Chapitre 1 : Une torche et des baies

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J'ai passé ma vie dans la sûreté de Cierzo, à l'abris de la brutalité extérieure. Mais la vie à Aurai n'est jamais si facile. Pour toute la sécurité que ma tribu procure, ses lois sont très strictes : ce ne sont pas les individus qui sont jugés, mais les lignées. Oui, les échecs de ma lignée pèsent sur moi. Ma grand-mère à autrefois ruiné la tribu, ce qui a valu à ma famille de recevoir un Prix du Sang. Depuis, nous continuons de payer le prix de ses actions. J'ai rejoint mon vieil ami Yzan pour une expédition maritime, en espérant que l'argent récolté pourrait payer mes dettes. C'était une erreur. J'ai de la chance d'être en vie après que nous ayons fait naufrage à notre retour. Je n'ai maintenant plus le choix : je dois me relever et faire face aux étendues sauvages au-delà des murs. Je dois bâtir mon propre avenir ou mourir en essayant.

Je me réveille sur du bois sali par le sable. Les embruns de l'océan me rassurent mais pas la pénombre ambiante. Je me rends compte alors que je suis à l'ombre du mât de notre immense navire, échouée sur un ponton. Je suis en sous-vêtement, j'ai froid et si un quelconque ennemi approche, je n'ai que mes pieds et mes poings pour me défendre. Autant dire que je suis à poil. Je trouve un premier cadavre. Un pauvre matelot pris de court par le naufrage, comme moi. Il n'a pas l'air d'avoir souffert. Je me demande lequel de nous deux est le plus chanceux quand, un peu plus loin, je vois une source de lumière et un second cadavre à côté. Un autre matelot.

Je m'empare de ce qui semble être une torche rudimentaire. Celle-là aussi, c'est une chanceuse. En plus de me donner de la lumière, elle me réchauffe un peu et ça fait du bien. Je commence à comprendre ce qu'ont dû ressentir les premiers Hommes à la découverte du feu. Je continue à avancer. Le sable sous mes pieds est froid, lui aussi... Hallelujah ! Je reconnais un buisson de baies comestibles. Cela fait plusieurs bonnes nouvelles d'un coup et celles-ci me poussent à rester en vie :

1- Je ne suis donc peut-être pas si loin de chez moi

2- Je ne suis pas tomber en terre stérile donc je dois pouvoir trouver autre chose que des baies à manger, comme des oiseaux par exemple.

3- Je vais pouvoir avaler quelque chose et vivre un peu plus longtemps

Tous ces constats me remettent du baume au cœur et même le ciel s'accorde progressivement à mon humeur. En effet, les premiers rayons du soleil commence à poindre à l'horizon. Lorsqu'on lira ses mémoires il sera écrit : Tout a commencé avec une torche et des baies.

Journal D'OutwardWhere stories live. Discover now