Chapitre 17

171 11 1
                                    


Le dimanche, James rentra enfin chez lui. Il avait passé toute la semaine à faire des allers retours à l'hôpital, pour ensuite pouponner avec sa mère chez elle, mais le lendemain il reprendrait le travail.

Il avait su ne pas communiquer sa mauvaise humeur en façonnant un masque parfait. Il n'y avait que le soir où il pouvait être lui-même, une fois dans sa chambre. Il y avait bien eu un moment où il avait vu rouge et avait failli craquer devant sa famille. Ce jour où Helen lui montra le joli bouquet qu'elle avait reçu de la part de Sam, après que Camellia lui avait eu envoyé une photo des jumeaux. Pourtant, James lui avait fait comprendre d'oublier sa famille, mais il semblait que Sam n'en ait fait qu'à son bon vouloir. Le message préventif qu'avait envoyé James suite à cet épisode n'avait reçu aucune réponse.

Le lendemain, il reverrait Sam et n'était pas enchanté par cette perspective. Il n'aurait à le supporter qu'une heure pour la première journée, mais il y aurait inévitablement les autres jours. Il ne pouvait pas arrêter le temps pour oublier.

Le lundi, James se fit dévisager par les étudiants dans le couloir, et par les professeurs quand il alla chercher son café dans la salle qui leur était réservée. Il était l'un des miraculés de cette prise d'otages et allait devoir supporter ces regards le temps que tout le monde s'habitue à son retour.

Les bleus sur son visage dû au coup de pied de Simon étaient presque partis, mais se devinaient encore. Sa côte cassée n'était plus douloureuse comme elle l'avait été les premiers jours. Quand il toussait, il pouvait encore bien la sentir, mais sinon il l'oubliait. Tout comme il lui arrivait d'oublier ce qui s'était passé deux semaines auparavant. Seulement, être de nouveau dans ces lieux lui remettait toutes ces images en tête. Cela lui faisait se poser encore plus de questions sur Sam. Comment avait-il pu risquer sa vie en le sauvant, pour se foutre de lui quelques jours après ? Une énigme qui le rendait fou à force d'y penser.

L'heure venue, il retrouva son amphithéâtre et se prépara à la vision de Sam entrant dans la salle. Cette pensée fit place au souvenir du premier jour et de son altercation avec lui. Ce jour où il s'était dit qu'il aurait probablement des ennuis avec cet étudiant, il ne s'était finalement pas trompé. Pourtant, il ne put s'empêcher de se rappeler de son regard froid, mais également triste. De ses boucles qui entouraient si bien son visage charismatique. De ses grandes mains qui parcourait sa cuisse, son torse, son corps tout entier. James s'égarait. Il reprit une gorgée de son café et sortit ses fiches pour son cours.

Les premiers étudiants firent leur apparition, bien vite suivit par celle de Peter et Sam. Peter envoya un sourire à James, mais Sam ne lui lança pas un regard et trouva sa place tout en haut des gradins, le plus près possible du mur. Il se serait fondu dans le décor si cela avait été possible. Il ne leva pas la tête une seule fois pendant le cours, et James aurait aimé avoir cette capacité d'ignorance totale, cependant il n'en fut rien.

Il l'observa pendant que les autres étudiants écrivaient, mais il ne put voir que le dessus de son crâne. Et comment dire ? James en était frustré. Oh oui il était toujours en colère, mais son affection pour Sam prit malgré lui le dessus et le rendit triste.

Quand la fin de l'heure sonna, ce fut encore sans un regard que Sam quitta la salle. James s'appliqua comme il le put pour ses cours suivants, mais le cœur n'y était pas.

Au moment du repas, il lui fut difficile de retourner dans cette cafétéria. Le directeur avait fait ce qu'il avait pu pour que le lieu soit changé par sa décoration et son aménagement, espérant ne pas faire remonter de mauvais souvenirs à ceux qui avaient été pris en otage. Malheureusement, le lieu était habité par la peur et la mort. James ne souhaitait pour autant pas manger ailleurs. Il avait ses habitudes ici et ne voulait pas se laisser contrôler par un souvenir. Len eut moins de mal à franchir les portes du réfectoire et à trouver une place pour son ami et lui. Il parla pour deux. Il sentait bien que James n'était pas à l'aise ici et fit tout son possible pour lui changer les idées. Mais à la fin du repas, n'en pouvant plus de le voir ainsi, il espéra que son ami se livre un peu.

Une main sur le cœurWhere stories live. Discover now