Lady von Dast [Ruthless Ravenwell - 2]

28 - Burn It Down

LUCIUS

Lucius avait l'impression d'être un faussaire. Il lui semblait s'approprier une histoire qui ne lui appartenait pas. Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression de ne pas être le héros de sa propre histoire. Et il s'en fichait. Il se sentait tellement mieux maintenant qu'il avait pris du recul dans les décisions de pouvoir.

La bonne remplit leur tasse une dernière fois et affirma qu'elle allait se coucher.

Lorsqu'il eut finit de parler, un long silence envahit la pièce comme une ombre pesante dont aucun d'eux ne saurait s'émanciper. Le directeur de la Guilde de Nox fronça les sourcils et massa ses tempes, comme s'il était dans un pétrin imprenable.

"Vous avez laissé le Président avec un artefact magique de classe F ? Vous êtes malades ?"

Le regard que jeta Caleb Mah à Kepha et Lucius les fit frémir. Était-il trop tard pour fuir et recommencer leur vie ailleurs ? Rompre avec ces vieux grincheux qui ne reconnaissaient jamais leurs efforts ? Dormir plus longtemps qu'on ne leur aurait jamais permis à la Guilde ou au Palais ? Lucius en avait marre qu'on lui reproche des trucs.

Alianora, qui s'était changée rapidement en haut pour une robe longue à la jupe fendue et qui arborait ce que Lucius aimait à appeler 'la tresse du futur', tellement elle était complexe et chargée de bijoux, leva la main comme une écolière parfaitement charmante.

"Classe F ... C'est grave ?"

Caleb la regarda avec un effarement tel qu'elle aurait pu lui chanter la dernière chanson grivoise populaire sans le choquer plus.

Il prit le temps de retrouver ses sens et soupira doucement en fusillant du regard Kepha.

"Classe F comme Fin du Monde. Bon sang Kephaziel, tu as vraiment entraîné des civils dans ce genre d'opération sans même leur donner un cours de basiques ?"

Il était évident qu'Oncle Yvan était resté tranquille trop longtemps parce qu'il fit alors racler sa chaise bruyamment sur le parquet, ce qui réveilla Shea et fit sursauter Charlie. Il avait les sourcils froncés au maximum il n'en avait que faire des Chasseurs et de leurs problèmes.

"Je vais chercher Isobel. Nous partons sur le champ."

Lucius avait tôt su dans sa vie qu'il valait mieux ne pas contrarier son oncle quand il dégageait ce genre d'auras meurtrières. Depuis la fois où, très jeune, il avait tanné son oncle pour se rendre à la maison de sa tante Lucie, jusqu'à le rendre furieux. Cette fessée mémorable lui brûlait encore les fesses, rien qu'à y penser.

Mais Charlie ne le savait pas, elle. Elle ne prit même pas la peine de se relever pour saisir le poignet de son beau-père et l'arrêter.

"Non, Yvan. N'avez-vous pas entendu ? Nous avons commis une erreur qu'il nous faut réparer."

Son regard était déterminé, son port altier et sa prise ferme, mais cela n'empêcha pas la gifle de partir. Le coup claqua sur sa joue et Charlie en était encore choquée quand elle se fit soulever avant d'être plaquée contre le mur. Yvan n'avait jamais hésité à passer par la manière forte pour faire comprendre quelque chose à ses enfants.

"Charlette, je crois que tu ferais mieux de te faire petite ! Tout ceci n'était censé être qu'une mission de détection ! Vous n'étiez pas censés vous jeter dans la gueule du loup comme des enfants stupides ! Pourquoi est-ce que tu ne peux pas juste obéir aux ordres ?"

Quelque chose d'inattendu se passa alors. Charlie aurait dû abandonner, se résigner. Yvan avait raison, ils avaient été stupides. Au lieu de cela, elle le repoussa de toute ses forces.