I - Chapitre 22 - Réveil

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L'eau emplit mes poumons. Je haïssais cet élément et me voici plongée dedans. Elle était glacée, je ne pouvais retenir mon souffle très longtemps.

Je ne savais pas si je devais aller au fond mais il m'était difficile de le faire. Je ne savais même pas comment étaient les alentours étant donné l'obscurité ambiante.

Les bords glissaient, il y avait de la mousse et peut-être des créatures sous-marines peu ragoûtantes. Il me fallait couler, si le chemin vers le monde des mortels était au fond. Mais si ce n'était qu'un simple puits et que le Miroir nous avait induis en erreur, c'était suicidaire. Je ne savais que faire. Je ne voulais pas mourir bêtement...

Lorsque quelque chose me frôla, quelque chose de piquant, je me mis à paniquer de plus belle.

Je suffoquai et il était impossible de remonter sans aide. Je ne voyais même plus la lumière du jour tant le puits était profond.

Ma tête commença à me tourner violemment, mes poumons à me brûler.

Mon corps s'engourdit peu à peu et je finis par perdre connaissance à cause du froid et de la fatigue.

***

Je me réveillai. Une lumière blanche m'éblouit. Je regardai autour de moi : j'étais dans un lit, une perfusion sur chaque bras et une pince au bout de mon doigt.

J'étais dans un hôpital.

- Elle se réveille, dit quelqu'un.

Une infirmière s'approcha de moi.

- Comment t'appelles-tu ?

- Heini.

Elle sembla faire un signe à sa collègue :

- Elle se souvient.

Elle se tourna à nouveau vers moi :

- Comment te sens-tu ?

- J'ai mal à la tête... que s'est-il passé ?

- Nous t'avons retrouvée dans la forêt, le 22 juin. Cela fait presque deux mois que tu es dans le coma.

Dans le coma ? Avais-je rêvé ?

- Tu as dû subir un gros choc. Mais tes fonctions vitales ne sont pas atteintes. Le médecin a été prévenu de ton réveil, il va arriver.

Elle alluma la télévision puis s'en alla.

Je levai les yeux vers l'appareil : un dessin-animé pour enfants. Voilà bien longtemps que j'avais été éloignée de la technologie.

Elle avait dit que j'avais été dans le coma. Tout cela n'avait été qu'un rêve... Je me disais bien que cela ne pouvait être possible. Le choc m'avait peut-être maintenu dans un sommeil paradoxal très long... Pourtant, je me souvenais très bien des événements, pour un rêve. Cela me troublait.

Sur le lit, une étiquette indiquait mon nom et prénom ainsi que ma date de naissance et ma date d'entrée dans le service.

Une infirmière vint prendre ma tension et me faire une prise de sang. Elle repartit.

Je dus patienter une heure avant que le médecin ne vienne à son tour :

- Mademoiselle Dufresne. Voilà presque deux mois que vous êtes dans le coma.

- Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé.

- La bonne nouvelle c'est que vous semblez vous rétablir rapidement. Nous pensons que vous avez subi un choc psychologique car vous n'aviez que des lésions mineures et l'IRM de votre cerveau ne présentait aucune anomalie. J'ai contacté votre famille. Toutes les analyses semblent correctes.

On me fit une piqûre au ventre afin que mon sang puisse circuler.

Le médecin sortit, me laissant seule avec la télévision.

Ma mère arriva une heure plus tard, vers quatorze heures.

- Heini ! Tu es enfin réveillée !

Elle m'enlaça en prenant bien garde à ne pas arracher les perfusions de mes bras. C'était le premier contact physique que j'avais avec elle depuis ma petite enfance.

Mon père ne put se déplacer. Mais il prit un temps pour m'appeler. Il m'annonça une bonne nouvelle : l'enfant de Charlotte était né et il s'appelait Alexandre.

Le soir, le médecin revint et annonça que je pourrai partir lorsqu'il se sera assuré que je puisse marcher correctement et que mon système digestif fonctionnait. Il était surpris de mon rétablissement rapide - mon père, médecin également, avait fait la remarque. Il disait qu'il avait l'impression que je venais de me réveiller d'une nuit tout à fait normale, et non d'un coma de deux mois, même si je devais faire un peu de rééducation à cause des muscles atrophiés.

J'appris par ma mère que les secours m'avaient retrouvée le 22 juin. Ne me voyant pas rentrer ni répondre au téléphone, elle avait appelé la police. On m'avait retrouvée devant un terrier, un lapin blanc endormi dans mes bras et mon portefeuille dans la main.

Mes affaires avaient été retrouvées plus tôt par les chiens, ce qui avait permis de me localiser. Quant aux blessures qu'ils avaient retrouvé sur mon corps, ma mère avait insisté pour qu'une enquête soit faite et décida de porter plainte contre Mary et ses amis, qui avaient pu être inculpés grâce aux caméras de surveillance.

Je ne comprenais pas mon rêve. En général un rêve est court, incohérent. Ce n'était pas le cas de celui-ci. Il fut très long et tout ce que j'avais ressenti semblait si réel... Pourtant, il était plus logique de penser que ce n'était pas le cas. J'avais simplement rêvé.

***

Nous étions le 3 juillet. Plus d'un an s'était passé après mon réveil dans cet hôpital.

J'avais déménagé à Paris. J'étais à présent loin de l'emprise de ma mère. Cependant j'avais été assez peinée en apprenant que Mary allait également à Paris. Elle n'était pas dans la même université mais elle était venue me voir, une fois, pour s'excuser de manière passive-agressive, comme si on l'avait forcé à venir mais qu'au fond, elle m'en voulait. J'essayai de ne plus y faire attention. Le procès et la grosse amende qu'elle avait eu par la suite - elle aurait pu avoir de la prison mais elle devait avoir un bon avocat - l'avait un peu calmée, bien qu'elle continue de répandre des rumeurs à mon sujet.

J'avais pu rattraper tout le temps perdu. J'avais à présent dix-huit ans, bientôt dix-neuf. Mon existence était assez banale. Je faisais des études, j'avais d'ailleurs validé ma première année.

Je pensais retranscrire mon rêve afin d'en faire un roman. Peut-être gagnerai-je des millions avec cela ? Probablement pas, mais je n'avais pas envie de laisser passer l'occasion de faire quelque chose de ces deux mois de coma et de ce rêve plutôt cohérent. Dans mon rêve, le roi avait dit que des artistes trouvaient l'inspiration ici. Comme si mon songe m'avait de lui-même proposé une solution.

PARTIE 2 À VENIR À PARTIR DU MOIS D'OCTOBRE SUR WATTPAD.

Sortie du livre intégral le 29 septembre aux éditions Lulu.

Poussière de féesWhere stories live. Discover now