Chapitre 3 : Un réveil difficile

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J'essaie de remettre de l'ordre dans mon esprit. J'ai fait un affreux cauchemard dans lequel je rêvais que quelque chose me capturait. Le contraste entre l'horreur de mon rêve et la chaleur de mon foyer me donne un haut-le-cœur. Je suis cependant soulagée d'être de retour dans mon lit, chez moi, au phare de Cierzo. Je comprends qu'Yzan a dû me ramener jusqu'ici et même si j'ai encore mal dans toutes les fibres de mon corps, mon estomac est le plus fort. Il est temps de prendre un bon petit déjeuner.

Je commence par abandonner les loques qui avait protégé mon corps du froid et du regard d'Yzan, pour enfiler une tenue plus confortable et présentable : une vieille robe verte que ma mère m'avait cousue dans ces vieux jours et mes bottes d'ouvrière. En descendant au rez-de-chaussée, je trouve ma fidèle sacoche et la pioche de mineur que je tiens de mon père, suspendus dans l'entrée. Dans un simple trou, au milieu du sol de mon salon, un feu est déjà allumé "Merci Yzan." J'en profite pour prier et remercier Elatt et les cinq vents d'être encore en vie.

Mon phare est en bois. Du moins, en majorité. Seules les fondations sont en pierre, un signe de plus que ma tribu n'est pas très riche et moi, je viens de leur faire perdre un bateau et des Hommes. Je soupire. Mon Prix du Sang va encore augmenter et je sais que je vais devoir dédommager tous ceux qui ont perdu un proche dans le naufrage. Si ma malchance continue, je suis sûre de mourir avant d'avoir tout rembourser, comme mes parents avant moi. Je ne connais pas les trois-quarts des personnes qui sont décédés lors du naufrage alors il m'est difficile d'être triste.

Pourtant, des larmes montent et finissent par coulé sur mon visage. Ce n'est pas de la tristesse, mais ajoutez mes multiples douleurs, avec mon insurmontable désespoir ainsi qu'une pincée de culpabilité et vous avez un cocktail qui me fait tomber à genou, le visage dans les mains, en pleurant toutes les larmes de mon corps. Seule la faim qui me tenaille me pousse à me relever et à descendre au sous-sol.

C'est là que se trouve ma cuisine et mon garde-manger. Il fait plus frais ici et heureusement, sinon mes denrées, acquises à la sueur de mon front, pourriraient plus vite que mes dettes ne se remboursent. Je soulage mes entrailles avec quelques fruits tant bien que mal. Ma gorge, encore nouée par le chagrin, m'oblige à avaler de petites bouchées sous peine de m'étouffer. Progressivement, mon visage sèche et mes yeux aussi. J'ai encore la boule au ventre mais je sais que mon appétit est satisfait.

Ainsi, je puise ce qu'il me reste de courage pour faire mon devoir. En effet, je dois aller expliquer ce qu'il s'est passé à Rissa Aberdeen, la chef de la tribu. Je remonte, met ma sacoche sur le dos et empoigne ma pioche avant de décider de sortir. Alors que j'ai la main sur la poignée et que je souffle une dernière fois pour me rassurer, j'entends une curieuse clameur à l'extérieure...

Journal D'OutwardWhere stories live. Discover now