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Percy

C'était une froide matinée, la première de novembre de novembre. Dans les marécages qui bordaient le village de Loutry St Chaspoul, un petit garçon aux cheveux flamboyants était agenouillé, un rat dans la main. 

Il soufflait sur la patte de l'animal, qui saignait abondamment à la patte, là où aurait dû se trouver l'un de ses doigts. Miraculeusement, celle-ci semblait réellement guérir sous le souffle de l'enfant, qui eut un petit rire ravi et le serra contre son coeur. L'animal cessa de trembler, les moustaches frémissantes. 

"Perce, à table ! Le petit déjeuner est prêt.

-J'arrive, m'man."

Le petit garçon sauta sur ses deux pieds et se mit à trottiner en direction de la maison biscornue qui se dressait devant lui, tout en prenant garde à ne pas trop bousculer l'animal sur son épaule.

"-Regarde ce que j'ai trouvé maman ! Je peux le garder ? S'il te plaît ! Regarde comme il est mignon !"

Sa mère, à la chevelure toute aussi rousse que son fils s'avança vers le rat, et un sourire d'une gaieté forcée apparu sur son visage bouffi de larmes, déjà ravagé par de longues nuits sans sommeil.

"-Tu promets que tu t'en occuperas ?"

Le petit hocha vigoureusement la tête, et posa une main protectrice sur la fourrure brune de l'animal, qui approuva en craquant vigoureusement des dents.

"Bon, c'est d'accord. Mais je dois vérifier qu'il n'apporte pas de maladies ici."

Tandis qu'un sourire béat fleurissait sur le visage constellé de tâches de rousseur sur le bambin, le rat se mit à trembler de façon incontrôlée en voyant la mince baguette de bois de la femme pointée sur lui. 

"Arrête maman ! Tu lui fais peur. Je vais le laver moi-même.

Sa mère acquiesça, et installa le bébé grassouillet qui trônait jusque là dans ses bras sur sa chaise haute, tout en appelant d'une voix forte ses autres enfants. Une cavalcade dans l'escalier plus tard, et s'en était fini du calme apparent de la scène. Quatre têtes rousses apparurent à la table de la cuisine en piaillant. 

Tandis que la mère tentait vaguement de ramener le calme, Percy shampouinait avec tendresse le petit animal au-dessus du grand évier où s'épluchait des pommes de terre. Lorsque sa mère eut mit fin aux chamailleries des deux enfants dont les visages constellé de tâches de rousseur était en tout point identique, hoché la tête avec intérêt devant une nouvelle anecdotes sur les Magyars à pointes et reprit sa baguette subtilement dérobée, Percy était de nouveau à table, son  rat serré contre lui, emmailloté dans un torchon propre. Il attaqua son porridge avec enthousiasme, en proposant de temps à autres à son animal. Sitôt son repas finit, il monta dans sa chambre et en claqua la porte avant de se tourner avec adoration vers le petit animal. 

"Je sais ! Je vais t'appeler Croûtard."

Le rat se lova contre l'épaule du garçon. Il avait chaud. Il était en sécurité. Tout irait pour le mieux. 

***

Dans une cellule humide, isolée en pleine mer déchaînée, un homme au yeux d'un gris métallique et aux longs cheveux d'un noir profond se releva brusquement de sa paillasse, observant la lune presque pleine avec une tristesse profonde. Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle il ne s'était pas laissé tomber dans le désespoir, qu'une seule personne pour laquelle ses prunelles brillaient d'une lueur meurtrière. 

"Peter" grommela-t-il d'une voix rauque et chargée de menaces.

A des kilomètres de là, un petit rat d'un brun terreux se réveilla en sursaut, le dos couvert de sueur.