Chapitre 2 : Yzan

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J'ai décidé de prendre ma mésaventure comme un nouveau départ, une renaissance. Mais rapidement, quelque chose m'inquiète. Où est Yzan ? J'ai eu beau faire tous les cadavres des environs je n'ai trouvé que quelques matelots, deux mousses et la vigie. Je ne serais donc pas la seule survivante ? Si tel est le cas, ça fait une bonne nouvelle de plus. En avançant le long de la plage, je trouve des algues. Ma grand-mère n'avait pas que des mauvais côtés puisqu'elle m'a appris à m'en servir pour me soigner. Une médecine douce, rudimentaire et traditionnelle mais toujours efficace.

Enfin, juste à côté je trouve également de quoi me vêtir. Ce ne sont que des loques faites avec des restes de voile mais ma pudeur est plus que satisfaite désormais. Comble du bonheur, je m'aperçois que je suis à l'embouchure d'un fleuve qui se jette dans l'océan. Je n'ai qu'à le remonter de quelques pas pour trouver de l'eau douce et fraîche qui ravi immédiatement mon gosier, asséché par tout ce sable. C'est alors que je commence à trouver tout ça un peu trop facile. Soit cette terre est béni par Elatt et je suis sacrément chanceuse, soit je suis déjà morte et en route vers le jugement dernier.

C'est alors que j'aperçois un brasero, puis deux, puis trois qui semble indiquer un chemin. Au bout, une tente dans laquelle une personne vêtue de rouge est en train de prier devant un feu de camp. Je le savais... C'était trop beau pour être vrai.

En me rapprochant, mon sang ne fait qu'un tour. C'est Yzan ! Il est immanquable avec son bras et sa jambe prosthétiques, sa peau mate et son chapeau flashy ! Cependant, alors que je le croyais à genoux devant le feu je me rends compte qu'en réalité, il prie devant le cadavre d'une jeune femme qu'il me semble connaitre. Je le laisse terminer et lorsqu'il relève enfin la tête, sa bouche s'étend en un large sourire :

"Emy ! Vous êtes en vie ! Vous devez avoir très froid ! Venez donc vous réchauffer près du feu !" Je voulu lui dire que sa présence me réchauffe bien plus que son feu mais il serait impoli de refusé son offre. D'autant plus qu'il n'a pas entièrement tort. Toujours pied nu, je sens mes orteils gelés à petit feu. Une fois que je me sens mieux, je lui pose enfin la question qui me taraude :

--Yzan où sommes-nous ? Je ne me souviens que de notre navire contre les rochers...

-Rassurez-vous nous ne sommes pas loin de la maison. Vous voyez le phare là-bas ? me montra-t-il d'une main avenante, Eto s'en est sorti lui aussi, il est parti chercher du secours à Cierzo.

-Eto est en vie ? Merci Elatt ! Répondis-je soulagée.

-Haha C'est un Kazite après tout. Ces hommes-là sont nés sur des bateaux. Ce n'est sans doute pas le premier naufrage duquel il réchappe, plaisanta-t-il, Reposez-vous sur un de ces sacs de couchage près du feu. En attendant, je garderai un œil ouvert pour vous, Eto et les secours.

Yzan est un ami de longue date et cette tragédie me permet de voir son inquiétude et sa propension à prendre soin de moi, il mérite au moins ma gratitude et mon respect pour cela. Je m'exécute donc sans un mot, m'allonge et ferme les yeux instantanément. Je ne m'étais pas rendu compte de ma fatigue. Tous les muscles et les os de mon corps hurlent leurs souffrances maintenant que je suis rassurée mais mon épuisement prend le dessus.

A mon réveil, je suis chez moi.

Journal D'OutwardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant