Pas moi sans toi

Partie 1

Intro

* Londres - Gare St Pancras Internationale - 19h50*

En ce mois de décembre, la gare fourmille de monde. Des gens pressés, des touristes émerveillés, des familles, des couples, des amis, des personnes seules... et puis elle, Léa Stanfield cherchant à se fondre dans la foule.

L'Eurostar part dans 10 minutes, il faut qu'elle monte à bord en toute discrétion. Pour ne pas se faire repérer elle compte sur son sweat dont la capuche recouvre une casquette bien enfoncée sur sa tête. Tous deux son siglés SZR.
Trainant une valise faite à la va-vite et serrant contre elle son cabas faisant office de sac à main elle ressemble à une fugitive. Que fuit-elle?

*Paris - Quais de Seine - 19h50*

En ce mois de décembre, la ville fourmille de monde. Des gens préssés, des touristes émerveillés, des familles, des couples, des amis, des personnes seules... et puis lui, Ken Samaras cherchant l'inspiration.
Il est attendus et pourtant il prend tout son temps déambulant en toute discrétion. Pour ne pas se faire repérer il compte sur son sweat dont la capuche recouvre une casquette bien enfoncée sur sa tête. Tous deux siglés L.S.D.
Un carnet dans la poche voilà bien longtemps qu'il ne l'a plus ouvert. Il ressemble à une âme perdue. Comment retrouvera-t-il son chemin?

*Paris - Appartement d'Irène*

Point de vu d'Irène

Nerveusement je pose les verres sur la table basse avant de me rassoir aux côtés d'Hakim. Après des année à l'admirer en secret, j'ai laissé la vie agir. Et l'incroyable est devenu vrai: nous nous sommes finalement rapprochés. A présent, voilà des mois que nous nous tournons autour sans vraiment oser ni lui ni moi tenter la moindre approche. J'ai donc finalement pris mon courage à deux mains et j'ai réussi à lui proposer de passer cette soirée avec moi. Evidemment j'ai bien remarqué la surprise et l'hésitation dans son regard. J'ai même cru qu'il allait décliner la proposition sous un prétexte bidon. Mais contre toute attente, il a hoché la tête et m'a simplement dit « Tu me diras pour l'heure. ». Hakim n'est pas des plus bavards. Il n'est pas du genre à partager ses émotions que ce soit avec des mots ou même en langage corporel. Il faut le connaître pour comprendre la signification d'un froncement de sourcil. 

Studio oblige et ne voulant pas trop raconter aux gars où il est ce soir, Il est arrivé il y a à peine 10 minutes et moi qui pensais que ma nervosité s'estomperait une fois qu'il serait là, je me suis bien plantée. Il est 22h34 et j'ai l'impression d'être une collégienne à son premier rencard. Mon cœur bat beaucoup trop vite, mes gestes sont maladroits et mon rire... ridicule. Cette soirée que j'espérais parfaite s'annonce beaucoup plus laborieuse. Prions pour qu'elle ne devienne pas catastrophique.

D'un hochement de tête il me remercie et saisi son verre de vin. En silence je fais de même. Pas une parole, pas un bruit, le silence devient pesant. Après sa première gorgée, il a l'expression d'une personne qui apprécie, puis il repose son verre et se renfonce dans le canapé. Moi je me fais toute petite et décide à mon tour de gouter au breuvage. J'ai bien faillit m'étouffer quand j'ai senti son bras se glisser derrière moi sur le dossier du canapé. Il manquerait plus que je me renverse le vin rouge dessus. J'essais de me reprendre pour ne pas trop me ridiculiser, même si je suis certaine qu'il a remarqué.

Du coin de l'oeil je peux voir un sourire moqueur se former au bord de ses lèvres. J'éclate de rire. Vous connaissez ce moment où vous vous dîtes que foutu pour foutu autant laisser tomber les masques  et la jouer franc jeu?

- Bon d'accord j'avoue, je suis super stressée, tu m'intimides trop. T'es content?
- Je ne vois pas pourquoi? C'est pas comme si on délirait ensemble depuis genre... des mois.

Tout en disant cette phrase il se rapproche de moi. Je sens le rouge me monter aux joues.

- Je sais pas... c'est... différent?

J'hésite avant de finir ma phrase et lui lance un regard en même temps. Je regrette aussitôt quand il retire son bras de derrière moi et se redresse s'éloignant légèrement.

- Ouai... fin... on discute quoi. 

Et voilà comment briser le charme en 2 secondes. Bien joué Iréne. Bon, pas le choix je dois me faire violence pour détendre l'atmosphère sinon cette soirée sera une grosse calamité et je pourrais dire adieu a notre complicité naissante.

-  T'as raison. Bon alors c'est quoi vos projets du moments?
- J'sais pas trop. Avec Fram' on a taffé quelques sons, mais c'est chaud en s'moment. On est plus dans la gestion du label et de Ken que dans la créa... Putain quand j'm'entend parler j'me rend compte à quel point c'est chaud en vrai. 
- Et oui, pas évident d'être artiste quand on est pris par la vie quotidienne.
- Ouai. Tu vois avant on avait rien de sérieux à gérer et on vivait des trucs de ouf, du coup on avait plein d'inspiration. Là, c'est pas qu'on est devenu pépère, mais bon on a grandit ou vieillit comme tu veux, perso j'me sent plus trop dans le délire égo trip à m'la raconter, c'est plus trop crédible non plus, même si j'avoue parfois un bon délire ça fait du bien, mais pour un vrai son plus posé j'ai du mal. Je suis pas comme Ken, raconter ma vie, me confier tout ça c'est pas trop mon truc alors l'exposer à tout le monde encore moins. Du coup, je sais pas, peut être que c'est la fin pour moi.

Je crois que la glace est brisée et on poursuit notre discussion sans revenir au sujet « Nous ». Notre complicité revient doucement . Petit à petit, on se détend. Des petits gestes anodins se glissent dans nos éclats de rire. Je me sens bien avec lui. Mais aucun de nous deux n'est prêt à réfléchir à propos de notre « relation ». 

Alors qu'Hakim était en train d'entamer une nouvelle bouteille quelqu'un sonne à la porte. Soudain je me sent prise en faute. Et si c'était Ken? Ou un autre des gars? J'essais de maitriser mon stresse en allant ouvrir et mon cerveau bouillonne pour trouver une explication plausible à la présence de Mekra...

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Et voilà pour cette première partie... j'espère que cette entrée en matière vous plaira...