Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2]

17 - Elishia

CHARLIE

L'attente était insupportable et la nervosité de Lucius n'aidait en rien. Tout semblait s'arranger pour qu'elle ne puisse que s'inquiéter. Allic avait dit qu'ils devaient se calmer, qu'ils ne pouvaient pas sortir encore sans se faire repérer. Sauf Félix, qui était parti dès l'aube 'régler une affaire pour Taesch', puisque personne ne le connaissait. C'était aussi insupportable que quand on disait quelque chose comme 'Ne regarde pas en bas'. Et Charlie avait terriblement envie, à ce moment, de regarder en bas.

D'un commun accord, ils avaient envoyé Kephaziel à la pêche aux informations. Il était leur seul allié capable de faire cela, ici. A Ravenwell, elle n'aurait eu qu'à en parler à son père et tous leurs gens se seraient mis en branle pour leur apporter tout ce dont ils avaient besoin dans l'instant. 

Mais ici, Allic devait faire profil bas et Kephaziel était un Chasseur, il n'attirerait pas l'attention en se renseignant sur un sujet comme celui-ci. Quant à eux, ils devaient attendre dans ce salon bien décoré.

Au bout d'un moment, elle se leva, comme montée sur ressort pour se diriger vers la porte. Lucius, aussitôt, s'interposa. Elle soupira.

"S'il te plaît, Lucius.

- Je vais juste dans le jardin."

Lucius sembla parfaitement suspicieux. Il était nerveux et remonté comme un réveil depuis qu'ils avaient vu Isobel à la télévision.

"Pourquoi ?

- D'abord parce que je veux, j'ai besoin d'air. Et ensuite parce que je ne crains rien, il y a des brise-vue tout le long des murets."

Elle passa une main tendre sur sa joue et Lucius sembla se détendre. Elle sentait bien que sa magie le travaillait. Elle commençait à savoir comment il fonctionnait, alors elle l'attira à elle et le serra contre elle, assez fort pour sentir ses muscles se détendre sous cette étreinte.

"Ne t'en fais pas, je veux sauver Izzy autant que toi, je ne ferais rien pour compromettre la mission."

Lucius hocha la tête et passa une main dans ses cheveux emmêlés avant de la laisser partir. 

Lorsqu'elle arriva dans le jardin, elle déglutit doucement. L'endroit était meublé comme un salon, mais en plein air. Un rocking chair faisait face à une grande pelouse au centre de laquelle on trouvait un énorme bassin rempli d'eau bleue comme celle des lagons de kalin - sans doute trafiquée grâce à un produit chimique, les humains aimaient ce genre de chose. Le froid de la matinée la surpris et elle resserra sur son corps la veste d'officier rouge - c'était apparemment permis de porter des habits dans un style militaire, même si on n'était pas soldat - qu'elle portait au dessus de la robe que lui avait prêté son hôte.

Deux jours auparavant, ils avaient appris où se trouvait Isobel et qui la retenait. Kephaziel leur avait montré de nombreux rapports de médecins, forcément falsifiés puisqu'Isobel était à Nox depuis ses quatre ans. Quoique veuille l'homme de pouvoir, il avait préparé son plan depuis des années.

Le Président, elle l'avait vu en photographie, la veille. Il avait un sourire des plus charmants et semblait aussi faux que ses dents blanchies à la chaux. Il serrait la main d'un homme à la longue barbe blanche sur cette peinture instantanée et Allic lui avait expliqué que c'était le chef du syndicat des retraités. Puis, il avait passé une heure à lui expliquer le principe d'un syndicat. Au bout d'un moment, Charlie avait compris que toute la structure politique lumeni était un grand n'importe quoi où on essayait de faire croire au peuple qu'il avait le pouvoir alors que pas du tout.