Chapitre 17

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Le dimanche à l'heure dite, Regina se dirigea vers la statue représentant une orque en pixels géante dressée sur sa queue qui ornait l'une des terrasses du front de mer de Vancouver. Il faisait gris et brumeux, la vue sur la baie était réduite, et Regina se demandait si elle avait bien fait d'accepter. Cette histoire de désir et d'amusement ne risquait-elle pas d'être le prélude à une catastrophe de type attachement ? Elle aperçut Emma qui était déjà là, appuyée à la rambarde au bout de la terrasse, en train de photographier quelque chose. Enfin, puisqu'elle était venue, autant voir ce que donnerait cette journée. Elle alla retrouver Emma.

― Bonjour, mademoiselle Swan. Qu'est-ce que vous photographiez donc dans toute cette grisaille ?

Emma se tourna vers elle et lui sourit, l'air sincèrement heureux de la voir arriver, ce qui fit apparaître la fossette au creux de sa joue.

― Je croyais qu'on n'en était plus aux « mademoiselle Swan », Regina. Appelez-moi Emma.

Elle lui montra ce qui avait retenu son attention en contrebas de la terrasse.

― Là-bas, vous voyez ce héron ?

― Où ça un héron ? s'impatienta Regina. Je ne vois pas de... Oh.

L'animal, planté aussi droit qu'une girouette sur l'angle du préfabriqué où il était perché, se fondait parfaitement dans le décor avec sa tête et ses ailes gris foncé. Sans Emma pour le lui signaler, elle ne l'aurait pas remarqué.

Emma rangea son appareil photo dans la sacoche qu'elle avait en bandoulière et indiqua à Regina une direction le long des bâtiments du front de mer.

― Par ici.

Elles arrivèrent à la terrasse qui surplombait les pontons où étaient amarrée une flottille d'hydravions.

― Vous n'avez pas peur de l'avion, j'espère ? demanda Emma en ouvrant la porte de la capitainerie où s'effectuait l'enregistrement des passagers.

― Bien sûr que non, répondit Regina en haussant les épaules. Emma, où allons-nous ?

― A Victoria. C'est un vol d'une demi-heure. Nous partons à 9h, le dernier vol de retour est à 17h, mais nous pouvons rentrer plus tôt si vous le souhaitez. Il y a un avion toutes les demi-heures.

― Va pour 17h, acquiesça distraitement Regina que quelque chose d'autre tracassait. J'apprécie votre intention Emma, je n'ai encore jamais eu l'occasion de mettre les pieds à Victoria, mais l'hydravion ne doit pas être donné. Je tiens à payer mon billet.

Emma à son tour haussa les épaules.

― Ne vous en faites pas pour ça. Si j'avais dû payer les billets, j'aurais pris le ferry ! Il se trouve que j'ai fait des photos pour le site de la compagnie d'hydravions il y a quelques semaines, et qu'en échange j'ai obtenu quelques avantages en nature...

Regina trouva le procédé ingénieux. Comme elle n'avait plus d'objections, elles embarquèrent dans l'un des hydravions. A 9h précises, le petit avion prit son élan dans un bourdonnement d'hélices et s'arracha aux eaux du port pour un saut de puce au-dessus du détroit entre Vancouver et la ville côtière de Victoria, à la pointe sud de l'île située juste en face.

La vue avait été peu remarquable pendant le vol, mais à leur arrivée le ciel commençait à se dégager et la température était clémente. En débarquant de l'hydravion, elles se retrouvèrent en plein centre-ville de Victoria, sur un nouveau front de mer cerné par des quais monumentaux et bordé d'imposants bâtiments.

― On pourrait commencer par là, suggéra Emma en indiquant la droite. Il y a une belle balade à faire sur un chemin piétonnier le long de la mer. On reviendrait vers le centre pour manger et visiter la vieille ville cet après-midi.

Le fruit défenduWhere stories live. Discover now