I - Chapitre 5 - La procédure

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Alice appliqua quelque onguent sur mes plaies et hématomes. Elle les enroula ensuite dans du tissu pour me faire un pansement et me fit boire une tisane pour calmer la douleur. Je n'étais pas convaincue de l'efficacité de ces remèdes mais bizarrement, je me sentais déjà mieux.

En voyant mon reflet dans le miroir je m'étais rendue compte que j'étais couverte de bleus. Miraculeusement, les yeux n'avaient pas été touchés et je n'avais donc pas de coquart. J'avais tout de même la joue bien violette.

- Le roi veut te présenter à Merlin, c'est la procédure quand on trouve un mortel perdu dans les parages. Mais il n'est pas là pour le moment. Nous allons donc t'attribuer une chambre, tu seras juste à côté de la mienne. Et un garde du corps. Il ne s'agirait pas que tu te perdes de nouveau tu comprends.

- Je n'ai pas besoin d'un...

- Ce n'est pas pour te protéger toi, mais pour nous protéger, nous.

Je la regardai, incrédule, et pouffai.

- Je ne suis pas un danger !

- Pas aux yeux du roi. Et on ne conteste pas les ordres du roi.

Ensuite, Alice me montra la chambre qui serait la mienne pour quelques temps. Une grande et belle chambre au style médiéval. Puis mon « garde du corps ». Un gars à l'air sympathique, un mètre quatre-vingt minimum, portant pour le moment de simples vêtements et une épée accrochée à sa ceinture. Il avait des cheveux blonds courts et des yeux bleus. La cicatrice qu'il avait au visage indiquait que les batailles ne lui étaient pas inconnues.

- Tristan, se présenta-t-il en souriant, tant que tu n'essaies pas de t'échapper, je serai gentil.

- Euh... Heini, répondis-je, ne sachant que faire.

Allait-il vraiment suivre le moindre de mes mouvements ?

**

J'avais le droit de manger avec les gens de la cour, dans la salle du trône.

J'y voyais parfois Alice. Elle n'était pas méchante mais peu loquace, et pas forcément très agréable. De plus, en tant que médecin de la cour, elle devait s'occuper des malades et des blessés qui venaient chaque jour.

Je ne revis pas Anna. Elle était garde forestière et ne venait que rarement au château, lorsqu'elle trouvait quelque chose dans la forêt - comme moi. Je trouvais que c'était une grande responsabilité pour quelqu'un de son âge.

Je passais mes journées à m'ennuyer dans ma chambre. De la même façon que lorsque je me trouvais chez ma mère, Internet et les livres en moins. Mes déplacements étaient restreints par Tristan. Je lui parlais de temps à autre, même si je n'appréciais pas devoir faire mes besoins dans un pot de chambre avec un garde de l'autre côté du paravent.

Ma nouvelle prison était tout de même une cellule de luxe : j'avais un grand lit baldaquin pour moi toute seule ainsi qu'une armoire remplie de vêtements. Les murs étaient parés de tentures et de tableaux, le sol en pierre comptait quelques tapis pour ne pas avoir les pieds froids. Et pour réchauffer la pièce, il y avait également un foyer et un fauteuil devant, ce qui pourrait être un endroit agréable pour y lire un livre... Si j'avais un livre.

Il y avait également un petit bureau ainsi qu'une baignoire dont l'eau était changée tous les jours et le fameux pot de chambre, derrière un paravent.

J'avais fini par me rendre à l'évidence : je n'étais pas dans un rêve.

Un rêve ne durait pas aussi longtemps puisque j'étais ici depuis un mois. Peut-être devenais-je folle ? Mes plaies avaient guéri plutôt rapidement. Je n'avais qu'un pauvre cahier pour occuper mes journées et j'y écrivais tout ce que je voyais. Parfois, j'écoutais les conversations sous ma fenêtre et j'y retranscrivais tout ce que j'avais entendu ou appris sur ce monde étrange.

Poussière de féesWhere stories live. Discover now