Escalier

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Heyy ! Cette fois, ça ne parlera de meurtrier, ni de suicide, on va aborder un thème un chouïa plus gai, avec la vie d'un escalier. Ca va être extrêmement palpitant XD 

Encore une fois, c'était pour un concours avec une amie, dont le thème était "escalier", vous vous en doutiez un peu je crois. 

D'aussi loin qu'il se souvenait, il avait toujours été placé là, supervisant le salon de ses nombreuses marches, fière de son rôle et de son importance. Il avait été heureux, dans cette maison; il se souvenait des nuits où la petite fille descendait sur la pointe des pieds, évitant les marches qui grinçaient avec habileté pour se frayer un passage jusqu'à la cuisine. Il se souvenait du sourire qui illuminait son visage lorsqu'elle venait déguster son trophée, le plus souvent une part de gâteau, sur sa première marche. Il se souvenait des cavalcades dans les escaliers le matin de Noel, des cris joyeux provenant de la cuisine. Il se souvenait des sacs d'école jetés négligemment dans la cage d'escalier lorsque survenait enfin les vacances d'été, et il se souvenait des après-midi de cache-cache où la petite venait se cacher au dans le placard à balais juste en dessous de lui. Il se souvenait des piles de livres et de jouets qui jonchait ses marches, et des dessins accrochés à ces côtés, dont il était d'ailleurs très fier, et il se souvenait de l'odeur enivrante de la cire dont on l'enduisait pour le rendre brillant. Il se souvenait de la chaleur du chat qui se lovait sur l'angle que formait la rampe de l'escalier. Il se souvenait aussi des pas furieux dans l'escalier, et des crises de larmes qu'il avait encore une fois hébergé en son sein. Il se souvenait du pas lourd de la fillette devenue adulte lorsqu'elle avait descendu pour la dernière fois les marches de sa maison d'enfance. Il se souvenait des armées de pas étrangers qui s'étaient mis à le fouler. Il se souvenait lorsque la nouvelle famille avait emménagé, et combien il avait d'abord été heureux d' héberger à nouveau un enfant, malgré le fait qu'il n'oublierait jamais sa fillette. Il avait supporté qu'on le recouvre d'un affreux tapis d'une couleurs criarde, qu'on accroche des photos du nouvel enfant de la maison partout. Il avait supporté les crises de colère du petit morveux, qui hurlait sans cesse, et le fait que son père ne puisse pas passer sans faire craquer chacune des marches de l'escalier. Vu avec tristesse que l'enfant prenait le même chemin que son père. Eut un accès de nostalgie pour le côté désorganisé et joyeux de son ancienne maison, alors qu'on ne le couvrait plus du moindre livre, que le moindre animal était banni de la maison et qu'on le nettoyait avec un produit agressif qui sentait le chimique.Observé que les escapades pour grappiller de la nourriture pendant la nuit étaient si fréquentes qu'elles n'en étaient absolument plus touchantes, ajoutant chaque nuit son lot de taches et de miettes sur la moquette du salon. Observé avec pitié un nouvel enfant être maltraité et hébergé en son sein, dans le placard à balais. Ait fini par en être franchement irrité, car cette impression d'une personne logée dans ses entrailles lui était franchement désagréable. Découvrir une fissure qui s'agrandissait au fil des jours, jusqu'à devenir voyantes, mêmes pour les créatures insensibles qu'ils étaient. Voir arriver un menuisier, et se faire démonter, planches par planches, pour finir dans la réserve de bûches pour l'hiver. Entendre des bruits de pas, et comprendre qu'on l'avait déjà remplacé par une autre escalier neuf. Et, tout en brûlant lentement dans la cheminée, se demander si son l'ancienne fillette se souviendrait même de lui, si elle revenait ici.




Tel fut le triste destin de l'escalier du 4, Privet Drive, Little Whinning, Surrey.

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