Chapitre 12

7.1K 372 54
                                    

Après ce rêve, ... comment dire, ... des plus perturbant, il est évident que je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Cependant, cela m'a largement laissé le temps de réfléchir. Encore hier matin, j'étais prête à quitter mon emploi pour ne plus voir Elena mais après réflexion, ce serait la chose la plus stupide qu'il me serait donné de faire. Vous imaginez bien que je ne peux pas partir sur un coup de tête et laisser tomber toute l'équipe marketing, ce serait irrespectueux et cela ferait tâche sur mon CV. Donc, faute de plan A, je passe au plan B, c'est à dire faire comme si de rien n'était. Pour faire simple, le baiser entre Elena et moi n'a jamais existé.

C'est donc avec un état d'esprit strictement professionnel que je frappe au bureau de ma supérieure. Comme il est coutume, j'attends qu'elle m'autorise à entrer avant d'ouvrir la porte. Mais une fois à l'intérieur, je suis légèrement déstabilisée par les magnifiques yeux bleus d'Elena qui me regardent d'un air interrogateur. Ce n'est quand même pas ma présence au bureau qui la surprend tant ? Si ?

Je souhaite donc comprendre à travers son regard ce qui l'étonne tant, pour cela, je suis le trajet de ses yeux et je finis bien vite par savoir que ce n'est pas moi l'objet de cette attention mais plutôt la pile de dossier que j'ai sous le bras. Bon, j'avoue que je suis un peu déçue de ne pas retenir son attention plus que ça, mais bon, nous sommes dans un cadre professionnel alors forcément elle s'intéresse d'abord au travail. Je prends donc la parole et lui explique que ce sont les dossiers finaux des derniers projets. Face à mon explication, elle semble d'autant plus étonnée car ces fameux dossiers, je devais les lui remettre la semaine prochaine. Je regarde ma pile de dossier, et d'un rire nerveux, j'ajoute que je n'ai pas beaucoup dormi dernièrement et que donc j'ai largement eu le temps de finir. Passée la phase d'interrogation, Elena paraît maintenant satisfaite de mon efficacité et m'invite à poser la pile sur son bureau, ce que je fais avec soulagement car mon bras commençait à se faire douloureux. Les dossiers posés, je me retrouve face à ma supérieure, seul son bureau nous sépare. Involontairement, je me perds dans ses yeux et n'arrive plus à m'en extraire ; elle est là, assise sur son siège, juste devant moi, à moins d'un mètre, et à cet instant je réalise... je réalise combien elle est belle, mais surtout combien elle fait battre mon cœur. Le tambour dans ma poitrine m'oblige à m'écarter et à faire deux pas en arrière, à ce rythme, j'ai peur qu'elle l'entende. Gênée, j'ai dévié le regard mais je ressens toujours les yeux de ma supérieure posés sur moi, elle m'observe, m'analyse, me décortique dans l'espoir de me comprendre. Mais qu'il y a-t-il à comprendre ? Je ne le sais pas.

N'en pouvant plus, je me racle la gorge, comme pour nous faire sortir -toutes deux- de cette atmosphère étrange. Cela semble fonctionner car Elena se redresse sur sa chaise et me demande si j'ai autre chose à lui donner ou quelque chose à lui demander. Je lui réponds que non, alors elle m'autorise à retourner à mon bureau. Alors, tranquillement, je me retourne et alors que je me dirige-je vers la porte, cette dernière s'ouvre dans un grands fracas.

- Espèce de mauvaise fille ! Trois mois que tu ne m'a pas donné de nouvelles !

Je manque de m'effondrer d'une crise cardiaque lorsque je reconnais ma mère sur le palier. Elle est debout, une main sur la porte qu'elle vient de faire claquer et me traite de tous les noms.

- Maman ! Qu'est-ce que tu fais là ? Et puis, comment t'es arrivée jusqu'ici ?

- Ravie de te voir aussi ma fille, je vais bien, merci ! me reproche-t-elle avec ironie.

- Oui, pardon maman, mais là tu vois, je suis en plein travail. Tu voudrais pas attendre ce soir pour m'engueuler ?

Face à mon ingratitude, ma mère se rapproche de moi et tape sur mon bras comme pour me punir. Je lâche un faux son de douleur pour la faire culpabiliser mais le contraire se passe et elle me dit que ça m'apprendra à traiter ainsi sa mère.

Viens sous mon parapluie.Where stories live. Discover now