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Mes yeux restent scotchés à la voiture de police que toutes les caméras suivent. Plus les minutes passent et plus mon coeur tremble d'excitation.

Soudain le reportage change. Nouveau lieu, nouvelle euphorie.
Une moto noire se gare à côté de l'entrée de l'hôpital, et quand je reconnais la corpulence imposante de William je lache un cri.

—C'est pas vrai !

Il retire son casque, le cale sous ses aisselles, avant de s'empresser de rentrer dans l'enceinte de l'hôpital.
Trente secondes plus tard, le véhicule de police qui transporte Clay et Djibril se stationne au même endroit.

—Je crois qu'on a un problème, s'inquiète Anna.

Je me tourne vers elle pour plonger mes yeux affolés dans les siens.

—Dis-moi que c'est pas vrai, Anna. Dis-moi qu'ils ne sont pas là tous les deux en même temps dans cet hôpital pour me retrouver ?

Ses yeux restent interloqués.

—Qu'est-ce que je fais ? je lance paniquée.

—Tu vas voir Clay, idiote ! Allez !

—T'as raison.

Je jette un coup d'œil à ma robe qui ne ressemble plus à rien. À mes tongs crasseuses, je suis à deux doigts de pleurer.

—Va le rejoindre, Beth ! s'affole Anna. William va lui tomber dessus !

—Oui oui, une seconde.

Je jette un dernier regard à mon père qui dort encore paisiblement avec ma tortue sur son ventre.

Anna ouvre violemment la porte, empoigne mon coude et me pousse à courir avec elle.

—Mais qu'est-ce que je vais lui dire ? je demande le souffle court. Il va croire que je me suis remise avec William !

—Je sais pas moi. Improvise !

Quand on pénètre dans l'ascenseur, ma meilleure amie se jette sur moi pour me recoiffer. Une petite grimace au coin de la bouche, elle salive le bout de ses doigts pour me nettoyer le visage.

—Je suis affreuse !

—Mais non ! tente-t-elle de me rassurer. Ce William est vraiment un gros con !

J'éclate d'un rire nerveux, en hochant la tête.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et un grand silence nous submerge. On était tellement habituées à l'euphorie des journalistes à la télévision, qu'on a oublié la quiétude de cet endroit.

Anna attrape de nouveau mon coude pour me tirer vers le hall. Plus on approche et plus je redoute de découvrir la personne devant moi.

Sur qui je vais tomber en premier ? Clay ou William ?

Je me penche pour enlever mes tongs, et une fois en main je relève la tête et tombe sur un corps voûté, dont la tête est caché par une veste.
Voir Clay exactement comme à la télévision me fait stopper net. C'est étrange et déstabilisant.

Mais ma stupéfaction ne dure que deux secondes. Je ne sais pas comment mais deux mètres derrière lui, William le suit les traits sombres, la démarche enragée.

Clay se débarrasse de sa veste et nos yeux se croisent.
Mon cœur marque un temps d'arrêt.
La souffrance qui habite son regard est indescriptible. Elle est si profonde, si intense, que je ne réfléchis pas et court pour sauter dans ses bras.

—Beth, souffle-t-il de manière éprouvée.

—Je suis là, Clay. Je suis avec toi et toi seul.

Je sens qu'il lutte pour me porter contre lui, ses bras paraissent si faibles, mais la sensation de soulagement qui m'enveloppe est magique.
Il plonge sa tête dans mon cou, et sentir son nez au contact de ma peau parvient à m'apaiser pour la première fois en 24h.

—Relâche-la ! s'emporte William à côté de nous. C'est un ordre !

Clay se crispe, sa respiration devient plus forte.

—Je m'en occupe, je murmure à Clay. Je vais lui dire ses quatre vérités en face, il va voir.

Je sens son sourire dans mon cou, ses pouces tracent des petits cercles dans mon dos.

—Laisse-le galérer encore un peu.

Sa voix est à peine audible, épuisée, pourtant je le sens revenir à la vie.

—Bébé c'est un assassin, s'époumone William en s'agitant à côté de nous. Tu réalises ce que tu risques ?

Je noue mes bras encore plus fort autour du cou de Clay. Sa tête est toujours nichée au creux de ma nuque.
Ma bouche trouve son oreille :

—Ça tient toujours ton invitation dans ta chambre ?

Clay éclate de rire, un vrai rire, pur et merveilleux qui me fait frissonner jusqu'aux orteils. Il m'attrape par les hanches pour me faire redescendre, je fais la moue. J'étais si bien blottie dans ses bras.
Ses mains encadrent mes joues, ses yeux profondément marrons s'ancrent dans les miens.

—Je dois t'embrasser.

Mon cœur tombe sous le charme de sa voix rauque et affreusement sexy.

Intimidée par son regard envoûtant, je lui souris pour lui donner mon feu vert.
Je sens les yeux haineux de William sur nous, je sens toute sa rage que je ne lui adresse même pas un regard, mais je m'en moque. Je reste concentrée sur les lèvres de mon séducteur qui sursurre :

—Je t'aime Elisabeth Blake.

J'ébauche un grand sourire, avant de sauter dans ses bras pour coller ma bouche à la sienne.
Il émet un petit rire soulagé, avant de prendre fermement possession de mes lèvres pour m'embrasser. Dès que nos langues se mêlent, on entend William hurler sa rage dans tout le hall.

Djibril intervient d'un mouvement vif, et semble le pousser en arrière pour nous laisser en paix.

—Il se pourrait bien que je te respire aussi, j'avoue entre deux baisers à l'homme qui s'est tant battu pour conquérir mon coeur.

Un grognement satisfait vibre dans son torse. En me serrant plus fort dans ses bras, il me cale contre un mur pour approfondir notre lien buccal.

—Laisse-moi aller voir ma tante et après je t'emmène chez moi.

Je l'embrasse avec plus de fougue, plus de force, pour lui montrer mon approbation, mais soudain il se raidit et cesse de jouer avec ma langue. Doucement, il me repose sur le sol, son front se joint au mien. Sa respiration redevient difficile, lourde et saccadée.

Alors que j'entends Djibril s'énerver avec William derrière nous, je réalise ce qui tourmente Clay.

—On ira chez moi.

Ma voix est douce pour le réconforter. Je veux qu'il comprenne que je serais présente avec lui dans cette épreuve, que je ne vais pas le laisser tomber.
Il hoche la tête les paupières fermées, avant de murmurer de nouveau d'un timbre fragile qu'il est temps d'y aller.

—Ne fait pas ça Beth ! gronde William lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Il va te tuer comme tous les autres !

Black stars (Terminé)Where stories live. Discover now