✧ Chapitre 5

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Un long silence s'installe, non pas gênant, mais pesant.

Nous sommes tous là, en rond, autour de Monty et de sa casserole. Nous attendons que quelqu'un ait le courage de se lancer ou au moins réagisse, en vain. C'est compréhensible, qui voudrait mourir d'une simple intoxication alimentaire après avoir survécu à la fin du monde.

J'examine mes amis un à un mais aucun n'ose relever la tête. Ils se contentent de fixer ce magnifique sol grisâtre.

Je prends une décision, peut-être risquée mais ce n'est pas ce qui m'empêche d'avancer vers Monty. Comme toujours mon cœur prend le dessus et me pousse à faire ce que je fais à chaque fois ; aider les autres.

- Il faut bien que quelqu'un le fasse, soufflais-je d'un ton sûr de moi, ce qui est totalement le contraire de mon ressenti en ce moment même.

C'est fou, j'ai beau donner des conseils à Bellamy sur le fait de ne pas prendre des décisions avec uniquement son cœur, je fais complétement l'inverse.

Mon cœur bat plus vite lorsque j'attrape une algue encore tiède dans le récipient que tient Monty dans ses mains. Il m'affiche un regard inquiet mais j'essaye de ne pas y penser.

Je relève les yeux vers les autres et déglutis difficilement.

Clairement, c'est ridicule de craindre une simple algue qui pourtant peut engendrer beaucoup de chose. Il faut que je me convainque que c'est pour sauver mes amis, ma famille. Comme je l'ai toujours fait.

Je prends une grande inspiration avant de rapprocher la nourriture de ma bouche. Je m'apprête à croquer à pleines dents dedans mais une personne vient m'arracher des mains l'algue pour la lancer par terre.

Je tourne la tête vers l'individu en question : Bellamy.

Je me tourne vers lui, le regard interrogatif. Personne n'est capable de le faire, si aucun ne se désigne, nous mourrons tous de faim.

- Je pense que tu t'es assez sacrifiée comme ça ces derniers temps, m'interpelle-t-il d'un ton glacial.

Je le regarde à mon tour froidement. Pourquoi n'arrive-t-il pas à comprendre que quelqu'un va bien être obligé de le faire ? Qu'est-ce que ça change que ce soit moi ou un autre ?

- Vous êtes vraiment des petites natures, commence Murphy.

C'est alors à son tour de s'approcher de la casserole. Je recule par réflexe pour lui laisser la place, inconsciemment.

Il emprunte une algue et l'observe avec un air dégouté avant de tous nous regarder, l'aliment toujours tenu du bout de ses doigts.

- Dis donc, vous bousculez surtout pas pour m'en empêcher comme Bellamy l'a fait pour Clarke hein, commente-t-il ironiquement.

Emori s'apprête à protester face à ce qu'il s'apprête à faire en faisant quelques pas vers lui, mais c'est trop tard. Murphy a déjà gober l'entièreté de l'algue.

Nous sommes tous ahuri mais tout simplement impuissant dans une situation comme celle-ci. Nous l'observons mâcher, bouchée par bouchée.

Une fois que Murphy ait avalé les derniers restes, il tourne sur lui-même et lève les bras en l'air, histoire de dire « Vous voyez ? Je suis encore en vie ! »

Certains soupirent et sourient, soulagés, à l'inverse de moi, qui ne fête pas victoire trop tôt. Je sais très bien que la plupart des effets de la toxine ne sont pas immédiats, il faut plusieurs minutes voir même des heures parfois.

Et évidemment, je commence à légèrement paniquer quand Murphy se met à basculer de gauche à droite. Plusieurs se retournent et le voient tituber.

Ils ne réagissent pas tout de suite, pensant que cela correspond encore à une de ses blagues foireuses, tout comme moi d'ailleurs.

Mais lorsque Murphy tombe brusquement à terre, nous nous rendons compte de la gravité de la situation.

J'accours vers lui à la seconde où son crâne frappe violemment le sol. Tout le monde me suit et se précipite à ses pieds, alerté par le bruit de sa chute.

Je rattrape vite un vieux réflexe ; je lui prends le pouls. Il est faible mais il est bien là.

Mon cerveau se déclenche et tout les informations vont très vite dans ma tête.

- On va le déplacer jusqu'à l'infirmerie, paniquais-je, t'as bien dis Monty qu'il y'en avait une vers la salle de contrôle ? continuais-je en priant pour qu'il me réponde qu'il y'en a bien une.

Il acquiesce d'un vif hochement de tête.

- On va le soulever à trois, ordonnais-je à Bellamy et Monty. Un, deux ... trois !

Les deux garçons le tiennent par les épaules tandis que j'aide en lui soulevant les jambes.

Avant de quitter la pièce, j'aperçois Raven tenter de rassurer Emori qui est dans un état de panique total, la main devant la bouche.

Je prends conscience de quelque chose à ce moment là ...

Si Bellamy ne m'aurait pas arrêtée, cela aurait été moi à la place de Murphy ...

In The Space • The 100 • Bellarke EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant