18. La désillusion (corrigé)

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Ce n'est qu'après trois kilomètres, et en ayant roulé à toute vitesse, que Livia décide de s'arrêter. En rage, elle était partie sans se retourner, laissant John seul avec un Steeve en piteux état.

Elle regarde sa montre qui lui indique qu'il est six heures. Le matin est déjà présent, entraînant avec lui l'espoir d'une meilleure journée.

Sa poche commence à vibrer, et elle y plonge la main pour en sortir son téléphone. Le nom de John apparaît sur l'écran.

- Allô répond-elle, plus par obligation que par envie.

- Livia, tu vas bien ? J'ai eu très peur pour toi, où es-tu ? S'inquiète son patron.

- Je suis sur le bas côté de la route, un peu en dehors de la ville le rassure-t-elle. Et toi ?

- Je suis encore chez le petit, l'ambulance l'a pris en charge. Je dois me rendre au commissariat, les flics veulent ma déposition. Tu devrais venir.

- John non, commence-t-elle à lui répondre avant de se faire couper la parole.

- En fait, c'était pas une proposition, tu ramènes ton cul ici.

Il a raccroché mais, vu le ton de sa voix, la jeune femme comprend qu'elle n'a pas le choix. Elle remonte donc sur sa moto et fais demi-tour. Que pourrait-elle raconter se questionne-t-elle. La vérité ? Impossible, cela couperait net son enquête. Improviser, mentir ? Elle ne peut pas, son père aurait honte...

C'est en arrivant sur place qu'elle se dit qu'elle improvisera. Elle retrouve John, le visage fermé. Pour la première fois, elle se rend compte que son boss prend de l'âge. Peut-être que cette nuit l'a fait vieillir d'un coup. Où est-ce tout simplement les marques d'une nuit trop agitée. Elle s'approche de lui, curieuse de voir sa réaction. A sa vue, le regard de John s'illumine, il est rassuré de la voir bien vivante et de la savoir présente à ses cotés pour son ami.

- Viens ma belle dit-il en lui tendant la main et la poussant en avant pour qu'elle le précède, lui laissant peu de chance à la fuite de fuir.

L'intérieure du commissariat est comme dans ses souvenirs. Elle y avait déjà passé de nombreuses heures avec son père. A l'époque, elle était la mascotte du service, et il aimait ces moments de partage avec sa petite fille.

En y pénétrant, elle sourit. C'est dingue comme le destin me ramène toujours ici commence-t-elle à penser. L'ancien boulot de Mike, l'assassinat de ses parents, et maintenant la tentative de meurtre de son meilleur ami.

Elle poursuit son chemin, jusqu'à la porte au fond du couloir indiquée par le policier à l'accueil. Le lieu est en ébullition, ici et là, les portes se claquent, les individus courent, d'autres hurlent et ce dans tous les sens. Cela ne perturbe cependant pas les deux témoins qui demeurent dans leur bulle.

La fameuse porte s'ouvre et tous deux découvrent le Lieutenant Brassou. Petit et moustachu, il a tout d'un flic ripoux s'amuse à penser la jeune femme.

- Asseyez-vous dit-il un peu autoritaire.

John, comme un soldat, exécute l'ordre et s'installe face à Brassou. Livia le suit dans son mouvement.

- On va d'abord s'intéresser à vous : qui êtes-vous et quels sont vos liens avec Steeve Maghy ?

Livia s'étonne, c'est vrai qu'elle n'avait jamais pensé à lui demander son nom de famille.

Tous deux se présentent, et la jeune femme est rassurée car son nom n'a pas eu l'air de faire mouche au lieutenant. John explique le comment ils connaissent l'ado et Brassou, derrière son pc, prend note de tout en effectuant de temps en temps des pauses pour se masser le poignet.

-Saleté de tendinite, dit-il plus pour lui-même. Il leur sourit en comprenant qu'il a pensé à voix haute.

Pour en revenir aux faits de cette nuit et de ce matin, que pouvez-vous me dire ?

John prend la parole et explique comment, tard dans la journée précédente, Steeve avait perdu sa maman et que, aveuglé par la haine, il était parti régler ses comptes avec son beau-père.

-Comment se nomme-t-il ?

- Abbe murmure Livia.

- Qu'est-ce que vous...

La porte s'ouvre, et un flic un peu plus jeune y entre sans avoir pris le temps d'annoncé son arrivée surgit.

- Lieutenant, c'est Kiss, il est là marmonne-t-il le plus bas possible.

Brassou hoche la tête et s'excuse de devoir s'absenter. Tous deux ressortent.

Livia croit avoir mal entendu, après tout des Kiss il y en a des tas. Non, c'est impossible mais elle veut en être sure et certaine.

Elle se lève de sa chaise sous les yeux ébahis de John qui la questionnent.

- Je vais faire pipi le rassure-t-elle, en souriant.

Essayant de se faire discrète, elle retourne dans le hall.

Et là, à travers une vitre, elle aperçoit Abbe et ... Kiss. Tous les deux sont couverts de sang.

Du sang... Est- ce celui de Steeve ? La rage monte en elle, et pénètre chacune des cellules de son corps. Elle ne veut pas y croire et pourtant tout concorde.

-CONNARD, hurle-t-elle.

Dire que de Kiss, elle ne rêvait que d'une chose, l'embrasser. Maintenant, c'est l'envie de le tuer lui aussi qui l'envahit...

La vengeance pour oxygène (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant