21.

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Noémie

Cinq mois auparavant...

Tout en fredonnant à mi-voix « Take on me » du groupe A-ha, je referme la porte de l'appart.

I'll be coming for your love, OK ?

(Je viendrai pour ton amour, OK ?)

Take on me

(Emmène-moi)

Take me on

(Prends-moi)

Arrêtant mon MP3, je le range dans mon sac avant de me débarrasser à la hâte de mon duffle-coat pour l'accrocher au portemanteau. En passant devant le séjour, je balance joyeusement mon fourre-tout sur le canapé et poursuis vers la cuisine. Après m'être rapidement lavé les mains, je soulève le couvercle de la marmite restée sur la cuisinière. C'est du ragoût. La spécialité de ma mère. Excellente, au demeurant. Seulement, je n'ai pas vraiment faim. Le couvercle retrouve sa place sur le récipient.

Généralement, après sa nuit de travail, Daphnée accompagne Shelley à l'école, fait un peu de rangement et prépare le repas avant de plonger dans son lit. Je me suis toujours demandé comment elle arrivait à garder tant d'énergie. D'autant plus qu'elle dort rarement plus de trois ou quatre heures.

Me sentant vaguement coupable, j'opte pour un sandwich.

Tout en le préparant, j'anticipe ma soirée avec Adam. Les heures vont me sembler bien longues en attendant. Aujourd'hui, j'avais l'impression que la matinée ne se terminerait jamais ! Ces quelques heures de ménage dans cette petite entreprise m'ont paru interminables. J'ai bossé en mode pilotage automatique.

Depuis près d'un mois à présent, si ma famille se doute bien que j'ai un nouveau copain, ils ne savent rien de lui. Seule Megan est au courant. De toute façon, je n'ai jamais rien pu lui cacher. Et puis, j'avais besoin de me confier. Et surtout, il me fallait ses précieux conseils !

Je sais qu'elle peut m'aider à garder les pieds sur terre. Parce qu'avec Adam, j'ai trop tendance à carrément vivre sur un petit nuage ! Chaque fois que je le regarde, j'ai l'impression que je vais littéralement exploser. Quand je m'approche de lui, des papillons se mettent à virevolter dans mon estomac et mon ventre se tord délicieusement...

Des bruits de pas dans le couloir attirent mon attention. Ça ne peut être que Ian. Ma mère doit dormir à poings fermés à l'heure qu'il est. C'est étrange de le trouver à la maison à cette heure. En même temps, depuis quelques mois déjà, je ne le reconnais plus.

Comme je tourne la tête à son approche, mon cœur fait une embardée.

— Mais, bon sang Ian ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? m'exclamé-je en lui faisant face.

Le pas lourd, il entre dans la pièce tout en jetant brièvement un regard éteint dans ma direction.

— Ian ? l'interpellé-je encore en sentant ma gorge se serrer.

Si son visage tuméfié — œil au beurre et lèvre fendue — et sa main droite bandée ne m'avaient pas déjà horrifiée, rien que son attitude l'aurait fait. Il semble comme déconnecté. Détaché de tout.

Mes larmes menacent tout à coup de dévaler mes joues. Je parviens à les réprimer.

Ces derniers mois, je voyais bien que Ian allait de plus en plus mal. Je le savais tourmenté. Inquiet. Je me sentais d'autant plus coupable que je suis à peu près certaine que ces ennuis sont directement liés à ce fameux « coup génial qui devait lui rapporter un max de tunes » dont il m'avait parlé. Mais j'avais refusé de l'écouter. Après ça, je l'avais vu couler à pique sans pouvoir rien faire.

Pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant