me payer cet endroit de rêve. J'aime tout, absolument tout, et ce, dans chacune des trois pièces et demie. La cuisine, composée d'un petit comptoir et des tabourets en guise de table à manger, donne sur le salon, meublé d'une télé à écran plat vissé au mur et d'un sofa deux places. Le reste de l'espace à côté de la baie vitrée est réservé à une immense bibliothèque en chêne. Mais la baignoire profonde dans la salle de bain est mon point faible. Quoi de mieux que de se prélasser si longtemps dans l'eau chaude pleine de mousse que ses doigts et ses orteils ratatinent ?

L'alarme stridente de mon smartphone brise ce moment de quiétude. Arrivée dans la cuisine, j'allume la machine à espresso, ajoute une cup, puis laisse cette petite merveille préparer mon latté matinal pendant que je vais sous la douche. Après m'être séché les cheveux, je tente de me coiffer d'une queue de cheval. Mouais. Un échec cuisant. Me les faire couper jusqu'aux épaules sur un coup de tête la semaine dernière n'était pas la meilleure des initiatives. Comme je n'ai pas le temps de me compliquer la vie, j'opte pour un compromis et relève la moitié de ma crinière en un chignon sur le haut de mon crâne. Il ne me reste plus qu'à enfiler un pull et un jean.

À l'extérieur, j'accélère le pas pour ne pas rater le tramway. L'arrêt n'est qu'au coin de la rue, mais le maudit conducteur du vendredi matin – un vieux grincheux près de la retraite – ne tolère aucun retard, en particulier chez la gent féminine. Il prend un malin plaisir à regarder les jeunes femmes s'essouffler derrière un tram qui repart sans elles. Il nous en veut. Clairement. Peut-être que cela remonte à un traumatisme dans son enfance ? Ou alors, il n'a aucune bonne raison, outre une personnalité affreuse.

Quel imbécile.

Je le hais. C'est pourquoi je prends place au fond, le plus loin possible de cet ignoble conducteur.

Le Succès du Malheur - PUBLIÉ LE 6 MAI 2021 AUX ÉDITIONS NISHAWhere stories live. Discover now