Chapitre 28

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Journal de Sam :

Les mois, les années passent, mais rien ne change. Le monde me croit heureux, j'ai appris à sourire. Je vis soit disant mon rêve, je le fais seulement pour eux. Je le fais car c'était devenu celui de mes parents et de ma sœur. Je n'en éprouve pas la joie que je devrais.

Après l'accident, je ne pensais pas pouvoir vivre pire, mais ajoutez-y un homme qui vous brise, et là vous toucherez réellement le fond. Je suis seul. Je pensais aimer ça, c'était faux. Je ne supporte cependant personne très longtemps, mais je supporte encore moins cette solitude profonde. Je ne supporte plus rien.

Je me noie dans le travail pour ne pas penser, pour ne pas craquer. Je vis parfois des nuits de sexe pour me conforter dans l'idée que je ne peux pas être dépendant d'une seule personne. Mais tout ça m'écœure et n'enlève pas ma peine.

Je vois Peter presque tous les jours au travail, mais je le repousse quand il veut que nous sortions manger. Je n'y arrive pas. Même s'il ne le voit plus vraiment, je ne peux pas voir Juliet, car je sais qu'elle, elle est toujours en contact avec lui. C'est son meilleur ami, le contraire serait idiot. Elle m'a dit qu'elle n'était en aucun cas en accord avec ce qu'il avait fait, mais je ne peux pas me rapprocher de lui, même de si peu.

Peter et Juliet sont installés en ville, mais ils descendent quasiment tous les week-ends à Brighton. Moi je n'y vais plus. Len essaie toujours de reprendre contact avec moi, je ne lui réponds pas. Je ne veux pas qu'il tente de me convaincre que l'autre s'en veut, qu'il souffre, ou qu'il vit heureux. Il n'en a pas le droit. Il n'a le droit de rien.

Voilà plus d'un an que je suis parti et cela fait tout autant de temps que je sombre intérieurement. Je n'ai plus repris de drogue, sauf le soir où j'ai appris. Je tiens la promesse que j'ai faite à ma famille, je ne le fais pas pour ce connard.

Je devrais profiter de la vie qui m'est offerte comme me l'avait dit Lily, mais je suis faible. Je suis juste faible. Je vis avec mes cahiers et mes crayons. Le seul moment où je me décharge, est quand je chante. Ce n'est pas un plaisir, c'est un besoin.

J'ai accepté tous les termes de leur contrat et ils pensent que j'aime ce que je fais, mais j'aurais préféré une autre vie. Elle n'est cependant plus imaginable aujourd'hui. Peut-être qu'un jour je tournerai la page. J'avais bien cru cela impossible avant de le rencontrer...

Je me repasse en boucle ce moment où j'ai compris ce qu'il avait fait. Je n'ai pas voulu y croire. Je ne sais pas pourquoi, ce n'était juste pas possible. Mais il y avait cette marque dans son cou. Ce suçon qu'un autre que moi lui avait fait. Oh bien sûr, il s'est excusé, il a même osé pleurer. J'aurais aimé avoir eu la force de le frapper, je n'y suis pas arrivé. Je suis parti car je ne pouvais pas le laisser voir mon cœur se briser. Mon âme se détruire. Il avait allumé une lueur d'espoir en moi, pour finalement la noyer, moi avec. Depuis, je tombe dans ce gouffre sans fin.

Quand j'ai appris qu'il m'avait trompé, j'ai fui loin de lui pour me réfugier ici, à Londres. Je n'ai pas cherché bien loin, quand la maison de disques m'a proposé le contrat, j'ai signé. Voilà aussi ce qui me dégoûte, c'est d'en être arrivé là à cause de lui. Je sais qu'il a envoyé mes compositions à ce label. Mais c'était ma porte de sortie pour ne pas revenir à Brighton.

Je suis allé chercher Peter deux mois plus tard pour lui offrir d'être le guitariste principal dans le groupe qui va m'accompagner sur scène. La date de notre première représentation approche et je ne pense pas être prêt. J'ai toujours imaginé ce jour avec mes parents et Lily au premier rang, et mes amis à leurs côtés. Que me reste-t-il de cela ? Rien. Il était là mon rêve, pas chanter pour l'obscurité. Il y aura bien sûr ces inconnus, mais je ne pourrais pas voir le regard fier d'une personne que j'aime.

Une main sur le cœurWhere stories live. Discover now