11- Gamin, aide nous

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Amaï n'a pas mis longtemps à trouver le fameux quartier saint Michel. Heureusement son sens de l'orientation aiguisé et les indications claires d'une carte de la ville lui sont venus en aide. Aussi, c'est plutôt une ruelle froide et dans la pénombre qui se dresse devant le mercenaire, plutôt qu'un joli square au parc arboré et entretenu par les agents de la ville. Enfin, ce n'est pas un lieu comme celui-ci qui va l'effrayer, au contraire, un coin de ses lèvres se dresse discrètement vers le ciel en un rictus mauvais. Si des adversaires veulent s'en prendre à lui, aucun doute il est prêt à en découdre.
L'homme avance doucement, prend le temps d'observer les environs, tente de retenir le maximum d'informations. Arrivé à la moitié du chemin, un rideau de fer semble clôturer l'accès d'un garage en bas de l'immeuble. Le calme règne, ce qui attire davantage l'attention du mercenaire: trop calme pour une grande ville.
Alors Amaï s'avance, lit le nom des habitants sur l'interphone cherche sur d'autre porte un certains « Félix », mais en vain.
L'attente est de rigueur encore une fois. Mais peux importe, si Shireen porte un espoir dans ce gamin, alors c'est qu'il en vaux la peine.
Prenant son mal en patience, l'homme s'installe dans la rue en restant debout, le dos appuyé contre un mur et attendant de voir le visage du jeune homme ou de sa mère.
Le temps s'écoule lentement et la chaleur qui règne fait perler des gouttes de sueurs sur le front d'Amaï dont l'esprit fini par vagabonder. Il pense à la sorcière, à cette traque qu'il a mené pendant longtemps dans le but de la tuer, puis de la torturer, jusqu'à ce jour où elle a fini dans les filets de l'organisation « au nom de la Rose ». Il pense à toutes ces fois où son cœur c'est apaisé à ses côtés, dans les pires situations que la vie a pu leur infliger, à ces fois ou la haine laisse place à ce qu'il ne s'était jamais autorisé a dire ou même penser: l'amour.
Non, il n'a jamais réussi à tuer là sorcière car dans le fond il l'a comprend. Son père, Amaury, c'était de sa faute si la belle l'avait tué avec autant de cruauté. Après tout, son paternel n'avais pas fait mieux en éliminant ses « sœurs » en les traquants une par une avant de les mettre en tas sur un bûcher géant et de les brûler vivantes, le ventre parfois rond, attendant un enfant.
Amaï se souvient encore des larmes qui ne cessaient de couler ce jour là, juste après que ses sœurs et le roi de France furent tués. C'était la fin d'un règne, mais aussi la fin d'une époque. Une ère d'hommes s'était mise en place et plus aucune autre espèce ne serait tolérée comme égale de ceux-ci. Une folie, sans nom, une domination sans égal, un génocide féroce et sans pitié avait eu lieu et sans jamais qu'on ne parle de nouveau des sorcières et de la magie comme existant réellement.

Des bruits de pas alertes Amaï. Des jeunes, six, pénètre dans la rue en tirant par le col un septième qui résiste tant bien que mal. L'un d'eux est armé d'un bâton rond et épais, un autre possède des bagues, toutes sur la même main et en forme de pointe quand aux autres, ils ont d'accroché à la ceinture couteaux ou pistolets.

- Alors mon chat, ta pas la tune, c'est pas grave, on va demander à ta veille, menace l'un d'entre eux en amenant le malheureux face au rideau de fer.

- De toute façon, elle va même pas s'en souvenir, Félix! Déjà ton prénom j'suis pas sure qu'elle s'en souvienne, se moque un autre.

Le jeune homme brun, à la taille fine et plutôt moyenne grogne, puis tente de se rebeller. Contre toute attente, ce n'est pas les voyous qui ouvrent, mais Monique, les yeux en larmes qui supplie qu'on laisse son fils enfin libre et en paix.
Amaï, après plusieurs minutes d'observation, fini par se lasser de la scène. Les querelles de petites frappes l'ennuie au plus haut point et celle-ci particulièrement. Le jeune homme n'a clairement pas la force de lutter contre six maigres, drogués et à la botte d'un chef aussi idiot que laid.
S'avançant tranquillement, laissant la semelle de ses chaussures résonner sur le bitume, il regarde dans un premier temps le sol, l'air décontracté. Ses mains fourrées dans les poches de son pantalon blanc, il redresse son visage vers les jeunes qui finissent par le remarquer.
Subitement, l'apparence d'Amaï change, la tenue reste la même, mais son physique redevient celui du mercenaire barbu, au regard glacial et aux muscles saillants.
La surprise se lit sur les visages. Certains ont peur, celui de Félix devient haineux et Monique semble plutôt soulagée.

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